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Beckett, En attendant Godot (extrait).

Publié le 07/05/2013

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Beckett, En attendant Godot (extrait). C'est la fin d'En attendant Godot ; l'obscurité tombe sur le couple de clochards, Estragon et Vladimir, qui n'en finissent pourtant pas d'attendre, sur une route de campagne, auprès d'un arbre dont les feuilles ont bien voulu pousser. On peut dire qu'on est en bout de course, là où les actes ne s'accordent plus aux mots. Godot ne vient pas. L'impossibilité d'échapper à cette espérance toujours déçue ne semble pas tirer à conséquence, même lorsque l'attente trouve son issue dans le suicide comme tragique clownerie finale. En attendant Godot de Samuel Beckett (acte II) Silence. Le soleil se couche, la lune se lève. Vladimir reste immobile. Estragon se réveille, se déchausse, se lève, les chaussures à la main, les dépose devant la rampe, va vers Vladimir, le regarde. ESTRAGON. -- Qu'est-ce que tu as ? VLADIMIR. -- Je n'ai rien. ESTRAGON. -- Moi je m'en vais. VLADIMIR. -- Moi aussi. Silence. ESTRAGON. -- Il y avait longtemps que je dormais ? VLADIMIR. -- Je ne sais pas. Silence. ESTRAGON. -- Où irons-nous ? VLADIMIR. -- Pas loin. ESTRAGON. -- Si si, allons-nous-en loin d'ici ! VLADIMIR. -- On ne peut pas. ESTRAGON. -- Pourquoi ? VLADIMIR. -- Il faut revenir demain. ESTRAGON. -- Pour quoi faire ? VLADIMIR. -- Attendre Godot. ESTRAGON. -- C'est vrai. (Un temps.) Il n'est pas venu ? VLADIMIR. -- Non. ESTRAGON. -- Et maintenant il est trop tard. VLADIMIR. -- Oui, c'est la nuit. ESTRAGON. -- Et si on le laissait tomber ? (Un temps.) Si on le laissait tomber ? VLADIMIR. -- Il nous punirait. (Silence. Il regarde l'arbre.) Seul l'arbre vit. ESTRAGON, regardant l'arbre. -- Qu'est-ce que c'est ? VLADIMIR. -- C'est l'arbre. ESTRAGON. -- Non, mais quel genre ? VLADIMIR. -- Je ne sais pas. Un saule. ESTRAGON. -- Viens voir. (Il entraîne Vladimir vers l'arbre. Ils s'immobilisent devant. Silence.) Et si on se pendait ? VLADIMIR. -- Avec quoi ? ESTRAGON. -- Tu n'as pas un bout de corde ? VLADIMIR. -- Non. ESTRAGON. -- Alors on ne peut pas. VLADIMIR. -- Allons-nous-en. ESTRAGON. -- Attends, il y a ma ceinture. VLADIMIR. -- C'est trop court. ESTRAGON. -- Tu tireras sur mes jambes. VLADIMIR. -- Et qui tirera sur les miennes. ESTRAGON. -- C'est vrai. ESTRAGON. -- Fais voir quand même. (Estragon dénoue la corde qui maintient son pantalon. Celui-ci, beaucoup trop large, lui tombe autour des chevilles. Ils regardent la corde.) À la rigueur ça pourrait aller. Mais est-elle solide ? ESTRAGON. -- On va voir. Tiens. Ils prennent chacun un bout de la corde et tirent. La corde se casse. Ils manquent de tomber. VLADIMIR. -- Elle ne vaut rien. Silence. ESTRAGON. -- Tu dis qu'il faut revenir demain ? VLADIMIR. -- Oui. ESTRAGON. -- Alors on apportera une bonne corde. VLADIMIR. -- C'est ça. Silence. ESTRAGON. -- Didi. VLADIMIR. -- Oui. ESTRAGON. -- Je ne peux plus continuer comme ça. VLADIMIR. -- On dit ça. ESTRAGON. -- Si on se quittait ? Ça irait peut-être mieux. VLADIMIR. -- On se pendra demain. (Un temps.) À moins que Godot ne vienne. ESTRAGON. -- Et s'il vient ? VLADIMIR. -- Nous serons sauvés. Vladimir enlève son chapeau -- celui de Lucky -- regarde dedans, y passe la main, le secoue, le remet. ESTRAGON. -- Alors, on y va ? VLADIMIR. -- Relève ton pantalon. ESTRAGON. -- Comment ? VLADIMIR. -- Relève ton pantalon. ESTRAGON. -- Que j'enlève mon pantalon ? VLADIMIR. -- RE -- lève ton pantalon. ESTRAGON. -- C'est vrai. Il relève son pantalon. Silence. VLADIMIR. -- Alors, on y va ? ESTRAGON. -- Allons-y. Ils ne bougent pas. Source : Beckett (Samuel), En attendant Godot, Paris, Éditions de Minuit, 1952. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
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« ESTRAGON , regardant l'arbre. — Qu'est-ce que c'est ? VLADIMIR .

— C’est l’arbre. ESTRAGON .

— Non, mais quel genre ? VLADIMIR .

— Je ne sais pas.

Un saule. ESTRAGON .

— Viens voir.

(Il entraîne Vladimir vers l'arbre.

Ils s'immobilisent devant.

Silence.) Et si on se pendait ? VLADIMIR .

— Avec quoi ? ESTRAGON .

— Tu n’as pas un bout de corde ? VLADIMIR .

— Non. ESTRAGON .

— Alors on ne peut pas. VLADIMIR .

— Allons-nous-en. ESTRAGON .

— Attends, il y a ma ceinture. VLADIMIR .

— C’est trop court. ESTRAGON .

— Tu tireras sur mes jambes. VLADIMIR .

— Et qui tirera sur les miennes. ESTRAGON .

— C’est vrai. ESTRAGON.

— Fais voir quand même.

(Estragon dénoue la corde qui maintient son pantalon.

Celui-ci, beaucoup trop large, lui tombe autour des chevilles.

Ils regardent la corde.) À la rigueur ça pourrait aller.

Mais est-elle solide ? ESTRAGON .

— On va voir.

Tiens. Ils prennent chacun un bout de la corde et tirent.

La corde se casse.

Ils manquent de tomber. VLADIMIR .

— Elle ne vaut rien. Silence. ESTRAGON .

— Tu dis qu'il faut revenir demain ? VLADIMIR .

— Oui. ESTRAGON .

— Alors on apportera une bonne corde. VLADIMIR .

— C’est ça. Silence. ESTRAGON .

— Didi. VLADIMIR .

— Oui. ESTRAGON .

— Je ne peux plus continuer comme ça.. »

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