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Bergson: Art et la realite nue et sans voiles

Publié le 20/04/2004

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bergson
La philosophie n'est pas l'art, mais elle a avec l'art de profondes affinités. Qu'est-ce que l'artiste ? C'est un homme qui voit mieux que les autres car il regarde la réalité nue et sans voiles. Voir avec des yeux de peintre, c'est voir mieux que le commun des mortels. Lorsque nous regardons un objet, d'habitude, nous ne le voyons pas ; parce que ce que nous voyons, ce sont des conventions interposées entre l'objet et nous ; ce que nous voyons, ce sont des signes conventionnels qui nous permettent de reconnaître l'objet et de le distinguer pratiquement d'un autre, pour la commodité de la vie. Mais celui qui mettra le feu à toutes ces conventions, celui qui méprisera l'usage pratique et les commodités de la vie et s'efforcera de voir directement la réalité même, sans rien interposer entre elle et lui, celui-là sera un artiste. Mais ce sera aussi un philosophe, avec cette différence que la philosophie s'adresse moins aux objets extérieurs qu'à la vie intérieure de l'âme. Bergson

articulation formelle du texte    « La philosophie n'est pas l'art, mais elle a... Qu'est-ce que l'artiste ? C'est un homme qui... car... Voir avec des yeux de... C'est voir mieux que... Lorsque... ; parce que... ce que nous voyons, ce sont des signes conventionnels... Mais celui qui... celui qui... sans rien interposer... sera un artiste. Mais ce sera aussi un philosophe, avec cette différence : ... «    questions indicatives    Qu'est-ce qu'un « artiste « pour Bergson ?  Pourquoi, « voir avec des yeux de peintre, c'est voir mieux que le commun des mortels « ?  Les artistes seraient-ils d'une espèce particulière, des surhommes ? ou s'agit-il d'autre chose ?  Comment comprenez-vous « ce que nous voyons, ce sont des signes conventionnels « ?  Importance, ici, de la notation « pratiquement « ? Pourquoi l'emploi des termes « conventions « et « conventionnels « est-il bien choisi ?  Est-il contradictoire de dire :  « La philosophie n'est pas l'art « et « celui-là sera un artiste. Mais ce sera aussi un philosophe « ?  Quel est l'enjeu de ce texte :  — rapport(s) entre philosophe et art ?  — caractérisation de l'art ?  — caractérisation de la philosophie ?

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« utilitaire, superficielle puisqu'elle s'attache à la surface des choses.– Bergson conclut que l'artiste est philosophe ; tous deux ont le souci de découvrir la réalité même.

Ilnuance toute¬fois sa thèse en précisant que les deux n'étudient pas tout à fait les mêmes objets : l'artistes'intéresse davantage à l'extériorité, le philosophe davantage à l'intériorité. Expliquez : « ce que nous voyons, ce sont des conventions interposées entre l'objet et nous ».Lorsque nous ne sommes ni philosophe ni artiste, nous ne prêtons pas attention aux choses elles-mêmes.Notre perception ordinaire est utilitaire : elle se contente donc d'une simplification du réel, pourvu que celle-ci permette de l'utiliser efficacement.

Bergson nomme conventions les classifications pratiques, lesdéfinitions communes qui nous facilitent la tâche, mais qui ne sont pas la fidèle traduction de la réalitépuisqu'elles ont été faites dans un autre but : simplifier notre action sur les choses.

Elles sont donc lerésultat d'une sorte d'accord entre les hom¬mes.

Par exemple, un mot de la langue désigne des réalités enfait très différentes.

Il est, bien sûr, très commode et même nécessaire de nommer « arbres » certainsobjets qui ont des traits communs.

Mais la véritable réalité est faite d'arbres toujours singuliers, que letableau du peintre nous donne à voir comme tels.

BERGSON (Henri-Louis) .

Né et mort à Paris (1859-1941). Il fit ses études au lycée Condorcet et à l'École normale supérieure.

Il fut reçu à l'agrégation de philosophie en 1881.Il fut professeur de philosophie aux lycées d'Angers et de Clermont-Ferrand.

Docteur ès lettres en 1881, il enseignasuccessivement, à Paris, au collège Rollin, puis au lycée Henri IV, et, à partir de 1898, à l'École normale.

Titulaire,en 1900, de la chaire de philosophie grecque au Collège de France, puis de celle de philosophie moderne, il entra àl'Académie des Sciences morales et politiques en 1901, à l'Académie française en 1914, et reçut le Prix Nobel delittérature en 1927.

— La méthode philosophique de Bergson est l'intuition :« Nous appelons intuition la sympathiepar laquelle on se transporte à l'intérieur d'un objet pour coïncider avec ce qu'il a d'unique et par conséquentd'inexprimable.

» Les données immédiates de la conscience doivent être saisies dans leur vraie nature et non àtravers des notions que nous emprunterions à la connaissance de l'espace.

L'intuition pose les problèmes en termesde durée.

« Les questions relatives au sujet et à l'objet, à leur distinction et à leur union, doivent se poser enfonction du temps plutôt que de l'espace.» — Bergson distingue le temps véritable et psychologique du tempsmathématique, qui est sa traduction en espace.

L'être est altération et l'altération est substance.

La durée, c'est «la forme que prend la succession de nos états de conscience quand le moi se laisse vivre.» Entre les choses, il n'estque des différences de degré.

C'est seulement entre deux tendances qui traversent une chose, qu'il y a différencede nature.

La matière est ce qui ne change plus de nature ; mais elle est aussi durée.

Elle est le plus bas degré dela durée, elle est un « passé infiniment dilaté ».

Car la durée est une mémoire, elle prolonge le passé dans leprésent.

Le passé survit en soi ; il coexiste avec soi comme présent.

Le présent est le degré le plus contracté dupassé.

Le passé et le présent sont contemporains l'un de l'autre.

L'élan vital est la durée en tant que différence desoi avec soi, en tant qu'elle s'actualise, en tant qu'elle passe à l'acte.

La durée vraie est une création continue.

Lavie, de même que la conscience, est durée, mobilité, création continue, liberté.

— Bergson distingue deux sortes demémoire : « Le passé se survit sous deux formes distinctes : 1) Dans des mécanismes moteurs ; 2) Dans dessouvenirs indépendants...

En poussant jusqu'au bout cette distinction fondamentale, on pourrait se représenterdeux mémoires théoriquement indépendantes.» Il parle de mémoire-souvenir et de mémoire-contraction.

« Touteconscience est mémoire — conservation et accumulation du passé dans le présent.

» C'est en ce sens que leprésent est le degré le plus contracté du passé.

On peut rattacher à cette théorie la phrase célèbre du philosophe:« Comprendre, c'est savoir refaire.» — Bergson applique le principe de l'élan vital à la morale et à la religion.

« Lesgrands entraîneurs de l'humanité semblent bien s'être replacés dans la direction de l'élan vital.

» Il distingue lamorale close que la société impose aux individus, et la morale ouverte, qui est celle du héros.

Il distingue la formestatique de la religion, représentée par les dogmes et les rites, et sa forme dynamique représentée par ceux qui ontretrouvé l'élan créateur distinctif de la vie, c'est-à-dire par les saints et les mystiques, Saint François d'Assise ouPascal. Oeuvres principales : Essai sur les données immédiates de la conscience (1889), Quid Aristoteles de loco senserit (1889), Matière et mémoire, essai sur la relation du corps à l'esprit (1897), Le Rire, essai sur la signification ducomique (1900), L'Evolution créatrice (1907), L'Energie spirituelle (1919), Durée et simultanéité (1922), Les deuxsources de la morale et de la religion (1932), La pensée et le mouvant (1934).. »

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