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Bonne volonté et vie morale ?

Publié le 25/03/2004

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morale

C'est une forme, une façon de vouloir, qui peut s'appliquer à des contenus opposés. Et cependant il serait extrêmement intéressant de préciser la nature d'une disposition dont on pressent le rôle capital en morale. Essayons-le en recueillant les affirmations de la conscience morale, en nous demandant ce qu'on exige communément d'un homme pour lui reconnaître une totale bonne volonté.

B. Essai pour dégager les principaux traits de la bonne volonté telle qu'elle apparaît à la conscience morale.

- Dans la première section des fondements de la métaphysique des moeurs, KANT commence par interrogerle « jugement moral populaire (qui est fort respectable) «. Il dégage d'abord le caractère purement formel de la bonne, volonté : elle ne dépend pas « de la réalité de l'objet de l'action, mais du principe du vouloir selon lequel l'action a été produite «. Et pour dire quel est ce principe, il fait appel à l'idée de devoir : la volonté est bonne quand elle s'élève au-dessus des attraits sensibles pour être mue uniquement par le sentiment de respect devant une loi. Cette notation est très juste; il faudrait cependantla compléter, car la vie morale n'apparaît pas seulement avec cet aspect de soumission à une règle abstraite, elle ressemble parfois à l'amour passionné d'une personne. Dans Les deux sources de la morale et de la religion...

morale

« II.

RÔLE DE LA BONNE VOLONTÉ DANS LA VIE MORALE. A.

C'est la bonne volonté qui mesure notre valeur morale.

— Si telle est la nature de la bonne volonté, il sembleévident non seulement qu'elle a un rôle moral, mais que toute notre valeur morale dépend d'elle.

La moralité doit eneffet se mesurer à ce qui est en notre pouvoir, c'est-à-dire aux dispositions de notre volonté, et il suffit que notrevolonté soit totalement bonne pour que notre bonté morale soit totale. B.

Pourquoi l'on peut cependant poser le problème du rôle moral de la bonne volonté.

— Cependant, le problème durôle moral de la bonne volonté peut se poser quand on constate les réalisations concrètes déplorables quepoursuivent parfois des hommes de bonne volonté.

Car il faut bien comprendre qu'il ne suffit pas de vouloirsincèrement le bien de tous les hommes pour le procurer effectivement.

Le bien de l'homme requiert normalement uncertain nombre de conditions concrètes; il est fort difficile par exemple de se développer, même moralement, quandon manqued'un minimum de bien-être ou d'indépendance.

Or, l'organisation d'une société, qui place tous les hommes dans lesconditions les plus favorables, est un problème technique très difficile et qu'un généreux idéal ne rend pasnécessairement capable de résoudre.

Des hommes de bonne volonté pourront donc se tromper et devenir unobstacle au progrès matériel et même moral.

Comment les juger ? C.

Il faut maintenir notre première affirmation, mais en la précisant.— Des esprits positifs les jugeront sévèrement.

Non seulement ils reconnaîtront à la société le droit de s'opposer àleur action, mais ils porteront contre eux une condamnation pure et simple.

Par exemple, M.

BAYET, dans son livreLa morale scientifique (p.

26-27), voudrait qu'on juge de la valeur morale .d'un homme comme on juge de la valeurprofessionnelle d'un comptable.

On ne dit pas qu'un comptable est bon quand il s'applique bien à son travail, maisquand il obtient des résultats justes; de même il faudrait, en morale, cesser de considérer l'intention el se demanderseulement si les résultats obtenus sont socialement utiles.Et pour nous y obliger, le même auteur ajoute : « Tant qu'on prêchera la morale de la bonne volonté, ou del'intention, les hommes se désintéresseront de toutes les études sociales.

Les réformateurs pourront, en particulier,continuer à montrer les méfaits d'un certain capitalisme; ils n'arriveront pas à troubler les consciences des bourgeoisqui se disent : A quoi bon s'informer, peut-on mal agir quand on agit avec bonne volonté ?Ces objections ne nous semblent pas très fortes.

Il est permis de condamner le comptable consciencieux et quicalcule mal, parce qu'il a choisi librement le métier de comptable sans avoir les aptitudes suffisantes.

Mais il n'estpas permis de condamner l'homme qui s'efforce de remplir sa tâche morale et qui se trompe, car nous ne sommespas libres de choisir le métier d'homme moral et tout ce qu'on peut nous demander pour ce rôle, qui nous est imposéà tous, c'est notre totale bonne volonté.

Quant à l'accusation de tranquilliser les consciences à peu de frais et dedétourner des réflexions stimulantes, elle va simplement nous permettre d'insister sur le point suivant : La bonnevolonté inclut en elle la recherche sérieuse des organisations sociales, des techniques diverses capables de favoriserle développement intégral de l'homme.

Elle demande de s'informer, de réfléchir, de consulter.

On ne peut dire qu'onveut le bien de tous quand on ne s'inquiète pas sans cesse des meilleurs moyens de réaliser pour tous desconditions de vie sans lesquelles la pratique même de la vertu devient très difficile. CONCLUSION.

— Bien comprise, la thèse qui mesure la valeur morale d'un homme à sa bonne volonté, nous semble s'imposer.

Et il est utile aujourd'hui de la rappeler.

Elle nous conduira à nous respecter mutuellement malgré desdivergences inévitables sur les objectifs immédiats.

Quand on prend comme fin et comme principe d'évaluation uneréalisation historique quelconque, on est conduit à mépriser, et à sacrifier délibérément tous ceux qui ne partagentpas le même point de vue.

Quand on juge sur la bonne volonté on ne se reconnaît jamais le droit de mépriser unhomme sincère.. »

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