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Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte : (Fiche de lecture) de Karl Marx

Publié le 16/06/2012

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Ce contexte d’instabilité politique fait en outre écho à une petite crise économique en 1851 dans la mesure où tous les pronostics de l’époque pariaient sur une très bonne croissance qui n’advint pas au profit d’une crise de surproduction. Les bourgeois considérés comme stupide par l’auteur sont alors tentés de faire le lien entre baisse du commerce et instabilité du régime et si Marx ne rejette pas l’idée que cette instabilité ait put avoir un rôle dans la crise, il en rejette en revanche la place prépondérante. Pour lui, la crise est une crise de surproduction et le meilleur exemple réside dans le fait que la situation est similaire en Grande Bretagne alors que la politique anglaise est extrêmement stable sur cette période : « la France traverse ainsi ses propres crises commerciales nationales, qui sont toutefois beaucoup plus largement déterminées par l’état général du marché mondial que par des influences locales françaises «.  De son côté, Bonaparte sent que le moment est le bon pour agir et il n’a d’autre part plus le choix dans la mesure où une autre candidature est déclarée pour le poste de Président de la République, le changement de constitution par voie parlementaire a échoué, cette révision doit donc se faire par la force. Cette option semble d’ailleurs être envisagée et connue de tous depuis fort longtemps au point que durant toute l’année 1851 des rumeurs planent quant à la possibilité d’un coup d’État du pouvoir exécutif au point que les parisiens vivaient selon l’auteur dans la crainte, ou l’attente, constante de ce coup d’État. Le 10 octobre, Bonaparte annonce aux ministres sa volonté de rétablir le suffrage universel ce qui entraîne la démission de ses ministres. Il nomme donc un nouveau gouvernement entièrement acquis à sa cause sans plus se préoccuper de l’Assemblée, celle-ci n’a désormais plus aucun pouvoir et les rapports de force sont désormais très clairement établis. Le Parlement tente bien de se doter d’une armée mais par le peu de conviction de sa requête, il prouve une fois de plus qu’il n’est plus en position de force, il demande, il quémande mais ne décide plus. La majorité parlementaire n’existe plus et la bourgeoisie industrielle s’est définitivement ralliée à Bonaparte, le parti de l’ordre n’a plus de raison d’être.

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« de ce fait la voix du peuple soit étouffée.

Mais cet état de siège prend fin avec l'entrée en scène du personnage principal de la comédie décrite par Marx, LouisNapoléon Bonaparte devient président de la République le 10 décembre 1848.Ce Président n'a pour Marx rien de légitime puisque ne remplissant pas les conditions édictées par l'article 44 de la Constitution mais cela n'est pas le pointcentral de son argumentation.

Il signale dès ce premier chapitre qu'il explicitera plus longuement les raisons qui ont conduites Louis Bonaparte à accéder à ceposte.

Une fois Louis Bonaparte élu, la constituante formée par les républicains bourgeois sent son pouvoir en déclin, les différents partis se structurent pourfaire tomber ceux qui les ont exclut du pouvoir à la révolution de février.

Le parti de l'ordre comme auparavant le parti des républicains bourgeois se fonde surle refus de la Constituante et la critique des parlementaires y siégeant.

Il est d'ailleurs intéressant pour l'auteur d'analyser les relations entre Louis Bonaparte etle Parti de l'ordre dans la mesure où c'est cet agrégat qui va le conduire à être élu puis c'est lui qui va servir le parti de l'ordre en les plaçant aux postes clefs dupouvoir exécutif pour ensuite s'en débarrasser dans son coup d'Etat du 2 décembre.Il apparait tout d'abord clair pour l'auteur que ce parti au moment de la prise de fonction de Louis Bonaparte « agissait pour lui ».

Sitôt Bonaparte installé à laprésidence de la République, les membres désormais influent du parti de l'ordre vont entreprendre un travail sape de l'Assemblée Constituante en demandantson départ immédiat puisqu'elle contribue à rendre le régime instable parce que non établi.

Il se sert tout d'abord du peuple à qui il est demandé d'envoyer deslettres à l'Assemblée pour demander sa dissolution spontanée puis des militaires qui vont clairement faire comprendre à l'Assemblée que, n'aimant pas « lesbaïonnettes intelligentes », ils étaient clairement du côté de l'exécutif qui les soutenaient depuis le début, notamment à travers l'expédition de Rome.

Marx sedemande alors avec raison en quoi cette prise de pouvoir du parti de l'ordre au détriment de l'Assemblée diffère-t-elle du coup d'Etat du 18 Brumaire deBonaparte ?Cette hâte du parti de l'ordre à voir dissoute l'Assemblée Nationale s'explique par le fait que la Constitution comme l'a déjà mentionné l'auteur prévoit la mise enplace de nombreuses lois organiques que le parti de l'ordre a l'intention de faire lui-même.

L'Assemblée Constituante est de plus en plus contrainte par le partide l'ordre de voter des lois qui jettent le discrédit sur son travail au point que « le parti de l'ordre, alors qu'il n'était pas encore l'Assemblée Nationale, n'étantencore que le ministère, avait lui-même marqué au fer rouge le régime parlementaire ». Chapitre 3 :Ce chapitre correspond à la première sous-période de la République Constitutionnelle et de l'Assemblée nationale législative, du 28 mai 1848 au 13 juin 1849,une phase marquée par la « lutte des petits bourgeois contre la bourgeoisie et contre Bonaparte », lutte se soldant par la défaire des premiers.L'auteur commence tout d'abord par effectuer un parallèle entre les deux révolutions pour conclure que selon lui la révolution de 1789 était une révolutionascendante dans la mesure où chaque faction la plus populaire décimait petit à petit le groupe plus bourgeois dont elle était issue tandis que cette révolutionprend le sens inverse d'une révolution descendante.

Le prolétariat est trahit par les petits bourgeois qui sont à leur tours trahit par le parti de l'ordre qui seraenfin lui trahit par le pouvoir militaire que représentera Louis Bonaparte.

Ceci est due au fait qu'aucune des classes en présence ne joue réellement son rôle etreste confondue dans des « contradictions criantes » à savoir par exemple des « alliances dont la première clause est la séparation […] ; au nom du calmel'agitation débridée, stérile, au nom de la révolution, des prêches solennels en faveur du calme ».

De même, la nation se trompe et va nommer au pouvoir lesclasses dont l'intérêt est le plus opposé à la volonté générale.En tout cas en ce début de République où l'Assemblée n'est plus constitutionnelle mais désormais législative, le parti de l'ordre peut être considéré commeabsolu dans la mesure où il rassemble la majorité au Parlement et où il a le soutien de l'armée.

De plus, il jouit du climat européen global qui consacre leurtendance politique à travers les succès de la contre-révolution.

Face à ce parti, la Montagne forme le principal parti d'opposition et va se donner une couleursociale-démocrate.

Ce parti est en fait le parti de la petite bourgeoisie mais elle jouit d'une certaine force d'opposition dans la mesure où elle équivaut au tiersdu parti de l'ordre, justement divisé en factions rivales.

Elle a en outre de nombreux soutiens dans la population rurale et dans une partie de l'armée.

Pourtant,« quinze jours plus tard, elle avait tout perdu, y compris l'honneur ».L'auteur met en avant le fait que l'on pourrait hâtivement penser que l'opposition législative se résume à la même opposition qui dominait dans l'AssembléeConstituante à savoir une opposition entre les monarchistes et les républicains.

En effet, « le parti de l'ordre apparait comme un enchevêtrement de diversesfractions royalistes […].

A l'opposé de cette conspiration royaliste, la Montagne apparait pour sa part comme représentante de la République ».

Cette premièrevision cache en fait selon Marx la réelle lutte qui se joue à l'Assemblée législative à savoir une lutte de classes.

En effet au sein du parti de l'ordre s'oppose deuxfactions royalistes mais surtout de façon de concevoir la propriété.

D'une part les légitimistes qui représentaient à travers les Bourbons la rente et d'autre partles orléanistes qui représentaient eux les intérêts du capital.

« Les deux fractions, légitimiste et orléaniste, avaient beau chercher à se persuader elles-mêmeset les autres que c'était l'attachement à leurs deux maisons royales qui les séparait, les faits prouvèrent par la suite que c'était plutôt la divergence de leursintérêts qui interdisait l'union des deux maisons ».

D'ailleurs, chaque faction du parti de l'ordre va traiter ses préférences monarchistes à la marge pour avoir ausein de l'Assemblée une démarche avant tout sociale et politique, ce qui passe par la mise en avant de ses intérêts, soit ceux du capital soit ceux du foncier.Le parti de l'ordre est cependant conscient du danger qu'il courre.

En tant que classe dominatrice dans un régime républicain, il est directement exposé face aupeuple sans écran royal pour camoufler son rôle politique.

Cela n'est plus le roi qui répond de leurs actes mais bien leurs mandats et donc à terme lapérennisation de leurs intérêts.

C'est de là selon Marx que vient tout d'abord la critique du régime républicain et donc le choix monarchiste effectué par le partide l'ordre.Face au parti de l'ordre se trouve donc la Montagne à tendance sociale-démocrate qui va étendre sa base au peuple et ce à travers divers rapprochements telsdes banquets de réconciliation.

La petite bourgeoisie et le peuple s'unissent pour faire valoir leurs intérêts ce qui aboutit à la formation de la nouvelle Montagne.La stratégie du parti de l'ordre, conscient de ce renforcement de la Montagne est alors de la pousser sur le terrain de la manifestation pour éroder son pouvoirparlementaire.

Elle va y parvenir.C'est le bombardement de Rome qui va déclencher cette transformation de l'opposition de la montagne.

Alors que c'est à l'assemblée de décider l'entrée enguerre, Bonaparte va la devancer et de ce fait déclencher l'indignation des députés dont Ledru-Rollin qui s'emporte « même jusqu'à menacer de défendre laConstitution par tous les moyens, y compris les armes à la main ».

Cette prise de position entraine la formation des dissensions au sein de la Montagne.Certains après le rejet de l'acte d'accusation déposé s'exilèrent, les gardes nationaux défilèrent pacifiquement et furent rapidement dispersés par les troupesfidèles au parti de l'ordre.

La timide union qui s'était formé autour de la Montagne n'est donc plus et « les chefs eurent beau jeu d'accuser leur « peuple » dedésertion, et le peuple d'accuser ses chefs d'escroquerie ».Marx analyse cette fin comme celle d'une erreur tactique dans la mesure où les députés de la Montagne tenaient pour acquis que sitôt la proclamation dedéfense de la Constitution par la voie armée proclamée, l'armée et le peuple les suivrait.

Mais l'armée voyait dans sa majorité que ce parti soutenait des arméesitaliennes au détriment d'armées françaises, le peuple lui gardait encore en mémoire la répression des expériences prolétariennes de février et ne voyait pasd'un bon œil une alliance avec l'armée.

De plus, la sensibilité même des démocrates parce qu'en tant que petite bourgeoisie ils sont une classe de transition enfait de mauvais révolutionnaires.

Ils ne peuvent bouleverser durablement les équilibres, prisonniers selon l'auteur avec leur « grognement faiblard » de classe detransition qui ne sait réellement dans quel camp se positionner et donc quelle méthode adopter pour prendre le pouvoir : « le démocrate sort des défaites lesplus outrageantes tout aussi immaculé qu'il y est entré, innocemment avec la conviction renouvelée qu'il doit vaincre ».

Les Montagnards réfugiés à l'étrangereux tels Ledru-Rollin ne sont pour Proudhon et pour Marx « que des blagueurs » qui paradent derrière des idéaux et des menaces sans rien accomplir deconcret.

La bourgeoisie a donc assuré à partir du 13 juin sa toute puissance en écartant la Montagne et élevait par « le règlement humiliant auquel elle soumettait laMontagne » le président de la République qui apparaissait dès lors dans une posture de critique des abaissements du parlementarisme.

Il consolide le pouvoirexécutif qu'il incarne en renvoyant au peuple par le biais médiatique la petitesse du monde législatif.

L'élément comique ultime qui vient clore ces incidents àpropos de Rome est que les généraux en charge d'attaquer Rome pour pousser le parti de la Montagne dans la rue, sont consacrés comme les principauxdéfendeurs de la Constitution alors qu'ils en ont été les premiers violeurs : « Le parti de l'ordre remporta la victoire, Bonaparte n'avait qu'à l'encaisser ».En effet le parti de l'ordre exagère volontairement la déroute de la manifestation montagnarde en la célébrant comme une victoire contre l'anarchie alors quecette manifestation de la garde républicaine était avant tout pacifique.

Ce processus s'accompagne d'une refonte discrète de l'armée afin d'en écarter leséléments démocrates et ce afin de s'assurer de son plein soutien au pouvoir bourgeois en place.

En effet la garde nationale occupait une certaine place dansl'imaginaire politique qui faisait que sans la garde nationale, un régime ne pouvait rester en place.

A travers son démantèlement, « la bourgeoisie avait doncbrisé elle-même la dernière arme qui lui restait contre l'armée ».

Il s'en suivit une absolutisation du parti de l'ordre qui va multiplier les atteintes aux libertéspuisque n'ayant plus d'opposition. Chapitre 4 :Ce chapitre étudie la période de la dictature parlementaire du parti de l'ordre, du 13 juin 1849 au 31 mai 1850, avec sa perte progressive de contrôle surl'appareil exécutif et l'appareil d'Etat.Dès le 1ER Novembre 1849, Louis Bonaparte surprend l'Assemblée et forme un nouveau gouvernement, il s'est en fait servi du parti de l'ordre en lui laissantjusque là le contrôle, se protégeant ainsi de l'impopularité.

Il place à présent ses ministres et commence à réellement entériner son pouvoir sur l'exécutif.

Lesprétextes ne manquaient pas et ce « renvoi marque donc un point d'inflexion décisif » puisque l'exécutif s'émancipe dans un pays où du fait de la puissance del'administration, l'exécutif dispose d'un pouvoir immense.

Marx souligne de plus le problème thétique se posant à la bourgeoisie, elle se devait pour parer à cetteprise de pouvoir de Bonaparte de saigner l'administration alors que son intérêt tant matériel que politique était d'augmenter cette administration afin de mieuxdominer les autres classes.

Bonaparte décèle ces contradictions et lance donc une offensive au moment opportun.Il prend en effet soin à travers la nomination de ses ministres de s'assurer le soutien de secteurs clefs tels que l'armée et le monde de la finance.

S'il y a couppolitique, Marx le relativise bien vite en insistant sur le fait qu'il s'agit quelque part d'un recul dans la mesure où les ministres nommés par Bonaparte ledésavouent publiquement à l'Assemblée Nationale.Parallèlement à ce processus, le parti de l'ordre poursuit son processus de conservation de l'ordre bourgeois en rétablissant à travers l'impôt sur le vin et la loi. »

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