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Le bonheur est-il une question personnelle ou relève-t-il de le société dans laquelle on vit ?

Publié le 26/10/2005

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Rôle de la subjectivité]Il est difficile, sinon impossible, de juger du bonheur d'autrui. Mon voisin me paraît riche, sa maison est confortable, il dispose d'une automobile luxueuse, sa santé et celle de sa famille sont bonnes, etc. : cela suffit-il pour que je puisse affirmer sans erreur possible qu'il jouit d'un bonheur complet ? Admettons que les « signes extérieurs » d'après lesquels je juge sa situation aient pour lui la même signification que pour moi, peut-être est-il en fait taraudé par un malaise invisible ; peut-être les relations qu'il a avec ses collègues de travail sont-elles très mauvaises ; peut-être son aisance financière est-elle trompeuse... Il n'y a que lui qui puisse savoir s'il est réellement satisfait de son existence.Si le bonheur suppose un accord, une harmonie sans faille entre un individu, son mode d'existence et le monde qui est le sien, seul cet individu peut simultanément vivre cet accord et en avoir conscience. [B. Sentiment et conditions du bonheur]Faut-il en déduire qu'il appartient aussi à la personne, et précisément parce qu'elle est seule juge de son bonheur éventuel, d'en définir aussi les conditions ? Faut-il admettre que le proverbe aurait raison, qui affirme que « chacun trouve son bonheur où il veut », ou « comme il peut » - ce qui semble assez différent. Si la volonté du bonheur paraît universelle (on imagine mal un homme cherchant systématiquement à être malheureux), le pouvoir d'y accéder peut ne pas être aussi bien partagé.
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« [III - Une question personnelle, privée, et difficile] [A.

Aucune société ne rend l'homme heureux]La divergence entre les exigences de l'organisation sociale et les espoirs individuels est, si l'on en croit Freud, d'unenature telle qu'aucune société n'est organisée pour rendre l'homme intégralement heureux.

Si le bonheur doitconsister en la satisfaction de toutes les pulsions de l'inconscient, l'homme est en effet condamné à ne jamais êtreheureux, puisque son intégration dans un corps social détermine nécessairement le refoulement de ses pulsions lesplus profondes, et donc sa frustration. [B.

L'aliénation]Mais le social est dangereux aussi en ce qu'il proposerait des satisfactions trompeuses.

Depuis Rousseau, et toutparticulièrement lorsqu'on a analysé la société dite « de consommation », philosophes et sociologues déplorentl'aliénation du sujet par les tentations que lui impose le monde marchand : la surenchère dans l'« avoir »,l'acquisition toujours renouvelable d'objets sans réelle valeur de satisfaction, finissent par occulter totalement l'«être » et son aptitude au bonheur.

L'homme moderne, s'il est bien, comme le dit Rousseau, « toujours hors de soi »,ignorerait la réalité du « privé ».

Dans de telles conditions, définir le bonheur comme « affaire privée » serait plusnostalgique que réaliste. [C.

Les conflits entre « affaires privées »]De plus, il va de soi que, même si l'on admet que le bonheur comme « affaire privée » reste concevable ou possible,on se heurte au problème de l'harmonisation des bonheurs individuels : comment garantir que la quête de l'un nevienne pas gêner celle d'un autre, ou la nier ? Il apparaît ainsi que le corps collectif, même si on ne doit pas enattendre un réglage des conduites susceptibles d'aboutir au bonheur, doit néanmoins se préoccuper d'interdire cellesqui pourraient avoir tendance à se considérer comme disposant de tous les droits au bonheur, et seules légitimes.On supporterait difficilement, même si l'exemple est caricatural, qu'un sadique atteigne à titre très privé son bonheur en massacrant ses partenaires, sans provoquer de réaction de la société...

Si l'on admet l'existence d'un « droit aubonheur » (non codifiable), on doit admettre aussi que ce droit, comme tous les autres, doit être équitablementpartagé entre tous : la libertéprivée » qui peut s'y exercer ne peut, une fois de plus, qu'être soumise aux lois générales de la collectivité. Conclusion La réflexion sur le bonheur ne peut faire abstraction du caractère social de l'homme, en sorte que, même si l'onsouligne le caractère privé du bonheur, on se trouve obligé de tenir compte, dans sa quête, de la présence desautres.

Réduire la sphère privée à : « Il faut cultiver son jardin » paraît terne lorsqu'il y va du bonheur, et l'on doitpar ailleurs se demander si un bonheur peut être authentique en s'accomplissant dans l'ignorance totale des autres.. »

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