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Le besoin de justice n'exprime-t-il que la jalousie des déshérités ?

Publié le 18/06/2004

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justice

Le besoin de justice est l'expression d'un ressentiment. L'homme qui a réussi à obtenir le pouvoir et la richesse est un homme satisfait. Il n'a pas à invoquer la justice pour changer sa condition. Seuls les prauves, insatisfaits de leur vie, réclament plus de justice.

MAIS...

La nature humaine aspire universellement à la dignité et au respect. La justice est ce qui permet à tout individu d'être respecté en tant que personne. Le besoin de justice est légitime et partagé de tous.

justice

« montre qu'il est juste que le supérieur l'emporte sur l'inférieur, et le plus capable sur le moins capable.

Lanature est le siège d'une lutte de forces, où la plus puissante est destinée à l'emporter et à dominer.

Lesbâtisseurs d'Empires n'ont pas autrement agi, en pillant, massacrant, pour s'approprier et dominer.

Lasoumission à la justice égalitaire est donc le fait des faibles, qui craignent les puissants et sont incapables dedominer. Le discours de Calliclès. "Certes, ce sont les faibles, la masse des gens, qui établissent les lois, j'en suis sûr.

C'est donc en fonctiond'eux-mêmes et de leur intérêt personnel que les faibles font les lois, qu'ils attribuent des louanges, qu'ilsrépartissent des blâmes.

Ils veulent faire peur aux hommes plus forts qu'eux et qui peuvent leur êtresupérieurs.

C'est pour empêcher que ces hommes ne leur soient supérieurs qu'ils disent qu'il est vilain, qu'ilest injuste, d'avoir plus que les autres et que l'injustice consiste justement à vouloir avoir plus.

Car, ce quiplaît aux faibles, c'est d'avoir l'air d'être égaux à de tels hommes, alors qu'ils leur sont inférieurs. Et quand on dit qu'il est injuste, qu'il est vilain, de vouloir avoir plus que la plupart des gens, on s'exprime ense référant à la loi.

Or, au contraire, il est évident, selon moi, que la justice consiste en ce que le meilleur aitplus que le moins bon et le plus fort plus que le moins fort.

Partout il en est ainsi, c'est ce que la natureenseigne, chez toutes les espèces animales, chez toutes les races humaines et dans toutes les cités ! Si le plus fort domine le moins fort et s'il est supérieur à lui, c'est là le signe que c'est juste. De quelle justice Xerxès s'est-il servi lorsque avec son armée il attaqua la Grèce (1), ou son père quand il fitla guerre aux Scythes ? Et encore, ce sont là deux cas parmi des milliers d'autres à citer ! Eh bien, Xerxès etson père ont agi, j'en suis sûr, conformément à la nature du droit - c'est-à-dire conformément à la loi, oui,par Zeus, à la loi de la nature -, mais ils n'ont certainement pas agi en respectant la loi que nous établissons,nous ! Chez nous, les êtres les meilleurs et les plus forts, nous commençons à les façonner, dès leur plus jeuneâge, comme on fait pour dompter les lions ; avec nos formules magiques et nos tours de passe-passe, nousen faisons des esclaves, en leur répétant qu'il faut être égal aux autres et que l'égalité est ce qui est beau etjuste.

Mais, j'en suis sûr, s'il arrivait qu'un homme eût la nature qu'il faut pour secouer tout ce fatras, leréduire en miettes et s'en délivrer, si cet homme pouvait fouler aux pieds nos grimoires, nos tours de magie,nos enchantements, et aussi toutes nos lois qui sont contraires à la nature - si cet homme, qui était unesclave, se redressait et nous apparaissait comme un maître, alors, à ce moment-là, le droit de la naturebrillerait de tout son éclat." PLATON, Gorgias, 483b-484a, trad.

Canto, Garnier-Flammarion, 1987, pp.

212-213. Les meilleurs n'ont pas besoin de justiceNietzsche fait de la «volonté de puissance» le principe même de toutejustice: « La vie est à mes yeux instinct de croissance, de durée,d'accumulation de force, de puissance : là où la volonté de puissancefait défaut, il y a déclin.

Ce que j'affirme, c'est que cette volonté depuissance fait défaut à toutes les valeurs supérieures de l'humanité–c'est que, sous les noms les plus saints, règnent sans partage desvaleurs de décadence, des valeurs nihilistes ».« Je fus le premier à voir la véritable opposition qui existe entre, d'unepart l'instinct en voie de dégénérescence qui se dresse contre la viedans une rancune souterraine [...] et d'autre part, une formuled'acquiescement supérieur, née de la plénitude et de la surabondance,un oui sans réserve à la vie, et même à la douleur, et même à la faute,à tout ce qu'il y a de déroutant et de problématique dans la vie...

»L'homme fort n'a besoin que de sa propre puissance.

Il est lui-même lajustice puisqu'il incarne la vie; cette vie qui s'affirme aux dépens deceux qui, de par leur faiblesse, sont incapables de la servir.

Le besoinde justice, d'égalité ou de religion est une défense contre la réalitédont on souffre, et qu'on dévalue et renie pour se réfugier dans unmonde imaginaire où l'on pourra se qualifier de « bon », et une façon dedénigrer les forts, les puissants, en les faisant passer pour « mauvais »,injustes, etc. Ce besoin est essentiellement une réaction, celle de ceux qui sont incapables d'agir.

Deleuze a commentéremarquablement Nietzsche en faisant valoir que si la morale aristocratique (dont Nietzsche se réclame)s'énonce « je suis bon donc tu es méchant », la morale des esclaves et des décadents se délivre par « tu esméchant donc je suis bon ».La première formule débute par une pleine affirmation de soi, une auto-exaltation, dont le « tu es méchant »n'est que la conséquence.

Les esclaves, les faibles se reconnaissent à ce qu'ils ré-agissent, sont des hommes. »

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