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Benjamin CONSTANT : Le Cahier rouge

Publié le 05/10/2012

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Bien loin de capter, de confisquer l'individu, on ne saurait même soutenir que l'oeuvre le libère: il est rare qu'elle intervienne, et lorsqu ' elle intervient, elle ne résout pas : elle constate. (...) L'oeuvre appartient à l'ordre du constat; et, une fois établi, si l'esprit, mais lui seul, est purifié par la compréhension finale, ce constat laisse l'individu en face de soi, aux prises avec une situation au dedans comme au dehors inchangée. A chaque moment de sa vie, Constant se retrouve tel qu'il est.

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« Le Cahier rouge doit son nom à la couleur rouge de sa couver­ tur e.

Constant/' avait intitul é plus exacte­ ment: Ma vie, 1767- 1787.

1llustration J.

Simon Le livre Souvenirs d'enfance et de jeunesse C es mémoires sont, à la différence du Journal intime, le véritable récit de la jeunesse de Constant.

Sacrifiant aux lois du genre, le narrateur évoque tous les thèmes obligés : naissance et brève généalogie familiale, description de l'éduca­ tion , puis entrée dans le monde .

Et de fait , tous les éléments sont présents.

Constant passe en revue ses premiers précep­ teurs, ses lectures passionnées, puis ses voyages en Europe en compagnie de son père.

Voilà pour la phase préparatoire .

Il s'agit maintenant de faire son entrée dans le monde, autrement dit d'effectuer le passage vers l'âge adulte.

Les premiers contacts extérieurs auront pour cadre la société parisienne de 1785, avec tout ce qu 'elle comporte de ferveur politique et d'espo ir d'un renouveau social.

La découverte du monde passe également par l'apprentissage des relations humaines.

Les rap­ ports diversement amicaux ou amoureux avec Mme Johannot, Mme Trévor, Agnès Yan Zuylen et la célèbre Mme de Char­ rière ouvrent le jeune Constant à la complexité de la vie.

Cependant, le tracé du récit suit la courbe de ses aspirations, inversées peu à peu en déceptions.

En effet , l'amour qu ' il éprouve pour la mère de sa future fiancée, Mlle Fourras, lui fait perdre l'esprit.

Il tentera de s 'empoisonner.

Un séjour en Angleterre achève de faire de lui un désabusé.

Du temps des espérances à celui des désillusions, le Cahier a parcouru un cheminement négatif.

Une écriture analytique C 'est le moi qui prévaut ici, dans le déploiement d'une écriture analytique, par laquelle s'opère un dédouble­ ment entre celui qui a vécu et celui qui écrit.

Il s'ag it d'inscrire ses expériences particulières dans une généralité qui leur rest i­ tuerait un semblant de cohérence.

Mais il faut également pré­ server 1 'absolue originalité du moi , proclamer sa différence, dans un souci tout romantique de sincérité.

On se trouve donc en présence de deux types de discours , qui donnent au livre son princip e dynamique , celui de l'épanchement du moi et celui de la distanciation rationnelle du moi.. »

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