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Bérénice – Jean Racine : Acte 1, Scène 2

Publié le 14/06/2011

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racine

Bérénice – Jean Racine

Texte 1 : Acte 1, Scène 2

 

Situation

   Scène se déroule à Rome sous l’Empire Ier siècle. Elle se déroule dans le palais de l’Empereur Titus, dans un cabinet entre l’appartement de Titus et celui de Bérénice, reine de Judée. Les deux s’aiment et prévoient de s’épouser. Antiochus, roi de Comagène, du Nord de la Syrie, est amoureux de Bérénice depuis longtemps. Dans la Scène 1, il demande à Arsace, son confident, de solliciter un RDV avec Bérénice.

 

Axe 1- Monologue ou dialogue : les fluctuations de l’énonciation marque du trouble d’Antiochus

      - Ver 19 « Hé bien ! Antiochus, es-tu toujours le même ? « : A se parle à lui-même devant le public (= convention théâtrale) on le voit à l’emploi du « tu «. C’est un dédoublement, il est important car il y a le dédoublement d’A mais aussi celui de T (Cf : AI, S4 « Entretenir T dans un autre lui-même «)

      - Ver 20 à 37 « Pourrais-je […] redouter son courroux « : A utilise « je « et parfois « nous « et parle de B à la 3ème personne « Bérénice « « elle «.

      - Ver 38 à 46 « Belle reine […] je n’espère plus. « : le monologue est remplacé par le dialogue. A utilise « vous « pour parler à B. Il répète au sens théâtral. Partie la plus chargée en émotion.

      - Ver 47 à 50 « Au lieu de […] jamais voir ? « : la tension retombe. Le « elle « est revenu pour B.

Axe 2- Monologue délibératif qui suspend la scène d’exposition

 

     1- Eléments informatifs peu nombreux

   Il y a un retour en arrière sur les sentiments d’A : on sait qu’il aime B depuis 5 ans « Je me suis tu cinq ans « « Après cinq ans d’amour « (Ver 25 & 45). On le voit au moment de la crise. La métaphore « D’un voile d’amitié j’ai couvert mon amour. « (Ver 26) montre qu’il a dissimulé son amour en amitié. Il met à nu ses sentiments.

   « B autrefois m’ôta toute espérance ; Elle m’imposa même un éternel silence « (Ver 23 & 24) nous informe que B n’aime pas A. Illusion d’ A par rapport à T, croyant que T ne pourrait pas épouser B : « Qu’après m’être longtemps flatté que mon rival / Trouverait à ses vœux quelque obstacle fatal « (Ver 41 & 42). Aujourd’hui, il n’a plus d’espoir.

   Ce monologue retarde l’entrée en scène de B. Elle apparaîtra AI ; S4 tandis que T c’est à AII.

   Il ralentit la piece et lui donne son rythme. On connaît les sentiments d’A, c’est ce qui imp. pour le spectateur. Fonction principale de ce monologue : être délibératif.

 

     2- Incertitudes du cœur d’Antiochus : parler ou se taire ?

           a) Expression des incertitudes

   Nombreuses interrogations adressées à lui-même exprime l’incertitude « Hé bien ! Antiochus, es-tu tjs le même ? / Pourrai-je, sans trembler, lui dire : ‘je vous aime’ ? « (Ver 19 & 20). Chiasme qui met en valeur le « tjs « : « […] souffrir toujours un tourment qu’elle ignore / Toujours verser des pleurs qu’il faut que je dévore « (Ver 35 & 36). Champs lexical de « parler ou se taire « : « Elle m’imposa même un éternel silence / Je me suis tu cinq ans ; et jusques à ce jour « (Ver 24 & 25).

   Allusion à l’amour maquillé en amitié « D’un voile d’amitié j’ai couvert mon amour « (Ver 26). A est prit entre deux douleurs :

                  - Continuer à mentir et souffrir en silence

                  - Parler et craindre que sa déplaise à B

 

           b) Décision d’Antiochus

      - « Mais quoi ! […] ou mourir « (Ver 21 à 34) : il décide de partir sans parler. Sa souffrance se manifeste par le biais de son corps « sans trembler « (ver 20) « cœur agité « (Ver 21). (X)

   « Quel fruit me reviendra d’un aveu téméraire « (Ver 31), la réponse est rien, il n’aura que des problèmes. Les impératifs « Retirons-nous, sortons « (Ver 33) sont là pour le raisonner. Cette pièce est une tragédie du départ car tant que B sera présente il ne pourra l’oublier. A va prendre une dimension tragique au fur et à mesure : « Allons loin de ses yeux l’oublier, ou mourir. « (Ver 34).

      - « Hé quoi ! […] me plaindre « (Ver 35 à 47) : revirement d’A, il ne souffrira pas plus en lui parlant. Il va imaginer une B qui accepte ses paroles. Il y a des questions rhétoriques qui attendent pour réponse un « non «. « Je ne viens que vous dire « (Ver 40) : restriction, atténue l’aveu. « Qu’après m’être […] espoir superflus « (Ver 41 à 45) : ça retarde l’aveu. Lorsque il avoue c’est indirectement « Après cinq ans d’amour « (Ver 45). « Aujourd’hui qu’il peut tout, que votre hymen s’avance « (Ver 43) : mise en avant mariage & puissance de T. « Il peut tout « oppose T à A qui lui peut rien. Il imagine une B compatissante. Spectateur se pose une question : Réaction B du rêve = réaction B réel ?

                - « Quoi qu’il […] jamais voir ? « (Ver 48 à 50) : Sa décision est renforcé par impératif. « Sans espoir « rime avec « voir «.

   A est un perso pathétique qui se condamne lui-même & condamné par B. Public le plaint.

 

Conclusion

   Monologue qui ralentit l’exposition mais pas d’utilité dramatique : peu d’action & peu d’infos. Il anticipe la rencontre d’A & B dans l’AIS4.

   Il introduit déjà les 3persos principaux.

   A est le double de T : Comme A, T ne saura pas comment parler à B à AIIS4. Ca annonce donc une tragédie de la parole & du départ.

   A pas un simple confident, il a droit à un monologue, il va devenir un vrai perso de tragédie.

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