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Le bonheur est-il le but de l'existence ?

Publié le 23/01/2004

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Je résolus, dis-je, enfin : au premier regard, en effet, il semblait inconsidéré, pour une chose encore incertaine, d'en vouloir perdre une certaine ; je voyais bien quels avantages se tirent de l'honneur et de la richesse, et qu'il me faudrait en abandonner la poursuite, si je voulais m'appliquer sérieusement à quelque entreprise nouvelle : en cas que la félicité suprême y fût contenue, je devais donc renoncer à la posséder ; en cas au contraire qu'elle n'y fût pas contenue, un attachement exclusif à ces avantages me la faisait perdre également. Mon âme s'inquiétait donc de savoir s'il était possible par rencontre d'instituer une vie nouvelle, ou du moins d'acquérir une certitude touchant cette institution, sans changer l'ordre ancien ni la conduite ordinaire de ma vie. Je le tentai souvent en vain. Les occurrences les plus fréquentes dans la vie, celles que les hommes, ainsi qu'il ressort de toutes leurs oeuvres, prisent comme étant le souverain bien, se ramènent en effet à trois objets : richesse, honneur, plaisir des sens. Or chacun d'eux distrait l'esprit de toute pensée relative à un autre bien : dans le plaisir l'âme est suspendue comme si elle eût trouvé un bien où se reposer ; elle est donc au plus haut point empêchée de penser à un autre bien ; après la jouissance d'autre part vient une extrême tristesse qui, si elle ne suspend pas la pensée, la trouble et l'émousse. La poursuite de l'honneur et de la richesse n'absorbe pas moins l'esprit ; celle de la richesse, surtout quand on la recherche pour elle-même, parce qu'alors on lui donne rang de souverain bien ; quant à l'honneur, il absorbe l'esprit d'une façon bien plus exclusive encore, parce qu'on ne manque jamais de le considérer comme une chose bonne par elle-même, et comme une fin dernière à laquelle se rapportent toutes les actions. Avez-vous compris l'essentiel ? 1 À quoi se résume le bonheur pour la plupart des hommes ?2 Pourquoi importe-t-il de se demander en quoi consiste une vie heureuse ?3 Comment définir le bonheur ?

Quel rapport pouvons-nous nouer (ou dénouer) entre ces deux notions particulières de bonheur et d’existence ? Le bonheur, d’abord, comporte un paradoxe dans son essence même. Nous pouvons convenir que tous le recherchent et que tous les existants espèrent y parvenir. Néanmoins, comme le rappelait Kant dans les Fondements de la métaphysique des mœurs, il nous est impossible d’en former un concept universalisable. Il est un pur produit de l’imagination. Nous recherchons ainsi quelque chose qui nous est propre. Peut-on cependant rechercher ce que l’on n’a pas perdu auparavant ? Le bonheur se présente donc comme un état de perfection qui nous a échappé et que nous chercherions à retrouver. Or, quand l’aurions-nous perdu ? Avant d’exister semble-t-il !  Comment cherchons-nous à le retrouver ? En existant semble-t-il aussi ! Par nos choix, nous déterminons nous-mêmes ce que nous sommes et nous cherchons  à être heureux par la voie qui nous est propre.  Or, il s’avère que l’existence ne semble pas être le  lieu privilégié du bonheur. Nous  pouvons faire ce triste constat devant tous les malheurs qui peuvent poncturer notre Histoire. Combien d’hommes, en effet, sont ou ont été heureux ? Si le bonheur est un but, à proprement parler, ce but est-il véritablement atteignable ou reste-t-il un idéal que nous n’atteindrons jamais ? Comment prétendre que le bonheur soit accessible dans l’existence alors que celle-ci semble le refuser éperdument ?

 

 

« le bonheur et l'existence.

Ainsi, nous pouvons dire avec Pascal que nous espérons toujours d'être heureux et quedu fait de cet espoir nous ne le serons jamais complètement.

Mais en plus nous pouvons avec Hegel retracer le tableau de l'histoire dans tout ce qu'elle a de malheureux : « Quand nousconsidérons ce spectacle des passions et que nous envisageons les suites deleur violence, de la déraison qui ne s'allie pas seulement à elles, mais aussiaux bonnes intentions, aux fins légitimes, quand de là nous voyons surgir lemal, l'iniquité, la ruine des empires les plus florissants qu'ait produits le géniehumain, nous ne pouvons qu'être remplis de tristesse par cette caducité et,étant donné qu'une telle ruine n'est pas seulement une œuvre de la nature,mais encore de la volonté humaine, en arriver en face de ce spectacle, à uneaffliction morale, une révolte de l'esprit du bien, s'il se trouve en nous.

» ( La raison dans l'histoire ).

L'existence étant pleine de ces désastres, qui ont bel et bien été choisis, ne peut donc avoir un quelconque rapport avec l'idée debonheur.

Bien plutôt, la présence de l'idée du bonheur en nous nous invite ànous révolter contre cette existence malheureuse. III/ Le bonheur est un aboutissement Les passions déréglées à l'œuvre dans l'histoire ainsi que les volontésdémesurées nous ont conduits à conclure que le bonheur n'avait pas sa placedans l'existence.

Seulement, nous pouvons revenir sur une dimension proprede l'existant.

Ce dernier a la possibilité de choisir ce qu'il sera pour toujours àtravers différentes possibilités qui s'ouvrent à lui.

Il a cependant, pouraccomplir ces choix, un outil bien particulier qu'il peut utiliser.

Si l'homme estle seul animal qui existe, il est aussi le seul qui fasse preuve de raison.

Or, quel serait l'intérêt de posséder uneraison si ce n'était pour écouter sa voix lorsque nous avons à faire des choix ? L'existant, en effet, n'a jamais uneattitude parfaitement neutre vis-à-vis des choix qu'il a à faire.

Il les fait toujours en fonction de ce qu'il vise àaccomplir.

Ne pouvons-nous pas alors admettre que la raison nous donne un modèle de vertu qui peut tout à faitêtre apparenté au bonheur ? Nous avions jusqu'à maintenant admis que le bonheur n'était que fruit de l'imagination.

Cependant, les êtres raisonnables ne peuvent-ils s'accorder sur un modèle de vertu qu'ils partageraient tous ? Ecoutons ici Aristote qui nous parle de ce modèle dans le livre I de l'Ethique à Nicomaque : « Jamais l'être qui possède le bonheur ne sera misérable.

Il ne sera pas facile de le déloger du bonheur ; les infortunes communes n'ysuffiront pas (…) Y a-t-il donc quelque raison qui nous empêche de déclarerheureux l'homme agissant selon une vertu parfaite et suffisamment pourvu debiens extérieurs ? Et cela non pendant un bref moment, mais pendant letemps qu'il a vécu ? N'est-il pas vrai que l'avenir nous est caché et que nousconvenons de proclamer le bonheur une fin, et une fin parfaite, absolumentdans tous les cas ? » Le bonheur, malgré le devenir de l'existence, peut doncpermettre une certaine stabilité à travers les aléas de l'existence.

Mieuxencore, le fait que nous ne connaissions pas l'avenir (ce qui est le propre del'existant) nous autorise à penser que le bonheur puisse être atteint et qu'entous les cas il constitue la fin la plus parfaite que tout existant recherche. Conclusion : -Nous ne pouvons exister si nous ne nous représentons pas le bonheur. -L'existence est par ailleurs le lieu de nombreux malheurs. - Acquérir une constance au-delà de ces aléas reste néanmoins le bonheur le plus parfait. Le bonheur est le but de l'existence .. »

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