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Le bonheur est-il le bien suprême ?

Publié le 19/03/2004

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Si suprême désigne le plus élevé, ce au-dessus de quoi il n'y a rien, comment pourrions -nous refuser ce qualificatif au bonheur ? Qui ne reconnaîtrait dans cet état l'état le plus enviable, le plus désirable ? Déjà Pascal observait: "tous les hommes recherchent d'être heureux, cela sans exception; quelques différents moyens qu'ils y emploient, ils tendent tous à ce but". Aussi, le bonheur, point focal de toute existence humaine, ne semble pas nous être dû de droit, mais paraît procéder d'une insatiable recherche d'un "mieux et plus d'être", d'une inlassable maturation spirituelle. Mais, qu'est-il ? Dans une acception classique, un état de complète satisfaction remplissant et submergeant toute la conscience.  Aussi, la réponse à la question de savoir si le bonheur est le souverain bien semble aller de soi.  Pourtant, cette réponse affirmative s'impose sans même que nous possédions une définition claire du bonheur, ni de ce qu'il faut entendre par un "bien". En effet, si chacun s'accorde à reconnaître qu'il poursuit le bonheur, qui saurait enfermer une notion si peu déterminée dans une définition rigoureuse ? Quant à l'idée d'un bien en soi, car tel doit être le "bien suprême", elle est peut être encore moins claire. En effet, Si tous les hommes désirent le bonheur, il leur est difficile de déterminer avec une certitude complète ce qui pourrait les rendre heureux. Le plus souvent, ils entendent par « le bonheur « la satisfaction absolue et s'imaginent que seule la possession de ce qui leur manque pourrait les combler.  Au-delà de ces difficultés conceptuelles, l'évidence de la réponse éveille déjà des soupçons; car reconnaître immédiatement que nous ne plaçons rien au-dessus de notre bonheur, n'est-ce pas engager notre existence sous une règle parfaitement égoïste ?

« bien ne s'excluraient pas, que le mal pourrait être au service du bien.

La mise en évidence du bonheur desgens injustes indique le caractère contradictoire de l'identification du bonheur au bien suprême, car quandnous poursuivons le bonheur nous ne poursuivons pas nécessairement le bien. 2.2 Le bonheur est un faux principe. Faire du bonheur le souverain bien a des conséquences sur la primauté de ce bien, de suprême il devientmédiocre.

« Les épicuriens avaient admis, il est vrai, pour principe suprême des moeurs un principe entièrement faux, celui du bonheur , et substitué comme loi une maxime du choix arbitraire, d'après l'inclination de chacun ; mais ils se montrèrent assez conséquents , en abaissant leur souverain Bien d'autant, c'est-à-dire proportionnellement au niveau peu élevé de leur principe, et en espérant point de plusgrand bonheur que celui que peut procurer la prudence humaine (dont relève aussi la tempérance et lamodération des inclinations), bonheur qui, comme on sait, se révèle forcément assez mesquin , et très différent selon les circonstances.

» KANT, Critique de la raison pratique. 2.3 De l'indétermination du bonheur. « Le problème qui consiste à déterminer d'une façon sûre et générale quelle action peut favoriser le bonheurd'un être raisonnable est un problème tout à fait insoluble.

» Kant, Fondements de la métaphysique desmoeurs (1785). • Kant soucieux de distinguer les vrais des faux problèmes, explique que le problème du bonheur ne peut pasêtre résolu, parce que la notion de bonheur («Un maximum de bien-être dans mon état présent et dans toutema condition future») est paradoxale: soit le bonheur est intense comme un plaisir, mais alors on ne peut pasle penser (ni l'éprouver) dans la durée; soit il dure, mais alors il apparaît comme inférieur au plaisir ets'accompagne d'une certaine mélancolie.• Autrement dit, on n'est jamais satisfait d'être satisfait.

Kant conclut que le bonheur est un «idéal del'imagination», et que nul ne peut savoir avec certitude ce qu'il veut, tout désir allant de pair avec des mauxpossibles.• Pour parvenir à penser le bonheur, il faut le distinguer de la notion religieuse de félicité éternelle.

Il fautadmettre que le bonheur est contingent et dépend, quoi qu'en disent les stoïciens, de choses qui nedépendent pas de nous.

Peut-être est-ce là le secret du bonheur: être grandi par ce qui ne dépend pas denous.

Comme dans l'amour. Transition : Cette deuxième partie a permis de souligner les difficultés qu'il y avait à concevoir le bonheur comme bien suprême, notamment la disjonction entre moralité et bonheur et l'indétermination de ce dernier. Troisième partie : Le Souverain Bien ou la moralité condition du bonheur. 3.1 La moralité comme Bien suprême. Dans la Critique de la raison pratique, Kant montre que le bonheurindividuel, recherché par tout un chacun suivant ses proprespenchants, ne peut être une finalité morale.

La recherche du bonheurpeut fournir des maximes personnelles d'action, mais non des lois à lavolonté, même si l'on prend pour finalité le bonheur de tous.

Ladéfinition générale du bonheur est subjective, donc variable etchangeante.

On pourrait au mieux en tirer des règles générales, maisjamais des règles universelles (valables toujours et nécessairement),car la base en est l'expérience et ce que l'on en ressent.

La recherchedu bonheur ne peut donc aboutir à une éthique comportant des règlespratiques communes à tout être raisonnable.A la différence de ces éthiques eudémonistes (eudaimonia : bonheur)qui s'en remettent à la subjectivité de chacun pour apprécier lebonheur, la loi morale doit être valable pour toute volonté raisonnable.La morale repose sur des lois universelles et nécessaires (valables pourtous et que l'on ale devoir de respecter).

A la question que dois-jefaire ?, la morale répond : le devoir, et uniquement le devoir.

Lesouverain bien n'est pas le bonheur, mais la bonne volonté, c'est-à-dire la bonne intention, désintéressée, l'intention de faire le bien pourle bien, ou encore de faire le bien par devoir.

Elle repose sur unimpératif catégorique ("tu dois parce que tu dois") et non hypothétique("si tu veux obtenir tel résultat, fais ainsi").

Sans condition, il nerepose sur rien de sensible.

L'action n'est pas bonne suivant ses résultats, mais bonne en soi quand elle estfaite par devoir.

"Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu'elledevienne une loi universelle." Par ailleurs, le devoir commande le respect de la personne, de l'être raisonnableen tant que valeur absolue : l'humanité, que ce soit la sienne ou celle d'autrui, doit toujours être respectéecomme une fin absolue, et jamais traitée simplement comme moyen.

Seule cette volonté morale estautonome dans le sens où elle répond à la loi de raison qu'elle trouve en elle (et qui exige de nous plier àl'universalité), et non à des exigences sensibles, naturelles et empiriques, qui nous rendent dépendants,. »

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