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Bergson et création

Publié le 10/01/2004

Extrait du document

bergson
Quand l'enfant s'amuse à reconstituer une image en assemblant les pièces d'un jeu de patience, il y réussit de plus en plus vite à mesure qu'il s'exerce davantage. La reconstitution était d'ailleurs instantanée, l'enfant la trouvait toute faite, quand il ouvrait la boîte au sortir du magasin. L'opération n'exige donc pas un temps déterminé, et même, théoriquement, elle n'exige aucun temps. C'est que le résultat en est donné. C'est que l'image est créée déjà et que, pour l'obtenir, il suffit d'un travail de recomposition et de réarrangement, - travail qu'on peut supposer allant de plus en plus vite, et même infiniment vite au point d'être instantané. Mais, pour l'artiste qui crée une image en la tirant du fond de son âme, le temps n'est plus un accessoire. Ce n'est pas un intervalle qu'on puisse allonger ou raccourcir sans en modifier le contenu. La durée de son travail fait partie intégrante de son travail. La contracter ou la dilater serait modifier à la fois l'évolution psychologique qui la remplit et l'invention qui en est le terme. Le temps d'invention ne fait qu'un ici avec l'invention même. C'est le progrès d'une pensée qui change au fur et à mesure qu'elle prend corps. Enfin c'est un processus vital, quelque chose comme la maturation d'une idée. Le peintre est devant sa toile, les couleurs sont sur la palette, le modèle pose ; nous voyons tout cela, et nous connaissons aussi la manière du peintre : prévoyons-nous ce qui apparaîtra sur la toile ? Nous possédons les éléments du problème ; nous savons, d'une connaissance abstraite, comment il sera résolu, car le portrait ressemblera sûrement au modèle et sûrement aussi à l'artiste ; mais la solution concrète apporte avec elle cet imprévisible rien qui est le tout de l'oeuvre d'art. Et c'est ce rien qui prend du temps.

Ce texte se propose d'examiner la spécificité de l'activité artistique et son rapport au temps. Le travail de l'artiste est irréductible à une opération purement technique, car il implique le temps d'une façon absolument originale.    En effet, le savoir-faire technique annule la durée concrète car ses procédés sont connus d'avance et indéfiniment répétables. Il s'agit de reconstituer un objet en appliquant un schéma pré-donné.    A l'inverse, le travail artistique crée de la nouveauté et donc implique une maturation, des essais, des tâtonnements dont personne ne peut prévoir la durée, pas même l'artiste lui-même.    Tout ce que nous pouvons dire, c'est que cette durée fait partie intégrante de l'œuvre. En ce sens, elle est concrète.

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« donnera une œuvre différente.

On peut en tirer deux conséquences majeures : Chaque œuvre est singulière car aucune durée n'est remplie des mêmes événements.

La mesure extérieure du tempspar la montre reste superficielle.L'art est exercice de la liberté, puisque l'activité n'est pas normée, mais invente à chaque fois sa règle dedéveloppement.B - EXEMPLE DU PEINTRE : "LE PEINTRE" JUSQU'A LA FIN DU TEXTE Le couple essentiel est celui de l'"abstrait" et du "concret". Savoir abstraitement, c'est savoir par avance, mais en ignorant la singularité du processus menant au résultat. L'idée est exacte mais générale.

Ainsi, on peut savoir que le portrait ressemblera au modèle et au créateur.

Celui-ciopère avec des éléments connus de tous.

C'est donc la singularité de l'œuvre qui est concrète, ainsi que leprocessus qui y mène, en requerrant un temps d'invention qui lui est absolument propre. III - INTERET PHILOSOPHIQUE Il serait utile d'approfondir la réflexion autour du rapport entre art et technique.

On pourrait montrer que l'artimplique un savoir-faire, donc un temps d'apprentissage qui agit aussi dans la création, ce qui permettrait denuancer l'opposition établie dans ce texte. IV - DES REFERENCES UTILES Bergson :La pensée et le mouvant Merleau-Ponty :Le doute de Cézanne L'œil et l'esprit Kant :Critique de la faculté de juger V - LES FAUSSES PISTES Ne pas consacrer suffisamment d'attention au critère du temps et développer des considérations trop générales surl'opposition art/technique. VI - LE POINT DE VUE DU CORRECTEUR Texte intéressant et original qui permet de penser la différence art/technique dans son rapport au temps. BERGSON (Henri-Louis) .

Né et mort à Paris (1859-1941). Il fit ses études au lycée Condorcet et à l'École normale supérieure.

Il fut reçu à l'agrégation de philosophie en 1881.Il fut professeur de philosophie aux lycées d'Angers et de Clermont-Ferrand.

Docteur ès lettres en 1881, il enseignasuccessivement, à Paris, au collège Rollin, puis au lycée Henri IV, et, à partir de 1898, à l'École normale.

Titulaire,en 1900, de la chaire de philosophie grecque au Collège de France, puis de celle de philosophie moderne, il entra àl'Académie des Sciences morales et politiques en 1901, à l'Académie française en 1914, et reçut le Prix Nobel delittérature en 1927.

— La méthode philosophique de Bergson est l'intuition :« Nous appelons intuition la sympathiepar laquelle on se transporte à l'intérieur d'un objet pour coïncider avec ce qu'il a d'unique et par conséquentd'inexprimable.

» Les données immédiates de la conscience doivent être saisies dans leur vraie nature et non àtravers des notions que nous emprunterions à la connaissance de l'espace.

L'intuition pose les problèmes en termesde durée.

« Les questions relatives au sujet et à l'objet, à leur distinction et à leur union, doivent se poser enfonction du temps plutôt que de l'espace.» — Bergson distingue le temps véritable et psychologique du temps. »

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