Devoir de Philosophie

Bergson et la technique

Publié le 10/01/2004

Extrait du document

bergson
Quand on fait le procès du machinisme, on néglige le grief essentiel. On l'accuse d'abord de réduire l'ouvrier à l'état de machine, ensuite d'aboutir à une uniformité de production qui choque le sens artistique. Mais si la machine procure à l'ouvrier un plus grand nombre d'heures de repos, et si l'ouvrier emploie ce supplément de loisir à autre chose qu'aux prétendus amusements qu'un industrialisme mal dirigé a mis à la portée de tous, il donnera à son intelligence le développement qu'il aura choisi, au lieu de s'en tenir à celui que lui imposerait, dans des limites toujours restreintes, le retour (d'ailleurs impossible) à l'outil, après suppression de la machine. Pour ce qui est de l'uniformité de produit, l'inconvénient en serait négligeable si l'économie de temps et de travail, réalisée ainsi par l'ensemble de la nation, permettait de pousser plus loin la culture intellectuelle et de développer les vraies originalités.

Ce texte de Bergson vise à formuler un jugement nuancé sur le machinisme. Son thème porte sur les avantages et désavantages comparés de la machine et de l'outil, du point de vue de l'épanouissement humain.    Le problème posé dans le texte est le suivant : n'y a-t-il pas, contrairement aux idées reçues, une supériorité, de ce point de vue, de la machine sur l'outil ?    La thèse de Bergson est que cette supériorité est bien réelle, parce que le machinisme libère du temps dans la vie de l'ouvrier, lui permettant de se consacrer à des activités moins aliénantes.    L'enjeu présent dans ce texte est de savoir si la civilisation du machinisme est compatible avec la liberté et la dignité humaine.  

bergson

« Ce choix se portera spontanément selon Bergson, sur des potentialités de son intelligence autres que cellessollicitées pour faire fonctionner sa machine. De là, Bergson conclut à l'infériorité de la civilisation de l'outil : l'homme est plus inventif quand il use d'outils, mais ily passe plus de temps , et laisse ainsi en friche des potentialités qui pourtant lui appartiennent. Bergson aperçoit cependant les limites de son argument : l'"industrialisme" suscite plutôt l'"amusement", c'est-à-direl'utilisation récréative des objets que l'ouvrier lui-même a produit, plutôt qu'il ne suscite un authentique geste deliberté. Mais la faute en revient, précise Bergson, moins au machinisme, qu'à la politique du développement industriel, quiest "mal dirigée". La raison de l'invalidité du deuxième reproche est la suivante (troisième moment de "pour ce qui est" à la fin dutexte) : L'uniformité des produits machiniques n'a pas d'effet sur l'esprit humain, à condition que les hommes usent de leurtemps libre pour épanouir leur originalité profonde. B - EXPLIQUER : "Réduire l'ouvrier à l'état de machine" : c'est le contrecoup du fonctionnement, essentiellement réglé etprédéterminé, de la machine sur son utilisateur.

"Prétendus amusements", "vraies originalités". Le machinisme mal compris et mal dirigé induit un cercle vicieux : l'ouvrier produit des objets, et, durant son tempslibre, continue à s'aliéner à ces mêmes objets. C'est là un amusement et une liberté illusoires.

La vraie originalité se trouve dans la recherche et dans la mise enoeuvre de nos facultés profondes. C - LE MACHINISME EST-IL UN OBSTACLE AU DEVELOPPEMENT DE LA CULTURE ? Non, selon Bergson à condition que les illusions de liberté qu'il engendre soient limitées par la "bonne direction" quele pouvoir politique a pour responsabilité d'imprimer à l'usage social des produits du machinisme. Mais on peut se demander si la civilisation des objets industriels ne s'est pas rendue indépendante, malgré lesdécisions politiques, de la volonté collective des hommes. III - LES REFERENCES UTILES. Marx dans Le Capital , propose une analyse bien différente du machinisme : celui-ci mobilise non pas des individusmais une classe collective d'hommes (les ouvriers). Ce n'est pas dans leur temps libre que les hommes découvrent leur liberté, mais au contraire en usine,collectivement, en prenant conscience que leur force de travail est aliénée à des fins qu'ils n'ont pas choisies. IV - LES FAUSSES PISTES. Faire du "retour à l'outil" le souhait de Bergson. Opposer l'"intelligence" au sens artistique, alors que dans ce texte, ils sont sur le même plan, par contraste avec lemachinisme.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles