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Bonheur comme dignité

Publié le 20/01/2004

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Ne va-t-il pas en user pour se livrer à des excès ? « Bref il est incapable de déterminer, avec une entière certitude, d'après quelque principe, ce qui le rendrait heureux. » Certes des conseils empiriques sont toujours bons à recevoir : un régime alimentaire, l'économie, la politesse, la réserve, « toutes choses qui, selon les enseignements de l'expérience, contribuent en thèse générale pour la plus grande part au bien-être » Mais lorsqu'il s'agit de la moralité, son impératif catégorique (qui ne concerne que la forme de son action) ne saurait relever de suppositions empiriques, ou même s'appuyer sur des exemples. La moralité ne renvoie pas à l'inclination, à la subjectivité, à la particularité ; elle ne distribue pas de conseils, elle énonce des commandements, elle dit la loi : « Il n'y a que la loi qui entraîne avec soi le concept d'une nécessité inconditionnée, véritablement objective, par suite d'une nécessité universellement valable, et les commandements sont des lois auxquelles il faut obéir, cad se conformer même à l'encontre de l'inclination. » Mais il y a pourtant selon KANT un lien entre bonheur et moralité. Ce qu'il y a d'acquis, certes, c'est que le bonheur (qui peut se définir comme la satisfaction de toutes nos inclinations) n'est pas le critère de la moralité, car, marqué par l'empirisme et non la rationalité, il n'est pas capable de fournir le principe d'une législation. Mais cependant, si la loi pratique qui a pour mobile le bonheur est une loi « pragmatique », une règle de prudence, la loi morale n'a d'autre mobile que de mériter le bonheur... Laissons, pour terminer la parole à KANT dans la « Critique de la raison pure » : « A la question « Que dois-je faire ? », voici la réponse : « Fais ce qui te rend digne d'être heureux » ; à la question « Que m'est-il permis d'espérer ? », il faut répondre : il est nécessaire de supposer que « Chacun a un sujet d'espérer le bonheur dans l'exacte mesure où il s'en est rendu digne par sa conduite ».

« celui de la nature, il est bien plus spécifiquement celui de la culture.

Les hommes ne sont pas des choses, mais desêtres raisonnables, qui n'agissent pas tellement sous la pression des contraintes de la nature mais bien plutôt selonleur volonté.

Autrement dit, dans leurs actions, les hommes ont la capacité d'agir selon des principes, selon lareprésentation qu'ils se font de ce qui est raisonnable.

Eux aussi (comme les choses de la nature) obéissent à deslois, mais en tant qu'êtres de culture ils obéissent consciemment à des lois qu'ils se sont données eux-mêmes et quisont conformes à la raison.

Le malheur de l'homme tient à ce qu'il n'est pas entièrement un être raisonnable, qu'iln'est pas totalement déterminé dans ses actions par la représentation objective du bien.

Entre la loi et lui (cad sonvouloir) doit s'interposer le devoir qui s'exprime par des impératifs. Mais KANT opère la distinction entre des impératifs hypothétiques et des impératifs catégoriques.

A chaque fois, il s'agit de l'homme conçu comme un sujet capable d'être déterminé pratiquement par la raison, et se posant laquestion de savoir si l'action qu'il va entreprendre est bonne ou non.

Ou bien cette action est bonne comme unmoyen obligé pour obtenir quelque chose d'autre, et l'impératif (qui est la formule par laquelle est déterminé l'action)est un impératif hypothétique.

Ou bien l'action qui doit être accomplie est bonne « en soi », elle est nécessaire parelle-même, elle est sans rapport avec un autre but, et l'impératif qui la commande est catégorique. Le détour par cette grille conceptuelle est nécessaire pour comprendre ce qu'il en est du bonheur dans lesystème de KANT .

Il faut savoir aussi que KANT distingue, parmi les impératifs hypothétiques, ceux qu'il appelle « problématiques » (se rapportant à une fin seulement possible) et ceux qu'il appelle « assertorique » (se rapportant à une fin réelle).

En effet ,il dit : « Il y a une fin que l'on peut supposer réelle chez tous les êtres raisonnables, [...] un but qui n'est pas pour eux une simple possibilité, mais dont on peut certainement admettre que tous se leproposent effectivement en vertu d'une nécessité naturelle, et ce but est le bonheur.

L'impératif hypothétique quireprésente la nécessité pratique de l'action comme moyen d'arriver au bonheur est ASSERTORIQUE. » L'impératif qui commande les actions à accomplir pour atteindre le bonheur n'est pas un impératif catégorique, maisseulement un impératif hypothétique : « L'impératif qui se rapporte au choix des moyens en vue de notre bonheur propre, cad la prescription de la prudence, n'est toujours qu'hypothétique ; l'action est commandée, non pasabsolument, mais seulement comme moyen pour un autre but. » Mais il y a un impératif qui ne se propose pas comme condition un autre but à atteindre.

Un impératif qui concerne« non la matière de l'action, ni ce qui doit en résulter, mais la forme et le principe ».

Cet impératif est catégorique. « Cet impératif peut être nommé « l'impératif de la MORALITE .

» Ainsi, selon KANT , y a-t-il à distinguer entre bonheur et moralité.

Alors que la moralité est tout entière tournée vers le rationnel et l'universel, le bonheur est de l'ordre de l'empirique et du particulier : « malgré le désir qu'a tout homme d'arriver à être heureux, personne ne peut dire en termes précis et cohérents ce que véritablement il désire et ilveut.

» Et de se moquer longuement des alternatives où il est impossible de trancher.

L'homme veut la richesse ? Mais quede soucis, d'envies, de pièges cela ne va-t-il pas provoquer ! L'homme veut la connaissance ? Cela risque de luidonner une vue plus claire des maux qui le menacent ! L'homme veut une longue vie ? Ne sera-ce pas un cortège delongues souffrances ? L'homme veut la santé ? Ne va-t-il pas en user pour se livrer à des excès ? « Bref il est incapable de déterminer, avec une entière certitude, d'après quelque principe, ce qui le rendrait heureux. » Certes des conseils empiriques sont toujours bons à recevoir : un régime alimentaire, l'économie, la politesse, la réserve,« toutes choses qui, selon les enseignements de l'expérience, contribuent en thèse générale pour la plus grandepart au bien-être » Mais lorsqu'il s'agit de la moralité, son impératif catégorique (qui ne concerne que la forme de son action) ne saurait relever de suppositions empiriques, ou même s'appuyer sur des exemples.

La moralité nerenvoie pas à l'inclination, à la subjectivité, à la particularité ; elle ne distribue pas de conseils, elle énonce descommandements, elle dit la loi : « Il n'y a que la loi qui entraîne avec soi le concept d'une nécessité inconditionnée, véritablement objective, par suite d'une nécessité universellement valable, et les commandements sont des loisauxquelles il faut obéir, cad se conformer même à l'encontre de l'inclination.

» Mais il y a pourtant selon KANT un lien entre bonheur et moralité.

Ce qu'il y a d'acquis, certes, c'est que le bonheur (qui peut se définir comme la satisfaction de toutes nos inclinations) n'est pas le critère de la moralité, car, marquépar l'empirisme et non la rationalité, il n'est pas capable de fournir le principe d'une législation.

Mais cependant, si laloi pratique qui a pour mobile le bonheur est une loi « pragmatique », une règle de prudence, la loi morale n'a d'autre mobile que de mériter le bonheur...

Laissons, pour terminer la parole à KANT dans la « Critique de la raison pure » : « A la question « Que dois-je faire ? », voici la réponse : « Fais ce qui te rend digne d'être heureux » ; à la question « Que m'est-il permis d'espérer ? », il faut répondre : il est nécessaire de supposer que « Chacun a unsujet d'espérer le bonheur dans l'exacte mesure où il s'en est rendu digne par sa conduite ».

Il s'ensuit que lesystème de la moralité est inséparablement lié à celui du bonheur, mais uniquement dans l'idée de la raison pure.

» Mais le bonheur n'est pas ce qui est premier ; ce qui doit l'être, c'est de nous mettre d'abord, dans nos actions, enaccord avec la loi morale.

C'est cet accord qui nous donnera « le mérite qui rend digne du bonheur ». KANT a sans douter raison de souligner que le bonheur est un idéal de l'imagination et que si tous les hommes souhaitent y parvenir, ils ne peuvent cependant dire de manière déterminée et cohérente ce qu'ils veulent.

Resteque, pour KANT , la recherche du bonheur est seconde par rapport à la loi morale qui commande impérativement et qu'elle n'a de valeur que lorsqu'elle est un devoir, cad lorsque l'homme a définitivement perdu tout espoir d'êtreheureux.. »

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