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belge, littérature.

Publié le 06/05/2013

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belge, littérature. 1 PRÉSENTATION belge, littérature, ensemble des oeuvres littéraires produites en langue française ou flamande par des auteurs de nationalité et de culture belges. 2 LITTÉRATURE D'EXPRESSION FRANÇAISE Marquée par son identité linguistique avec la littérature française et par la proximité géographique de la France, la littérature belge n'en possède pas moins, surtout après l'avènement du royaume de Belgique (1830), une spécificité qui s'est exprimée avec plus ou moins de force et de netteté au cours de son histoire. On peut d'ailleurs noter à ce propos qu'il existe une littérature en français même en Flandre, c'est-à-dire que sa production ne se limite pas aux territoires belges de langue française. 2.1 Littérature médiévale L'espace médiéval est un espace formé de principautés indépendantes, comme le comté de Toulouse, le comté de Champagne, le duché de Bourgogne, les possessions de la dynastie des Plantagenêts ou le comté de Flandre. L'espace linguistique, lui, se compose de trois grands ensembles : le latin, langue des savants et des clercs, la langue d'oc, parlée dans le sud de la France, et la langue d'oïl, ancêtre du français, dans le nord ( voir Ancien français). Le Hainaut, la province de Liège et celle de Namur écrivent et lisent en français dès le Moyen Âge, à l'instar du comté de Flandre et de la cour des ducs de Brabant. Durant cette période, il est donc peu pertinent de distinguer la production du nord de la France de celle de la Belgique, et cela jusqu'au XVIe siècle. Un certain nombre d'auteurs appartenant à la culture française du Moyen Âge sont en effet originaires du territoire de l'actuelle Belgique, comme le chroniqueur Froissart, ou comme l'auteur de la chantefable d'Aucassin et Nicolette, l'un des chefs-d'oeuvre de la narration médiévale (fin Jusqu'à la fin du XIIIe XIIe-début du XIIIe siècle). siècle, la littérature des régions aujourd'hui belges se partage en deux grands courants : la littérature religieuse, d'une part, et la littérature épique ou courtoise, d'autre part. Dès le poèmes d'inspiration religieuse, parmi lesquels la Cantilène de sainte Eulalie (881) et la fameuse Vie de saint Alexis (XIe IXe siècle, la Wallonie produit ses premiers siècle), qui font partie des premiers textes de langue romane. La littérature ecclésiastique, abondante au XIIIe siècle, s'épanouit surtout dans la principauté ecclésiastique de Liège. Le Poème moral, célèbre interprétation du Jugement dernier et de l'Enfer, paraît vers 1200 dans cette région, et c'est à la même époque que sont composés les premiers textes sur les croisades. Le principal représentant du roman de chevalerie est Adenet le Roi, qui réside à la cour du duc de Brabant, compose en français des poèmes épiques très prisés tels que les Enfances Ogier et li Roumans de Berthe aus grans piés, ainsi qu'un long roman d'aventures, Cléomadès (voir chanson de geste). À côté de cette littérature se diffusent des chansons courtoises, comme celles de Gontier de Soignies. Aux XVe et XVIe siècles apparaît un genre nouveau, la chronique, genre historique traitant de thèmes essentiellement guerriers. Les représentants majeurs en sont Jacques de Hemricourt, Jean le Bel (1290-1370) auteur des Vraies Chroniques, et, plus tard, le poète wallon Jean d'Outremeuse (1338-1400) qui compose, en plus de cinquante mille vers, une Geste de Liège et un Miroir historial en prose. Mais, parmi les grands chroniqueurs du temps, le plus célèbre demeure Jean Froissart, poète de la cour de Philippine de Hainaut et disciple de Jean le Bel. Dans ses Chroniques, rédigées à partir du début des années 1370, il fait oeuvre de témoin plus que d'historien, évoquant avec une grande vérité les batailles auxquelles il a assisté ou participé et dépeignant avec un puissant sens dramatique la violence des coups portés et le fracas des armures. Il fait ainsi revivre la société chevaleresque, avec ses fêtes courtoises, raffinées, et ses luttes barbares. Le récit arthurien Méliador, riche de quelque trente mille vers, est sans doute sa meilleure oeuvre. Au siècle suivant, le genre de la chronique perdure avec notamment un auteur d'origine flamande, Philippe de Commynes. 2.2 Le XVIe L'humanisme européen siècle belge est particulièrement fécond dans le domaine des lettres. Sous l'influence d'Érasme, Louvain fonde le Collège des trois langues (1518), cependant que l'imprimerie, en se développant, rend plus facile et plus rapide la diffusion de l'humanisme. Jean Lemaire de Belges, chroniqueur et poète, est un des représentants les plus illustres de cet humanisme naissant. Successivement au service du duc de Bourbon, puis de Louis de Luxembourg, et enfin de Marguerite d'Autriche, duchesse de Savoie, à la cour de laquelle il se fixe, il pratique une poésie allégorique (le Temple d'honneur et de vertu, 1503 ; la Plainte du Désiré, 1504 ; Traité de la Concorde des deux langues, 1513). On lui doit aussi des oeuvres en prose, en particulier les Illustrations de Gaule et singularités de Troie (1509-1513). D'autres poètes, comme Charles de Utenhove (1536-1600), Louis Des Masures (1515-1574) et Alexandre Van den Bussche (1535-1589), s'incrivent dans la mouvance poétique de la Pléiade. Comme la France tout entière, les régions du Nord sont secouées par les luttes religieuses du XVIe siècle (voir guerres de Religion) qui engendrent naturellement une importante littérature polémique. C'est dans cette veine que s'inscrit Philippe de Marnix (1540-1598), seigneur de Sainte-Aldegonde, qui se distingue par l'ironie féroce de son oeuvre, notamment dans son Tableau des différends de la religion (1599), satire du catholicisme dont la truculence et la verve font penser à Rabelais. 2.3 À l'ombre des Lumières Après la formidable vivacité de la pensée humaniste et des lettres belges au desquelles elle demeure jusqu'à la fin du XVIIIe XVIe siècle, les XVIIe et XVIIIe siècles font figure de parents pauvres. La production belge s'efface durant toute cette période au profit des lettres françaises, dans l'ombre siècle. Un nom, cependant, est à retenir, celui du prince Charles Joseph de Ligne, esprit cosmopolite et brillant, assez proche par sa vivacité de Voltaire, et qui compose, sous le titre de Mélanges militaires, littéraires et sentimentaires (1794-1811), des comptes rendus savoureux de ses innombrables causeries de salon. Voir aussi siècle des Lumières. 2.4 Période romantique C'est avec la création du royaume de Belgique, en 1830, qu'une véritable littérature nationale va se former et prendre conscience d'elle-même. La dimension européenne du mouvement romantique permet aux auteurs belges de puiser leur inspiration dans la prodigieuse abondance des oeuvres romantiques allemandes, françaises et anglaises. Mais, ce cosmopolitisme ne les empêche pas de se forger un fort sentiment national, qu'ils veulent d'ailleurs très présent dans leurs oeuvres. Le goût du romantisme pour le passé (et, en particulier, pour le passé médiéval), encouragé par le souci d'ancrer le nouvel État belge dans une histoire nationale solide et cohérente, favorise la vogue des drames et des romans historiques, comme c'est également le cas en France, en Allemagne et en Angleterre. Ainsi, Henri Moke (1803-1862) publie un roman historique inspiré par Walter Scott, les Gueux de la mer (1827). Il est suivi dans cette veine par Jules de Saint-Genois, Philippe Lesbroussart, et surtout par Félix Bogaert (1805-1851), dont l'inspiration doit autant à Chateaubriand (Mère et martyre, 1839) qu'à Walter Scott (El Maestro del campo. Gand en 1567, 1833). Les poètes lyriques de cette génération oscillent entre une inspiration française et anglo-saxonne : André Van Hasselt (1806-1874) utilise la métrique allemande dans ses Poésies (1852), alors que ses Quatre Incarnations du Christ (1867) doivent davantage à Vigny et à Hugo. Les autres grands noms de la poésie belge de langue française sont Théodore Weustenraad (1805-1849), poète au souffle puissant, et, dans une sensibilité toute différente voire antithétique, Eugène Dubois, auteur d'une oeuvre profondément romantique. Citons encore Octave Pirmez (1832-1883), auteur d'une poésie mystique et sophistiquée. 2.5 Le réalisme belge À la vogue des récits historiques et nationaux de la période romantique, il faut sans doute encore rattacher le romancier Charles De Coster. Cet aristocrate bruxellois compose plusieurs recueils de récits folkloriques et de contes avant d'écrire, en 1867, la Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au pays de Flandre et ailleurs. En mettant en scène un personnage légendaire, Till Eulenspiegel, fort populaire en Flandre (comme d'ailleurs en Allemagne et aux Pays-Bas) et en le situant au XVIe siècle, au coeur des persécutions religieuses et de la révolte des gueux contre Philippe II et les Pays-Bas espagnols, De Coster réalise là une oeuvre très personnelle, où il jongle avec l'humour burlesque, alliant le tragique et le grotesque, le récit historique à la Walter Scott et la farce rabelaisienne. L'influence de De Coster sur l'essor de la littérature belge à la fin du siècle est importante. Cet essor est, par ailleurs, soutenu dès les années 1870, et plus encore dans les années 1880, par le développement considérable de la presse et des techniques de l'imprimerie. Dans ces circonstances, le courant naturaliste parvient donc sans grand peine, en ces mêmes années, à se diffuser dans tout le pays. Parmi les principaux représentants de ce mouvement littéraire, Camille Lemonnier, romancier et critique d'art, généralement considéré comme le « maréchal des lettres belges «, dépeint, en un style tantôt épique ( les Charniers, 1881), tantôt simple et direct (le Vent dans les moulins, 1901), mais toujours avec le même réalisme cru, la vie rurale et urbaine, annonçant d'une certaine manière le courant régionaliste du début du XXe siècle. Dans la lignée de Lemonnier, on peut citer Georges Eekhoud, poète, romancier et critique littéraire, auteur de romans âpres et réalistes (Kermesses, 1884 ; la Nouvelle Carthage, 1888), parfois même audacieux pour l'époque -- Escal-Vigor (1899), qui traite de l'homosexualité, lui attire de nombreuses attaques --, dans lesquels il s'attache à décrire les êtres frustes du monde rural et les marginaux de la société industrialisée. 2.6 La poésie de la génération de 1880 C'est sous l'impulsion de la revue Jeune Belgique, fondée par Max Waller (1860-1889) en 1881, que la poésie connaît une véritable renaissance. Aux côtés de Waller, Georges Rodenbach, Iwan Gilkin et Albert Giraud (1860-1929) se font les promoteurs d'une poésie qui vise à libérer l'art de toute considération morale. À la même période, Albert Mockel (1866-1945) crée la revue la Wallonie (1886), à laquelle participent les symbolistes français. Mockel est notamment l'auteur d'une oeuvre critique sur le symbolisme, Propos de littérature, et d'un recueil poétique, Clartés (1902), évocation sensible du monde naturel. Autour de lui, Charles Van Lerberghe (1861-1907), auteur de Entre-visions (1897) et de la Chanson d'Ève (1904), Max Elskamp, Maurice Maeterlinck et Émile Verhaeren sont les principaux représentants du symbolisme belge. D'abord naturaliste, Émile Verhaeren s'oriente progressivement vers la poésie mystique (les Moines, 1886), avant de traverser une grave crise spirituelle, qui lui inspire des vers particulièrement désespérés, comme les Soirs (1887) ou les Débâcles (1888). 2.7 Le théâtre symboliste Maurice Maeterlinck, après un recueil poétique, les Serres chaudes (1889), aborde rapidement le théâtre avec la Princesse Maleine (1889) et surtout avec Pelléas et Mélisande (1892), tragédie métaphysique où la poésie se substitue à l'action sans rien lui faire perdre de son impact dramatique. Devenu le porte-parole du théâtre symboliste, Maeterlinck se tourne ensuite vers la réflexion et l'essai. Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1911. Dans le genre dramatique toujours, Fernand Crommelynck connaît un important succès parisien avec le Cocu magnifique (1920). Ses oeuvres, le Sculpteur de masques (1908), Tripes d'or (1925) ou Chaud et Froid ou l'Idée de monsieur Dom (1934), mêlent l'outrance et le lyrisme dans une langue qui doit beaucoup à Jarry comme à Pirandello. Michel de Ghelderode peut être considéré comme le troisième grand dramaturge des lettres belges. Son oeuvre abondante, à la fois comique et sinistre, se situe à la croisée d'influences aussi diverses que Shakespeare, Maeterlinck, Jarry ou encore l'expressionnisme allemand. C'est entre 1925 et 1931, peu de temps après la sortie de son premier ouvrage imprimé (le recueil de nouvelles intitulé l'Histoire comique de Klizer Karel, 1923), que sont successivement créées ses grandes pièces : la Mort du docteur Faust (écrite en 1925, jouée en 1928), Barabbas (1928), Magie rouge (1931), ... Il doit pourtant attendre la création de Hop signor ! (1935) pour voir son talent reconnu. 2.8 Le roman de l'entre-deux-guerres Héritier du naturalisme, le récit régionaliste se développe dans les premières années du siècle, et plus encore à partir des années vingt, en particulier avec Jean Tousseul (1890-1944), auteur pacifiste et nostalgique du Village gris (1927) et d'un célèbre roman-fleuve en cinq volumes, les Clarembaux (1927-1936). Dans la même mouvance, Charles Plisnier, auteur d'un bref récit intitulé Faux Passeports (1934, édition augmentée en 1937), s'attache plutôt à la fresque sociale et à la peinture des foules ; c'est ce qu'il fait notamment dans les cycles romanesques Mariages (2 volumes, 1936) et Mères (3 volumes, 1946-1950). De façon sensuelle et sans mièvrerie, la romancière Marie Gevers (1883-1975) traduit dans ses récits le rythme des saisons et la beauté des traditions populaires ; son oeuvre est parfois comparée à celle de Colette : la Comtesse des digues (1931), Madame Orpha (1933), la Grande Marée (1937). André Baillon, enfin, dépasse le régionalisme à proprement parler pour évoquer des réalités plus intimes (l'Histoire d'une Marie, 1921 ; Délires, 1927). Un autre courant romanesque ne tarde pas à se dresser contre le régionalisme, « le groupe du lundi «, avec à sa tête Robert Poulet, universitaire et critique littéraire, et Franz Hellens ; tous deux se posent comme les défenseurs du « réalisme magique «. Dans Réalités fantastiques (1923), Hellens illustre parfaitement la pensée de ce mouvement, en montrant que toute vérité prend sa source dans le rêve. C'est dans le même esprit que Poulet publie Handji en 1933. Dans leur lignée, mais avec une tonalité fantastique et angoissée, le poète Marcel Thiry compose des textes hantés par la fuite du temps, depuis la Statue de la fatigue (1934) jusqu'au Festin d'attente (1963). En marge de tous ces courants, Constant Burniaux (1892-1975) s'affirme comme un romancier d'une sensibilité extrême. Peintre des drames quotidiens, il compose les Temps inquiets (1944-1952), qui reste son oeuvre majeure, et la Vie plurielle (1965). Enfin il faut faire à Georges Simenon une place à part dans la littérature belge. Mondialement célèbre pour son fameux commissaire Maigret, il est le fondateur, avec le récit des aventures de son héros, d'un genre à part : le roman policier « psychologique «. 2.9 La littérature contemporaine Parvenue à maturité après des expériences diverses plus ou moins fécondes, la littérature belge est aujourd'hui multiple. La littérature romanesque s'est diversifiée ; le roman d'analyse psychologique, avec Maud Frère (les Jumeaux millénaires, 1962), côtoie des oeuvres qui marquent un retour au réalisme traditionnel (Daniel Gillès, Brouillards de Bruges, 1962), tandis que des auteurs comme Pierre Mertens étudient les structures et les possibilités du langage (les Bons Offices, 1974 ; Perdre, 1984). Malgré un affadissement des oeuvres régionalistes, quelque peu désuètes, un courant de littérature nationale, fortement enraciné dans le territoire belge, reste vivace : Hubert Juin (1926-1987), auteur des Hameaux (1968), Françoise Mallet-Joris et son Rempart des Béguines (1951), sont là pour le prouver. Parmi les romanciers de la jeune génération, citons encore Eugène Savitzkaya (la Disparition de maman, 1982) et Jean-Pierre Verheggen (Ninietzsche peau de chagrin, 1983). 3 LITTÉRATURE FLAMANDE 3.1 Littérature médiévale C'est dans des provinces aujourd'hui belges (Flandre, Brabant et Limbourg) qu'apparaissent, dans la seconde moitié du XIIe siècle, la langue et la littérature flamandes. Le premier auteur de langue « flamande « (en réalité un dialecte de Limbourg) que nous connaissons est le poète courtois Hendrik Van Veldeke (v. 1140-v. 1200). Outre une traduction de l'Énéide, de Virgile (v. 1190), on lui doit une biographie de saint Servais et des poèmes amoureux lyriques. Le XIIe siècle flamand voit surtout fleurir des romans courtois et des chansons de geste, où se fait sentir l'influence du nord de la France (Karel Van Elegast). Mais, le XIIIe siècle voit émerger une forme de poésie didactique, celle, par exemple, du moraliste et érudit Jacob Van Maerlant (v. 1235-v. 1300), qui, après avoir composé des romans courtois, souvent à l'imitation des Français, publie trois ouvrages encyclopédiques traitant des sciences naturelles, de l'histoire ou de sujets sacrés ( le Secret des secrets, 1266 ; l'Épanouissement de la nature, 1266-1269 ; le Miroir de l'Histoire, 1283-1288), ainsi qu'une Bible rimée et une Vie de saint François. Au XIVe siècle, Jan Van Ruysbroek compose des traités divers, dont le plus célèbre demeure De l'ornement des noces spirituelles. À cette époque apparaissent également des récits animaliers à visée satirique, dans la lignée du Roman de Renart, comme Reynard le renard (1250), que compose le clerc et poète Willem. Le XIIIe siècle est aussi la grande époque des fabliaux. Il faudra attendre le XIVe siècle pour voir le théâtre profane faire son apparition, toujours accompagné d'intermèdes comiques sous forme de farce. 3.2 Le conflit linguistique À partir du XVIe siècle, les tentatives pour élaborer une langue néerlandaise commune à tous se multiplient. Sur fond de conflits religieux et de répression espagnole, nombre d'écrivains cherchent à imposer leur propre dialecte comme fondement d'une langue nationale. Cependant, les dissensions littéraires deviennent secondaires avec l'aggravation des conflits politiques et religieux. Seuls les ouvrages polémiques continuent alors de proliférer, opposant des catholiques comme Anna Bijns (14931575), dont trois recueils de Refrains nous sont parvenus, à des réformateurs comme Philippe de Marnix, auteur présumé de l'hymne national des Pays-Bas ainsi que du Tableau des différends de la religion (1599). Après cette période trouble, la langue flamande tombe dans un quasi-mutisme ; il faut attendre la fin du XVIIIe siècle pour assister à un renouveau littéraire, lié à la réaction contre le français, devenu langue officielle en 1794 (date du début de l'occupation française). En 1811, le flamand, ou néerlandais, fait donc son retour en littérature dans Jellen en Mietje, de Karel Broeckaert, la première nouvelle composée dans cette langue. La langue néerlandaise se développe ensuite, notamment avec l'oeuvre poétique de Peter Joost de Borchgrave et, au théâtre, dans les pièces de Jan Baptist Hofman, dont le succès participe du même engouement pour cette langue renaissante. 3.3 Essor de la prose néerlandaise En 1818, l'érudit Jan Frans Willems (1793-1846) expose l'intérêt de l'usage du néerlandais dans son Traité de philologie et de littérature en dialecte néerlandais (2 volumes, 1819-1824), ouvrage qui reçoit le soutien du gouvernement. Dès lors, un véritable mouvement est lancé. Willems fonde en 1837 le journal Belgisch Museum et, à partir de 1839, l'élan linguistique se généralise à tout le pays, encouragé par des poètes comme Karel Lodewijk Ledeganck (1805-1847), Theodor Van Rijswijck (1811-1849) et Prudens Van Duyse (1804-1859), ainsi que par des prosateurs tel Hendrik Conscience. Auteur de plus d'une centaine de romans et de nouvelles, ce dernier est sans doute le romancier de langue néerlandaise le plus marquant de sa génération. Son roman historique le Lion de Flandre : la Bataille des éperons d'or (1838), qui exalte la gloire du passé national, sera suivi d'autres récits d'inspiration romantique : des romans historiques, comme Jacob Van Artevelde (1849), mais aussi bucoliques, comme le Couvent (1850) ou le Fléau du village (1855). Conscience a joué un rôle primordial dans le développement littéraire du néerlandais. Certains des romanciers qui lui succèdent prennent cependant le contre-pied de la veine bucolique dans laquelle il s'est illustré et cherchent à donner une vision plus réaliste de la nature. Mais cette génération ne produit finalement que des oeuvres assez ternes, à l'exception notable de Virginie Loveling (1836-1923), dont les romans, comme Un serment solennel (1892) et la Pomme de discorde (1904), par leur tonalité sombre, peuvent se rapprocher du naturalisme belge de langue française. 3.4 Poésie de la seconde moitié du XIXe siècle Les poètes les plus notables de cette période sont le romantique Jan Van Beers (1821-1888), qui s'illustre par la finesse et la pureté de ses vers (Images de la vie, 1858 ; Sentiment et Vie, 1869), et surtout le prêtre Guido Gezelle. Même si ses poèmes lyriques, d'inspiration religieuse et champêtre, connaissent surtout un succès posthume, comme c'est le cas de Fleurs de cimetière (1858-1870), de Guirlande du temps (1893) ou de Poèmes, chansons et prières (1862), Gezelle a exercé une influence importante sur la poésie de la fin de son siècle. 3.5 Tournant du siècle À la fin du siècle, à Bruxelles, le romancier naturaliste Cyriel Buysse, à qui l'on doit la Vie de Rose Van Dalen (1905), recueil de contes à la manière de Maupassant, et le critique d'art August Vermeylen (1872-1945), auteur du roman le Juif errant, fondent la revue mensuelle Van Nu en Straks (« Aujourd'hui et Demain «, 1893). Marquant la naissance de la littérature néerlandaise contemporaine, cette revue devient rapidement le lieu de ralliement du premier mouvement littéraire d'envergure nationale, et son influence s'exerce jusque dans les années soixante. Dans le même temps naît le mouvement Jeune Belgique, qui réunit des auteurs tels Karel Van de Woestijne, créateur d'une oeuvre sensuelle et spirituelle aux accents baudelairiens (l'Ombre d'or, 1910 ; l'Homme de boue, 1920), Prosper van Langendonck (1862-1920), poète à l'écriture plus classique, ou encore Herman Teirlinck, qui a joué un rôle important dans la création du théâtre expressionniste belge. Couronné du prix des Lettres néerlandaises en 1956, Teirlinck s'illustre par des pièces (le Film au ralenti, 1921 ; l'Homme sans corps, 1925), par un roman (Autoportrait ou le Dernier Repas du condamné, 1966). De 1946 à 1967, il dirige une autre revue, Nieuw Vlaams Tijdschrift (« Nouvelle Revue flamande «). Citons aussi, dans ce groupe de la revue Van Nu en Straks, l'écrivain Stijn Streuvels (pseudonyme de Frank Lateur, 1871-1969), neveu de Guido Gezelle, qui se fait le conteur réaliste de la vie rurale flamande (le Champ de lin, 1907). 3.6 Littérature néerlandaise du XXe siècle Après le traumatisme de la Première Guerre mondiale, la revue Ruimte (« Espace «), fondée en 1920, se place sous la double influence d'Apollinaire et de l'expressionnisme allemand. Dans ses pages sont publiés les jeunes poètes expressionnistes belges, dont Marnix Gijsen (pseudonyme de Jan Albert Goris, 1899-1984) est le plus en vue. Après la parution d'un recueil de ses poèmes en 1925, Gijsen se tourne vers le roman, tout en s'essayant à la critique littéraire et artistique. Il lui faut pourtant attendre 1947 et la publication du Livre de Joachim de Babylon, une confession sobre et sincère, pour être connu du grand public. Nombre de ses romans -- autobiographiques pour la plupart -- traduisent l'ambiguïté de la situation des intellectuels européens en Amérique (les Lieux de plaisir égyptiens, 1952). Il collabore également à la rédaction de Albrecht Dürer : Journal de son voyage aux Pays-Bas (1971). De son côté, le poète Paul Van Ostaijen (1896-1928) met à l'honneur l'usage du vers libre dans ses recueils Ville occupée (1921) et le Premier Livre de Schmoll (1928). Parallèlement, le roman traditionnel, qui traite principalement de la vie rurale, reste très prisé des auteurs de langue néerlandaise. Le plus célèbre écrivain du genre est Felix Timmermans, auteur de Pallieter (1916), récit plein de verve dédié à la « joie de vivre « flamande. Avec Psaume paysan (1935), il place la présence divine au sein de la vie quotidienne. Certains romanciers de la même génération, tels Maurice Roelants (1895-1966) et Gerard Walschap, rompent pourtant avec le récit traditionnel pour se pencher sur l'analyse psychologique et sociale, thématique qu'ils lient étroitement au phénomène de l'urbanisation. La période de l'après-guerre produit une littérature d'inspiration diverse mais d'une tonalité plutôt pessimiste dans son ensemble. Les Parasites (1957) de Ward Ruyslinck (1929- ), par exemple, est un roman inquiétant, dont le héros est hanté par le souvenir de la guerre. Dans ses premiers écrits, Hugo Claus s'est montré lui aussi particulièrement pessimiste : les Metsiers (1951), son premier roman, explore les ravages du mal dans une famille de paysans. Avec Sucre (1958), il connaît un succès considérable au théâtre. Ses romans plus récents, comme l'Étonnement (1962), montrent le monde sous un jour moins cru, plus humain. Claus s'est essayé à tous les genres et sa production est considérable : il a publié des traductions, des nouvelles, des scénarios et des essais, s'imposant du même coup comme l'écrivain le plus important de sa génération. La littérature belge de langue néerlandaise se diversifie plus encore aujourd'hui : après la littérature expérimentale des années cinquante, représentée par Paul Snoek et Hughes Pernath (1931-1975), des auteurs comme Jos De Haes (1920-1974) reviennent à une forme plus traditionnelle du roman ; Christine D'Haen (1923- ) se rapproche, elle, de la vie naturaliste. Quant au cinéaste, critique d'art et romancier Ivo Michiels (pseudonyme de Rik Cenppens, 1923- ), il a acquis une réputation mondiale avec son Journal brut (1958), si bien qu'il incarne en Belgique, avec Paul Van Wisperlaere (1928- ), la vigueur de la littérature moderne d'expression néerlandaise. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

« 2. 4 Période romantique C’est avec la création du royaume de Belgique, en 1830, qu’une véritable littérature nationale va se former et prendre conscience d’elle-même.

La dimension européenne du mouvement romantique permet aux auteurs belges de puiser leur inspiration dans la prodigieuse abondance des œuvres romantiques allemandes, françaises et anglaises.

Mais, ce cosmopolitisme ne les empêche pas de se forger un fort sentiment national, qu’ils veulent d’ailleurs très présent dans leurs œuvres. Le goût du romantisme pour le passé (et, en particulier, pour le passé médiéval), encouragé par le souci d’ancrer le nouvel État belge dans une histoire nationale solide et cohérente, favorise la vogue des drames et des romans historiques, comme c’est également le cas en France, en Allemagne et en Angleterre.

Ainsi, Henri Moke (1803-1862) publie un roman historique inspiré par Walter Scott, les Gueux de la mer (1827).

Il est suivi dans cette veine par Jules de Saint-Genois, Philippe Lesbroussart, et surtout par Félix Bogaert (1805-1851), dont l’inspiration doit autant à Chateaubriand ( Mère et martyre, 1839) qu’à Walter Scott ( El Maestro del campo.

Gand en 1567, 1833). Les poètes lyriques de cette génération oscillent entre une inspiration française et anglo-saxonne : André Van Hasselt (1806-1874) utilise la métrique allemande dans ses Poésies (1852), alors que ses Quatre Incarnations du Christ (1867) doivent davantage à Vigny et à Hugo.

Les autres grands noms de la poésie belge de langue française sont Théodore Weustenraad (1805-1849), poète au souffle puissant, et, dans une sensibilité toute différente voire antithétique, Eugène Dubois, auteur d’une œuvre profondément romantique.

Citons encore Octave Pirmez (1832-1883), auteur d’une poésie mystique et sophistiquée. 2. 5 Le réalisme belge À la vogue des récits historiques et nationaux de la période romantique, il faut sans doute encore rattacher le romancier Charles De Coster.

Cet aristocrate bruxellois compose plusieurs recueils de récits folkloriques et de contes avant d’écrire, en 1867, la Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au pays de Flandre et ailleurs. En mettant en scène un personnage légendaire, Till Eulenspiegel, fort populaire en Flandre (comme d’ailleurs en Allemagne et aux Pays-Bas) et en le situant au XVIe siècle, au cœur des persécutions religieuses et de la révolte des gueux contre Philippe II et les Pays-Bas espagnols, De Coster réalise là une œuvre très personnelle, où il jongle avec l’humour burlesque, alliant le tragique et le grotesque, le récit historique à la Walter Scott et la farce rabelaisienne.

L’influence de De Coster sur l’essor de la littérature belge à la fin du siècle est importante.

Cet essor est, par ailleurs, soutenu dès les années 1870, et plus encore dans les années 1880, par le développement considérable de la presse et des techniques de l’imprimerie.

Dans ces circonstances, le courant naturaliste parvient donc sans grand peine, en ces mêmes années, à se diffuser dans tout le pays. Parmi les principaux représentants de ce mouvement littéraire, Camille Lemonnier, romancier et critique d’art, généralement considéré comme le « maréchal des lettres belges », dépeint, en un style tantôt épique ( les Charniers, 1881), tantôt simple et direct ( le Vent dans les moulins, 1901), mais toujours avec le même réalisme cru, la vie rurale et urbaine, annonçant d’une certaine manière le courant régionaliste du début du XXe siècle.

Dans la lignée de Lemonnier, on peut citer Georges Eekhoud, poète, romancier et critique littéraire, auteur de romans âpres et réalistes ( Kermesses, 1884 ; la Nouvelle Carthage, 1888), parfois même audacieux pour l’époque — Escal-Vigor (1899), qui traite de l’homosexualité, lui attire de nombreuses attaques —, dans lesquels il s’attache à décrire les êtres frustes du monde rural et les marginaux de la société industrialisée. 2. 6 La poésie de la génération de 1880 C’est sous l’impulsion de la revue Jeune Belgique, fondée par Max Waller (1860-1889) en 1881, que la poésie connaît une véritable renaissance.

Aux côtés de Waller, Georges Rodenbach, Iwan Gilkin et Albert Giraud (1860-1929) se font les promoteurs d’une poésie qui vise à libérer l’art de toute considération morale.

À la même période, Albert Mockel (1866-1945) crée la revue la Wallonie (1886), à laquelle participent les symbolistes français.

Mockel est notamment l’auteur d’une œuvre critique sur le symbolisme, Propos de littérature, et d’un recueil poétique, Clartés (1902), évocation sensible du monde naturel. Autour de lui, Charles Van Lerberghe (1861-1907), auteur de Entre-visions (1897) et de la Chanson d’Ève (1904), Max Elskamp, Maurice Maeterlinck et Émile Verhaeren sont les principaux représentants du symbolisme belge.

D’abord naturaliste, Émile Verhaeren s’oriente progressivement vers la poésie mystique ( les Moines, 1886), avant de traverser une grave crise spirituelle, qui lui inspire des vers particulièrement désespérés, comme les Soirs (1887) ou les Débâcles (1888). 2. 7 Le théâtre symboliste Maurice Maeterlinck, après un recueil poétique, les Serres chaudes (1889), aborde rapidement le théâtre avec la Princesse Maleine (1889) et surtout avec Pelléas et Mélisande (1892), tragédie métaphysique où la poésie se substitue à l’action sans rien lui faire perdre de son impact dramatique.

Devenu le porte-parole du théâtre symboliste, Maeterlinck se tourne ensuite vers la réflexion et l’essai.

Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1911. Dans le genre dramatique toujours, Fernand Crommelynck connaît un important succès parisien avec le Cocu magnifique (1920).

Ses œuvres, le Sculpteur de masques (1908), Tripes d’or (1925) ou Chaud et Froid ou l’Idée de monsieur Dom (1934), mêlent l’outrance et le lyrisme dans une langue qui doit beaucoup à Jarry comme à Pirandello.

Michel de Ghelderode peut être considéré comme le troisième grand dramaturge des lettres belges.

Son œuvre abondante, à la fois comique et sinistre, se situe à la croisée d’influences aussi diverses que Shakespeare, Maeterlinck, Jarry ou encore l’expressionnisme allemand.

C’est entre 1925 et 1931, peu de temps après la sortie de son premier ouvrage imprimé (le recueil de nouvelles intitulé l’Histoire comique de Klizer Karel, 1923), que sont successivement créées ses grandes pièces : la Mort du docteur Faust (écrite en 1925, jouée en 1928), Barabbas (1928), Magie rouge (1931), ...

Il doit pourtant attendre la création de Hop signor ! (1935) pour voir son talent reconnu. 2. 8 Le roman de l’entre-deux-guerres Héritier du naturalisme, le récit régionaliste se développe dans les premières années du siècle, et plus encore à partir des années vingt, en particulier avec Jean Tousseul (1890-1944), auteur pacifiste et nostalgique du Village gris (1927) et d’un célèbre roman-fleuve en cinq volumes, les Clarembaux (1927-1936).

Dans la même mouvance, Charles Plisnier, auteur d’un bref récit intitulé Faux Passeports (1934, édition augmentée en 1937), s’attache plutôt à la fresque sociale et à la peinture des foules ; c’est ce qu’il fait notamment dans les cycles romanesques Mariages (2 volumes, 1936) et Mères (3 volumes, 1946-1950).

De façon sensuelle et sans mièvrerie, la romancière Marie Gevers (1883-1975) traduit dans ses récits le rythme des saisons et la beauté des traditions populaires ; son œuvre est parfois comparée à celle de Colette : la Comtesse des digues (1931), Madame Orpha (1933), la Grande Marée (1937).

André Baillon, enfin, dépasse le régionalisme à proprement parler pour évoquer des réalités plus intimes ( l’Histoire d’une Marie, 1921 ; Délires, 1927).. »

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