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N'y a-t-il de bonheur de que dans l'instant ?

Publié le 02/12/2005

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Si le bonheur n'existe que dans l'instant, est-il indépendant de notre volonté ? Si l'on ne peut être heureux que dans l'instant, comment en faire une quête ? S'il ne peut être prolongé, comment peut-il exister des principes pour être heureux ? É picure (Lettre à Ménécée) donne des règles pour accéder au bonheur, pour faire du bonheur un état durable. Si le bonheur est un état d'esprit, cela implique à la fois que le bonheur n'est pas simplement dans un instant, mais que ce n'est pas non plus un état dans lequel on peut s'installer. C'est comme une coloration des choses, une attitude plus qu'un état (peut-être une attitude qui consiste à aimer ce qui se présente). Une telle définition permet d'intégrer l'idée de contingence et de dépasser le point de vue épicurien selon lequel certaines choses ne dépendent pas de nous dont il faudrait se séparer pour atteindre le bonheur. Ici, au contraire, l'idée serait que le bonheur est dans l'accord avec la contingence.

« Dans l'Éthique à Nicomaque, Aristote conduit l'analyse de ce qui motive lesactions humaines.

Chacun conçoit le bien et le bonheur d'après sa propre vie.Pour le plus grand nombre, le bonheur se définit par une vie de jouissance etde plaisirs ; on en trouve d'ailleurs souvent l'exemple parmi ceux quigouvernent.

Pour un nombre plus restreint ("l'élite et les hommes d'action"), lebonheur est placé dans la récolte des honneurs et des louanges : tel est lebut en général recherché par ceux qui font de la politique.

Il existe enfin untroisième type de bien, relatif à un tout petit nombre ("cette fin a davantagerapport avec ceux qui accordent les honneurs qu'avec ceux qui lesreçoivent").

Ce vrai bien est individuel et inaliénable.

Ce ne sont ni leshonneurs qui rassurent — où l'on cherche la reconnaissance de gensintelligents —, ni même la vertu.

Car on peut être vertueux et rester inactiftoute sa vie ; ou, bien pire, endurer bon gré mal gré "les pires maux et lespires malheurs" : on peut être vertueux et terriblement malheureux.

Lesouverain bien est un bien qui est recherché pour lui-même et non en vued'autre chose (comme l'argent par exemple), il est tout à la fois moyen et fin.Seul le bonheur est en mesure de répondre à cette définition et Aristote lefait résider dans l'activité de l'esprit, partie la plus haute et la plus noble del'homme, dont l'activité est plus durable et continue que tout autre actionpratique.

Elle procure un plaisir certain, tant il est vrai qu'il y a plusd'agrément à vivre dans le savoir que dans l'ignorance, et enfin elle est indépendante, ne répondant que d'elle-même : sa finalité lui est immanente (elle ne dépend pas d'un résultatextérieur plus ou moins bon), et elle se nourrit du loisir à la différence de toutes les autres activités qui sontlaborieuses. L'objection est facile : on sait - et par expérience ! - que le bonheur, quelle que soit la conception que l'on en a, nese laisse pas maîtriser si facilement.

Même s'il est déplaisant de le considérer comme un « don du ciel », il n'estguère réaliste de prétendre qu'il survient à volonté, ou à force d'entraînement.

Nous voici renvoyés à la satisfactiondu moment, mais en constatant qu'il nous appartient, au moins en partie, de la préparer : j'aurai plus de chanced'être satisfait en allant voir un filin dont je pense qu'il peut nie plaire, plutôt qu'un autre dont je sais à l'avance queje l'aimerai pas. [III.

Le bonheur introuvable] Mais on doit considérer aussi que.

quelles que puissent être les précautions que je prends pour en favoriser l'arrivée.le bonheur dépend simultanément de trop nombreux facteurs indépendants de ma volonté pour que je puisseprétendre le maîtriser, même partiellement.

Rien, de plus, ne me permet d'affirmer que ce qui me rend heureux agitde même pour tous les hommes : il y a dans le bonheur trop d'éléments liés à la subjectivité ou même à la simplesensibilité individuelle, pour que ce qui le produit paraisse universalisable.Kant préfère en conséquence considérer que le bonheur n'est rien d'autre qu'un idéal de l'imagination, qu'on ne peutdonner comme fin à la vie morale, et qui n'est en rien lié à la vertu (on peut être malheureux en pratiquant la vertu,pourquoi pas heureux sans être vertueux ?).

Les « petits bonheurs » restent évidemment possibles dans lequotidien, mais ils sont sans véritable importance.

Si le bonheur doit nous échoir, nous devons le penser «idéalement » comme une plénitude totale, ce qui implique qu'elle soit sans fin : il devrait concerner l'âme dans sonimmortalité, à condition qu'elle le mérite, et que la grâce divine le lui attribue... Le bonheur chez Kant. « Pour l'idée du bonheur un tout absolu, un maximum de bien-être dans monétat présent et dans toute ma condition future, est nécessaire.

Or il estimpossible qu'un être fini, si perspicace et en même temps si puissant qu'on lesuppose, se fasse un concept déterminé de ce qu'il veut ici véritablement.Veut-il la richesse ? Que de soucis, que d'envie, que de pièges ne peut-il paspar là attirer sur sa tête ! Veut-il beaucoup de connaissance et de lumières ?Peut-être cela ne fera-t-il que lui donner un regard plus pénétrant pour luireprésenter d'une manière d'autant plus terrible les maux qui jusqu'à présentse dérobent encore à sa vue et qui sont pourtant inévitables, ou bien quecharger de plus de besoins encore ses désirs qu'il a déjà bien assez de peineà satisfaire.

Veut-il du moins la santé ? Que de fois l'indisposition du corps adétourné d'excès où aurait fait tomber une santé parfaite, etc.

! Bref, il estincapable de déterminer avec une entière certitude d'après quelque principece qui le rendrait véritablement heureux : pour cela il lui faudraitl'omniscience.

[...] Il suit de là que les impératifs de la prudence, à parlerexactement, ne peuvent commander en rien, cad représenter des actionsd'une manière objective comme pratiquement nécessaires, qu'il faut les tenirplutôt pour des conseils que pour des commandements de la raison ; leproblème qui consiste à déterminer d'une façon sûre et générale quelle actionpeut favoriser le bonheur d'un être raisonnable est un problème tout à fait. »

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