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Les besoins de l'homme relèvent-ils de la nature ou de la culture ?

Publié le 25/01/2004

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A un moment donné, ils posent un problème de vie et de mort ; impossible de subsister s'ils ne sont pas satisfaits : ils sont vitaux.Bergson nous a fait remarquer que seuls les animaux trouvaient dans la nature la satisfaction de leurs besoins. Il a souligné l'insuffisance des moyens humains dont l'homme disposait pour se défendre contre ses ennemis, contre le froid et la faim. C'est dire que, si la nature nous impose des besoins, l'homme n'y répondra qu'avec les ressources de son ingéniosité, par son intelligence et par la culture. C'est ce qu'enseigne déjà le vieux récit biblique : «Tu n'obtiendras ta nourriture qu'à la sueur de ton front.» La culture a d'abord été la culture du sol, la façon de le travailler et de le rendre fécond.La réponse culturelle de l'homme à la nécessité de se nourrir? C'est l'agriculture et l'élevage, la différence entre «le cru et le cuit », le développement de l'art culinaire, la restauration, des fast food à la Tour d'Argent, la production des boissons, la culture de la vigne et la fabrication des vins, l'organisation de la pêche, les fermes maritimes, l'art de la table, de la vaisselle et du service. La réponse au besoin d'abri ? - C'est le développement de l'habitat artisanal et industriel, de la cabane de pêcheur, du chalet de montagne et de la ferme aux grands ensembles des banlieues et aux confortables immeubles urbains.
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« Les besoins de l'homme se diversifient également en fonction des individualités et des personnalités humaines.

Noussavons de science qu'il n'y a pas, malgré les milliards d'hommes qui ont existé, qui existent ou qui existeront sur laterre, deux être humains identiques.

En chacun, donc, la nature, si elle conserve ses exigences fondamentales, sespécifie.

En chaque personne les tempéraments, les caractères nuancent les besoins.

C'est pourquoi, en toutecollectivité, chacun supporte si mal d'être traité comme «un numéro» et non comme celui ou celle qu'il est.

Il nesuffit pas de voir en lui la nature, il y a surtout en lui sa nature, enrichie en outre de culture.Se limiter aux besoins vitaux n'est pas traiter de l'ensemble des besoins humains.

L'homme ne vit pas que de pain.Quand il institua, en France, l'enseignement obligatoire, le ministre Jules Ferry parla de l'instruction comme «dupremier besoin de l'homme après le pain ».

Les besoins intellectuels de l'homme sont importants : il est naturellementcurieux, il veut savoir, il veut comprendre.

Il est naturellement actif : il a besoin d'exercer, pour le plaisir, sonactivité physique et son activité créatrice.

Il a naturellement des besoins sociaux de communication, de relation,d'amitié avec ses semblables.

A tous ces besoins aussi, la réponse est culturelle : c'est l'organisation del'enseignement, des écoles, des universités, la création des bibliothèques, la diffusion des livres, la presse, tous lesmédias.

Et ce sont les jeux, les sports, les arts.

C'est enfin la vie sociale, familiale, amicale, associative.

Nous voiciau coeur de la culture.

Nous sommes-nous éloignés de la nature ?Pas du tout.

Rien dans ce que nous venons de voir jusqu'à présent ne nous autorise à opposer la culture à lanature.

Il conviendrait plutôt de dire qu'il est dans la nature de l'homme de se donner une culture, et de répondreainsi, à sa façon, aux besoins que la nature a mis en lui.

Et que les besoins de l'esprit soient naturels, comment endouter? Les grottes de Lascaux montrent que, de tout temps, l'homme a été artiste, et l'observation des «primitifs»a fait voir qu'ils savaient se poser de hautes questions.Considérons, maintenant, que la culture est, elle-même, créatrice de besoins.

D'abord, parce que les façons de vivrequ'elle engendre sont génératrices d'habitudes.

Or, l'habitude est une seconde nature.

Si elle est propre à unepersonne, elle se manifeste, chez celle-ci, par des exigences spontanées.

Chacun de nous a des besoins, nés del'habitude, en matière de logement, d'installation, d'alimentation.

Si ces habitudes sont contrariées, il peut ensouffrir beaucoup, psychologiquement et physiquement.

J.-J.

Rousseau voulait qu'Émile couche à la dure, soit peu vêtu et entraîné à supporter le chaud et le froid.

Il redoutait, pour son élève,une éducation douillette qui l'aurait rendu fragile ou exigeant.La société actuelle introduit de l'artifice dans nos besoins.Un nombre considérable de machines, d'instruments, d'objets divers nous sontdevenus nécessaires alors qu'ils n'ont aucun rapport avec la nature.

Il y a,chez l'homme, une étroite parenté entre plaisir, désir et besoin.

Nous désironsspontanément ce qui nous fait plaisir mais, à force de nous satisfaire, nousressentons l'absence de cette satisfaction comme un manque.

Il nous encoûte de devoir nous déplacer à pieds, d'avoir notre poste de télévision enpanne, de calculer mentalement.

Un ordinateur nous devient nécessaire.

La«société de consommation» s'ingénie à créer en nous des besoins nouveaux,et des besoins temporaires, rapidement remplacés par d'autres.

Quelle sourcede désirs,et de mécontentements quand nous ne pouvons pas les satisfaire !Mais l'introduction de l'artifice est allée plus loin et n'a pas reculé quand ils'est agi de perturber en profondeur notre bonne et saine nature.

Je pense àl'usage habituel d'alcool, de tabac, de médicaments, de drogues diverses, àl'accoutumance redoutable qui en résulte, au besoin engendré qui peut allerjusqu'à une véritable dépendance.

Dans tous ces cas, la culture a altéré lanature ; elle nous a trahis.

Le sujet est devenu l'esclave de ses besoinsnouveaux et il ne pourra s'en libérer qu'avec l'aide psychologique et médicaleconvenables. De cette réflexion sur les besoins de l'homme, la philosophie peut tirer quelques conclusions :1 / La nature ne nous a donné que des besoins simples et faciles à satisfaire.

Bien des sages de l'Antiquité ont voulunous rappeler cette leçon.

Si du cynisme outrancier de Diogène nous n'avons à retenir que quelques anecdotespittoresques, l'enseignement d'Épicure garde aujourd'hui une valeur.

Il nous apprend que l'homme ne résiste nimatériellement ni moralement surtout à aucun excès.

Dès qu'il multiplie ses besoins, et qu'il les enfle parl'imagination, il introduit le trouble en lui-même.

Il est accablé sous le poids des choses dont il se fait une nécessité.Il y a un vrai bonheur dans la simplicité.

Un certain ascétisme est utile.2 / Ils sont rares, aujourd'hui, ceux qui voudraient vivre comme Épicure, en se limitant à la satisfaction des désirsnaturels et nécessaires.

La fierté et l'admiration que nous pouvons éprouver devant l'ingéniosité, la richesse et l'artdes réponses culturelles que nous avons apportées à la satisfaction de nos besoins vitaux sont légitimes.

En elles,l'homme s'est affirmé pour ce qu'il est : soucieux de dignité, sensible au plaisir, raffiné dans ses goûts, inventif,créateur, désireux de s'élever au-dessus du niveau naturel et d'affirmer dans son art sa maîtrise et sa liberté.

Lebien-être actuel est aussi un chemin de liberté si nous savons n'en pas être les adorateurs ni les esclaves.3 / L'homme ne vit pas que de pain.

Les besoins de son intelligence et de son affectivité sont grands.

Celui quin'accordera pas la première place à la culture personnelle et à la vie sociale vivra, sans doute, mais il ne vivra pasen homme.4 / Souvenons-nous, enfin, que certains plaisirs, certaines satisfactions passagères peuvent nous rendre esclaves.Pour défendre la liberté de notre esprit, sachons nous protéger contre tous les risques d'asservissement et dedépendance. SECONDE CORRECTION. »

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