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Bel Ami, un roman naturaliste

Publié le 22/05/2012

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Bel Ami s’inscrit dans la lignée des romans naturalistes de son époque. Il répond aussi aux critères exposés par Goncourt dans sa préface à Chérie, dans laquelle l’auteur préconise un naturalisme des milieux aisés, tandis que le naturalisme tel que l’a défini Zola prétend appliquer à l’étude des comportements humains la méthode des sciences expérimentales. L’intérêt de ce dernier est surtout orienté vers les milieux populaires et les bas-fonds de la société.

Naturalisme et réalisme sont indissociables dans l’oeuvre de Maupassant. Ces deux courants artistiques sont une réaction au romantisme qui mettait essentiellement l’accent sur la place des sentiments et l’exaltation du « moi ». L’écrivain réaliste parcourt le monde de son regard critique, rien ne lui échappe, il est à l’affût du moindre détail. Stendhal et Balzac en ont ouvert la voie ; Zola l’exploitera différemment, de façon plus sombre encore.

La description de Duroy qui est faite au début correspond à une caractéristique de l’écriture réaliste. Un personnage à l’allure fière déambule le long des rues de Paris dans l’espoir de faire une rencontre. L’image qu’il renvoie définit un personnage correspondant à la population parisienne qui ne vit que de profits et de plaisirs représentés par des lieux précis et réels. Bel ami s’inscrit dans l’esthétique naturaliste dans la mesure où Duroy l’arriviste réussit à atteindre son but dans un milieu qui lui est propice, c’est-à-dire celui de la presse. Le personnage évoluera et sera analysé dans un monde où l’argent est facteur de pouvoir.

Duroy évolue dans un journal à la fin du XIXe siècle, un lieu où l’argent est source d’envie et de jalousie tout comme la société à laquelle il appartient. Les différentes classes sociales sont précisées ; la rue ou les bas-fonds et les Folies Bergère ; le monde des employés, des bureaucrates qui s’apparentent à des fonctionnaires timorés, un monde que Maupassant connaît parfaitement, le monde de la presse et celui des salons. Maupassant a voulu observer ces différentes classes représentatives de la société française de son époque, c’est ainsi qu’il a pu livrer

une description naturaliste caractéristique de son temps.

Cependant, Bel Ami n’est pas seulement un roman épousant l’idéologie naturaliste, il peut aussi être qualifié, tout comme Une vie, Le Père Goriot ou L’Education sentimentale, de roman d’apprentissage ; le Bildungsroman.

On appelle Bildungsroman tout roman d’apprentissage, de formation, voire d’éducation. Cette idée naît de la critique allemande pour qualifier un récit à caractère pédagogique. Le Bildungsroman est depuis la fin du XVIIIe siècle identifié au roman de Goethe, Les Années d’apprentissage de Wilhem Meister (1777-1796). Ce nouveau genre doit impérativement, selon la définition qu’en donne Hegel dans Esthétique, créer une fusion entre le personnage et le monde matériel dans lequel il vit. Nombre de critères différents les uns

des autres définissent le roman d’apprentissage. Ce qu’il y a de commun, c’est la volonté de l’auteur de construire le parcours d’un être enfermé au départ dans ses illusions et de montrer ainsi, tout comme certains personnages balzaciens, la réussite d’un être médiocre. Au XIXe siècle, les romans mettent plus volontiers l’accent sur la formation des jeunes hommes, formation éducative, sentimentale et sociale. Par ailleurs, l’apprentissage de la vie des femmes se fait plus discret. Leur formation va surtout être définie

en fonction du mariage, étape incontournable de la vie d’une femme au XIXe. C’est donc par le mariage et souvent par l’adultère que se dessine leur évolution.

Bel Ami et Une vie s’inscrivent donc dans l’optique du Bildungsroman et du roman naturaliste puisqu’ils peignent l’évolution d’un être aux limites de la misère, analysé à travers son comportement et dans le milieu social qu’il occupe, ici celui du journalisme véreux.

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