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Bergson: généralités et symboles

Publié le 18/04/2005

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Nous nous mouvons parmi des généralités et des symboles... Bergson

Quand nous éprouvons de l'amour ou de la haine, quand nous nous sentons joyeux ou tristes, est-ce bien notre sentiment lui-même qui arrive à notre conscience avec les mille nuances fugitives et les mille résonances profondes qui en font quelque chose d'absolument nôtre?

Le mot brutal, qui emmagasine ce qu'il y a de stable, de commun et par conséquent d'impersonnel dans les impressions de l'humanité, écrase ou tout au moins recouvre les. impressions délicates et fugitives de notre conscience individuelle.

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« effet, sinon une juxtaposition de mots ? En tant que réalité discontinue, spatiale, il nous amène à percevoirun monde de choses toutes faites, extérieures les unes aux autres, extérieures à nous-même.

De même, enextériorisant la vie de notre conscience dans les mots, nous découpons ses différents moments, nous lesisolons, les juxtaposons, nous les spatialisons et les dénaturons.

Ce qui se dérobe à nous, c'est donc aussi lamobilité, la vie.

Au flux se substitue une « congélation artificielle » et « nous nous mouvons parmi desgénéralités et des symboles ».Ainsi, entre les choses et nous, entre nous et notre propre conscience, s'interpose le voile des mots, « voileépais pour le commun des hommes, voile léger, presque transparent pour l'artiste et le poète ».

Notre visiondes choses et de nous-même est une vision déformée par les mots :« Si la réalité venait frapper directement nos sens et notre conscience, si nous pouvions entrer encommunication immédiate avec les choses et avec nous-mêmes, je crois bien que l'art serait inutile, ouplutôt que nous serions tous artistes, car notre âme vibrerait alors continuellement à l'unisson de la nature.»Nous pourrions alors voir et entendre :« Nos yeux, aidés de notre mémoire, découperaient dans l'espace et fixeraient dans le temps des tableauxinimitables.

Notre regard saisirait au passage, sculptés dans le marbre vivant du corps humain, desfragments de statue aussi beaux que ceux de la statuaire antique.

Nous entendrions chanter au fond de nosâmes, comme une musique quelquefois gaie, plus souvent plaintive, toujours originale, la mélodieininterrompue de notre vie intérieure.

Tout cela est en nous, et pourtant rien de tout cela n'est perçu parnous distinctement.

»Bergson ne cesse, dans son oeuvre, de meure en évidence les lacunes du langage et de l'intelligenceanalytique.

L'un et l'autre sont nés des exigences de l'action et sont donc aveugles à l'élan créateur de lavie et de la conscience.

La réalité absolue qui est « vie incessante, action, liberté » est ineffable.

Il n'y apas d'autre manière de la connaître que de s'unir, de se confondre avec la vie.

Ce retour vers les chosesmêmes est ce que Bergson nomme « intuition ».

C'est, dit-il, « une sympathie par laquelle on se transporte àl'intérieur d'un objet pour coïncider avec ce qu'il a d'unique et, par conséquent, d'inexprimable ».

A son plushaut degré, elle est « la prise de contact et la coïncidence parfaite avec l'élan créateur que manifeste lavie, élan qui est de Dieu, si ce n'est Dieu lui-même ».Le mérite de Bergson est d'attirer notre attention sur une certaine vision de la réalité et de nous-même, unevision trop soucieuse, trop humaine.

Notre vision se limite le plus souvent à l'utile.

Nous ne voyons pas pourvoir, mais pour agir.

Nous nous aliénons dans la matérialité des choses.

D'où notre impuissance à saisir lasingularité, l'originalité, le devenir en création.

Pour voir, il faut prendre soin de regarder comme il faut.

Sil'artiste voit les choses mêmes, c'est parce qu'il a su se libérer de la servitude des besoins et du langage.Bergson nous invite donc à rompre avec nos manières toutes faites de sentir et de penser.

Seule une plusgrande attention aux choses et à nous-mêmes peut éveiller notre émotion créatrice et faire de nous devéritables acteurs de ce monde.. »

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