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Bien voir bien comprendre, bien agir

Publié le 07/04/2005

Extrait du document

On peut comprendre dans sa réserve que Kant reconnaît qu'une action s'inscrit dans un contexte que nous pouvons percevoir et comprendre jusqu'à un certain point. Comment se nouent dans ce contexte voir, comprendre et agir ?   Wittgenstein, dans les Recherches philosophiques, tente de montrer que le sens d'un mot ou d'une proposition se définit par son usage. Mais l'usage n'est pas seulement lexical pour Wittgenstein. Il s'agit plus largement d'un usage que l'on pourrait qualifier de pragmatique. Tout langage se construit à la manière d'un jeu dont les règles se définissent en même temps que le jeu est joué. Autrement dit, c'est en agissant qu'à chaque instant les mots que l'on utilise prennent leur sens. Comprendre le sens d'un mot revient alors à discerner les règles qui régissent son usage. « Voir », « comprendre » et « agir » sont totalement indissociables et s'articulent selon la règle correspondant à tel ou tel contexte. « Bien voir », « bien comprendre » et « bien agir » sont alors respectivement les perceptions, compréhensions et actions conformes à la règle de leur usage dans un contexte donné.

Analyse du sujet :

  • La difficulté de sujet tient essentiellement à sa forme : la juxtaposition de trois termes, chacun composé d'un verbe et d'un adverbe qui le nuance. Il ne s'agit ni d'une question, ni d'une affirmation (puisqu'il n'y a pas de verbe conjugué). Le sujet nous invite par conséquent à reconstruire le sens possible de cette juxtaposition. Ainsi pourrions-nous reformuler interrogativement le sujet en : « Quel sens donner à : bien voir, bien comprendre, bien agir ? «
  • C'est la légitimité de cette juxtaposition qu'il faut en premier lieu interroger. Elle suppose premièrement qu'il existe une articulation entre les trois termes : il s'agira donc de penser le rapport entre ces termes. Deuxièmement, elle les réunit en un tout. L'unité possible de ces termes doit donc également être évaluée.
  • Notons enfin que le ton donne une première piste de réflexion : notre sujet « sonne « comme un précepte méthodologique, une procédure à suivre. De quoi peut-il alors être le précepte ou la procédure ?
  • Voir et comprendre s'articulent bien dans une perspective épistémologique (en particulier empiriste). Agir, en revanche, nous transporte dans le champ de l'éthique : notre sujet établit ici une relation sur laquelle il faudra concentrer notre attention, entre théorie de la connaissance et théorie de l'action.
  • Enfin, il ne faudra pas omettre la présence de l'adverbe « bien « : bien voir, bien comprendre et bien agir ne signifient pas voir, comprendre et agir. De plus la nuance qu'il apporte n'est probablement pas la même pour chacun de nos trois verbes :
    • « bien agir «, dans la sphère de l'éthique, se comprend aisément : l'action n'est bonne que lorsqu'elle coïncide avec une norme, qui permet ainsi de distinguer le simple « agir « du « bien agir «.
    • « Bien comprendre «, en revanche peut signifier « comprendre plus « ou « comprendre véritablement «, ce qui s'opposerait par exemple à un « comprendre « vague qui signifierait alors « avoir une simple intuition «.
    • De même, « bien voir « peut signifier distinguer nettement, identifier, par opposition à un simple « voir « passif. (N'y a-t-il pas alors déjà une forme de compréhension dans la bonne vue capable d'opérer des distinctions ?)

Problématisation :

Rappel méthodologique :

Notre objectif, avons-nous déjà indiqué, est de reconstruire une signification possible de l'expression « bien voir, bien comprendre, bien agir «. Cette signification devra être apportée en réponse au sujet dans la conclusion de la dissertation. La problématique est l'ensemble hiérarchisé des problèmes que nous allons rencontrer qui nous empêche de remplir cet objectif.

Le premier problème est le rapprochement des trois termes qu'opère le sujet. Rien n'invite à penser en effet que « bien agir « ait un rapport avec « bien comprendre «, et encore moins avec « bien voir «. Une éthique dans laquelle la bonne action serait conditionnée par une bonne compréhension préalable ne serait-elle pas en effet réservée à ceux qui sont aptes à cette bonne compréhension ? Comment alors mettre en application ce type d'éthique élitiste ? De surcroît, la possibilité d'une mauvaise compréhension ne constituerait-elle une excuse toute trouvée à chacune de nos mauvaises actions ? D'où notre première question :

 

« Kant montre dans la Critique de la raison pratique que : « la raison pure est pratique par elle seule ».

Il nous est en effet impossible, lorsque nousagissons, de ne pas comparer la maxime de notre action (ce que nous faisonseffectivement) à l'impératif catégorique commandé à l'homme par sa raison(ce que nous devons faire).

Mal agir est certes possible mais cettecomparaison à laquelle nous n'échappons pas montre que nous aurionstoujours pu bien agir.

Kant démontre ainsi que chaque homme est entièrementresponsable de ses actes, parce que la raison autonome nous commande de bien agir. Se ranger derrière l'excuse d'une mauvaise compréhension ou d'un manque dediscernement apparaît alors impossible, puisque l'homme est toujours libre(autonome) de bien agir.

Dans cette perspective, bien voir et biencomprendre sont complètement indépendants du fait de bien agir.L'expression de notre sujet rapproche donc les trois termes de manièreillégitime, ce rapprochement rendant caduque toute éthique véritable.

L'unitéest impossible et l'articulation des deux premiers termes au troisièmeinexistante : elle n'est qu'une illusion défendue par ceux qui refusentd'assumer leur responsabilité. Transition : critique de Kant Pourtant, l'impératif catégorique se présente bien sous une formule : « Agis de telle sorte que la maxime de ta volonté puisse en même temps toujours valoir comme principe d'une législation universelle » ( Critique de la raison pratique , §7).

C'est bien dans un langage que se donne à l'homme l'impératif catégorique.

Pour pouvoir prétendre que celui qui agît est responsable de ses actes, ne faut-il pas alors au moins qu'il comprenne le sens de cet impératif que sa raison lui ordonne ? Seconde réserve : la raison est selon Kant présente en tout homme, en tant qu'avec l'entendement et la sensibilité,elle constitue la structure de notre esprit.

Que penser alors du jeune enfant ou du fou dénué de raison ? A partir dequel moment peut-on prétendre (indépendamment des lois juridiques qui déterminent légalement la responsabilité)qu'ils sont responsables de leurs actes ? Troisième objection : même à supposer que le fou ou l'enfant puisse comprendre le sens de l'impératif catégorique,comment pourraient-ils l'appliquer, au moment ou se pose pour eux la question « comment dois-je agir ? », sans undiscernement (bien voir) suffisant de la situation ? Plus encore, l'impératif donne pour critère de la volonté bonne la possibilité d'une validité universelle de l'action.

Comprendre le critère est une chose.

Opérer véritablement avantd'agir « l'expérience de pensée » d'une universalisation à titre de test requiert déjà des facultés de compréhensionet de discernement bien plus élevées. Le problème demeure donc de savoir quel critère permet d'affirmer que notre compréhension et notre discernementsuffisent à l'action bonne. II – Quel « voir » et quel « comprendre » suffisent au « bien agir » ? Le critère kantien de l'universalisation semble, lorsque celle-ci tente d'être effectuée pour déterminer si nos actionssont bonnes ou non, requérir un immense pouvoir de discernement et de compréhension : ils devraient être euxaussi universels pour que l'impératif catégorique puisse valoir comme une méthode pour le « bien agir ».

Or ils ne lesont pas.

Pour rendre justice à Kant, il faut préciser qu'il admet que « seule la volonté peut être dite bonne ».

Il adonc lui-même bien vu les limites de son impératif. Comment interpréter cette dernière proposition ? On peut comprendre dans sa réserve que Kant reconnaît qu'uneaction s'inscrit dans un contexte que nous pouvons percevoir et comprendre jusqu'à un certain point.

Comment se nouent dans ce contexte voir, comprendre et agir ? Wittgenstein, dans les Recherches philosophiques , tente de montrer que le sens d'un mot ou d'une proposition se définit par son usage .

Mais l'usage n'est pas seulement lexical pour Wittgenstein.

Il s'agit plus largement d'un usage que l'on pourrait qualifier de pragmatique .

Tout langage se construit à la manière d'un jeu dont les règles se définissent en même temps que le jeu est joué.

Autrement dit, c'est en agissant qu'à chaque instant les mots quel'on utilise prennent leur sens.

Comprendre le sens d'un mot revient alors à discerner les règles qui régissent son usage . « Voir », « comprendre » et « agir » sont totalement indissociables et s'articulent selon la règle correspondant à telou tel contexte.

« Bien voir », « bien comprendre » et « bien agir » sont alors respectivement les perceptions,compréhensions et actions conformes à la règle de leur usage dans un contexte donné.

C'est la conformité à la règlequi constitue dans cette perspective le critère permettant d'affirmer quel « voir » et quel « comprendre » suffisent. »

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