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Le beau est-il un plaisir désintéressé ?

Publié le 22/02/2012

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Nous jugeons belles les oeuvres humaines quand elles suscitent en nous du plaisir par leurs seules formes. Ce qui est beau, selon Kant, n'est pas ce qui nous est agréable sur le seul plan de nos sensations. Pour cette raison, un vin ne peut pas être beau. Le peintre Poussin écrit que la fin de la peinture est la délectation. Ce terme exclut tout autre motif que l'impression produite par le jeu des formes et des couleurs. Il évoque un plaisir raffiné, accessible seulement à un amateur cultivé et éclairé, qui s'adonne avec une attention active à l'inspection d'une oeuvre, et qui s'expose, pour ainsi dire, à elle, se projette sur elle, échange avec elle, à l'opposé de la satisfaction immédiate et gloutonne d'un désir sensuel. Le caractère désintéressé du plaisir suscité en nous par le beau serait donc le signe distinctif de l'oeuvre d'art. Alors que le désir vise à satisfaire nos sens en consommant l'objet réel, l'art vise, selon Hegel, à satisfaire l'esprit dans ce qu'il a de rationnel, d'abstrait, et donc d'universel, en laissant intact l'objet représenté. Le plaisir esthétique suscité par la représentation d'un objet, d'un paysage, d'une personne, d'une émotion, ou même d'une idée, est indépendant du désir envers ce qui nous est présenté évoqué. Il est, selon Hegel, le plaisir que prend l'esprit à se voir sous une forme sensible. Étant indépendant de ce qui est agréable à chacun. par son contenu sensible, le beau est donc universel. Le beau n'est pas ce qui plaît à tous, mais ce qui mérite de plaire à tous les hommes. De là, on a pu conclure que le beau ne devait surtout rien évoquer : ni le bien moral, ni le vrai, ni les sentiments de l'homme, ni la réalité extérieure.

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