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BHAGAVAD-GITA: La mort marque-t-elle le terme de l'existence ?

Publié le 14/03/2006

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T'apitoyant sur ceux qui n'ont que faire de pitié, tu parles le langage de la Sagesse. Mais les gens doctes ne s'apitoient ni sur ceux qui sont [déjà] partis, ni sur ceux qui ne le sont pas [encore]. En vérité, jamais ne fut le temps où je n'étais point, ni toi, ni ces chefs de peuples ; et, plus tard, ne viendra pas celui où nous ne serons pas. De même que, dans un corps donné, enfance, jeunesse, vieillesse échoient [en succession] à une âme incorporée, de même acquiert-elle [successivement] d'autres corps. Le sage ne s'y trompe pas. Fils de Kuntî, le contact avec les sensibles élémentaires procure les sensations de froid et de chaud, de plaisir et de douleur. O Bhâratide prends-le en patience : elles vont, viennent mais ne durent pas. L'homme ferme qu'elles n'ébranlent pas, ô Taureau parmi les hommes, et qui supporte d'une âme égale douleur et plaisir, c'est un sage prêt pour l'immortalité. Le non-être n'accède pas à l'existence, l'être ne cesse pas d'exister. La démarcation entre ces deux [domaines] est évidente pour ceux qui ont l'intuition de la réalité. Or, reconnais pour indestructible tout ce par quoi cet univers est issu. Ce qui est immuable nul ne saurait en provoquer la destruction. Ces corps ont une fin ; l'esprit qui s'y incarne est éternel, indestructible, incommensurable. Voilà ce qu'on proclame. C'est pourquoi combats, fils de Bharata. Celui qui le tient pour capable de tuer, celui qui le croit frappé à mort, aucun des deux ne possède la vraie connaissance : il ne tue pas ; il n'est pas tué. Jamais il ne naît ni ne meurt ; il n'a pas été, il ne sera pas à nouveau. Lui qui est inné, nécessaire, éternel, primordial, on ne le tue pas quand on tue le corps. La monade spirituelle qui la reconnaît comme indestructible, nécessaire, innée, ô fils de Prthâ, comment et qui ferait-elle tuer ou tuerait-elle ? À la façon d'un homme qui a rejeté des vêtements usagés et en prend d'autres, neufs, l'âme incarnée, rejetant son corps usé, voyage dans d'autres qui sont neufs. Les armes tranchantes ne la coupent point, le feu ne la brûle pas, l'eau ne la mouille pas, pas plus que le vent ne la dessèche. Elle ne peut être ni coupée, ni brûlée, ni mouillée, ni desséchée ; nécessaire, omniprésente, stable, inébranlable, elle est éternelle. On la dit au-delà des apparences, des concepts et des altérations. C'est pourquoi, toi qui sais cela, tu ne saurais t'apitoyer sur elle. Et même si tu la croyais vouée à [re]naître et [re]mourir sans cesse, même alors, ô héros aux grands bras, tu ne saurais t'apitoyer sur elle. En vérité, pour qui est né, la mort est certaine et certaine la renaissance pour qui est mort ; donc sur un sujet inéluctable, tu ne saurais t'apitoyer.

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