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Camus: L'Etranger - L'Entrevue Avec L'Avocat

Publié le 12/09/2006

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1. Meursault, un personnage naturel

A. Un personnage naturel - Meursault définit sa « nature « par le fait que « les besoins physiques dérangent ses sentiments « Non maitrise de l’homme sur lui-même, il est étranger à lui-même. - « je désirais sa sympathie, non pour être mieux défendu, mais, si je puis dire, naturellement « précision introduite par « non « indique que Meursault refuse la relation sociale qui lie l’avocat au personnage, alors que l’adverbe naturellement mis en valeur à la fin de la phrase, indique que Meursault préfère une relation sincère, hors du cadre social. - Meursault ne peut dominer ses « sentiments naturels «, sa « nature «= « besoins physiques dérangeaient ses sentiments « besoins physiques sont en position sujet : ce sont eux qui dominent le personnage.  M est un personnage naturel, dans le sens où c’est ces sens et ses besoins physiques qui déterminent ses actions.

B. Un inadapté social qui ne comprend pas l’avocat - « Malgré la chaleur (j’étais en manches de chemise) « Le complément circonstanciel et la parenthèse insistent sur les sensations de Meursault, ce par quoi il vit l’avocat malmène ses sens, ce que M ne peut pas comprendre -il a une cravate « bizarre «, et il le « regarde d’une façon bizarre « répétition de l’adjectif « bizarre « met en valeur la non compréhension des actions et attitudes de l’autre. - sentiments opposés avec l’opposition des adverbes « très gêné « vs « gêne un peu «.  Puisque c’est un être naturel, il ne comprend pas les normes sociales auxquelles l’avocat se soumet.

C. Un discours de la sincérité - volonté de trouver le mot juste : les adverbes assurent la véracité de ce qui est dit « sans doute « « à coup sur « - volonté d’être logique : connecteur logique « de sorte que… «, « Rapport avec l’affaire «, « parce que « - mais: « j’aimais bien maman, mais cela ne voulait rien dire « La conjonction de coordination donne l’idée d’une incohérence de mots qui ne collent pas aux choses. Meursault ne veut pas trahir sa pensée. « si je puis dire « doute sur la capacité des mots à signifier. Puisque c’est un être naturel qui ne maitrise pas les codes sociaux, il tient un discours sincère et se méfie des mots. La maladresse de Meursault est en réalité une sincérité naturelle qui s’oppose aux artifices sociaux, qui ne veut pas risquer de ne pas avoir le mot juste, dans un amour de la vérité. 2. L’avocat, un représentant de la société

A. Un stéréotype - pacte de confiance avocat/ client : l’avocat est présenté comme un professionnel /« Costume sombre, un col cassé, et une cravate bizarre à grosses raies noires et blanches «, « serviette sous le bras « allitération en –k suggère désagréable habits stéréotypés du notable/ « cheveux soigneusement collés l’adverbe « soigneusement « renforce l’idée que l’avocat cherche la perfection pour réussir, il est ambitieux. - un discours juridique de stratège : Importance du juridique dans le discours de l’avocat : « instructeurs « de l’affaire, « argument pour l’accusation «, « audience « « magistrat instructeur «, « témoins «, « justice «/ enjeu de la discussion : que dire pendant le procès : il est question d’argumentation, de stratégie « jouer un très sale tour «  L’avocat, au contraire de Meursault, est un stéréotype : il incarne la norme sociale.

B. La réaction de l’avocat -« Dégout «, puis colère « fâché «. Sentiments négatifs. Antipathie suggérée par la présence de l’antonyme. -l’incompréhension produit l’idée de culpabilité de l’autre « m’en voulait « pronom neutre laisse ambigüité : qu’a fait Meursault ? Il est coupable sans qu’on sache précisément de quoi. - M se sent déjà condamné cf. champs lexical de la mort « sombre «, « noir «, « j’avais sommeil « idée de fatigue ou d’obscurité représente la mort ou du moins la fin de la lumière.  Comme il représente la norme sociale, sa réaction dans l’entrevue laisse présager l’issue du procès.  L’avocat (représentant de la société) et Meursault (homme naturel) s’opposent, on voit finalement dans l’épisode l’incompréhension profonde entre M et les autres, et on en comprend les raisons : M est « un homme pauvre et nu «, socialement inadapté. 3. Critique de la justice

A. Un chef d’inculpation problématique - omniprésence de l’histoire de l’enterrement de la mère : pas une référence au meurtre si à l’arabe, par contre, dans le second paragraphe, on a cinq fois « mère « ou « maman «. - une étude psychologique sur M plus que factuelle sur le meurtre : « le vif du sujet « pour l’avocat est la « vie privée « de M. Les deux phrases se succèdent comme si c’était logique. - « cette histoire n’avait pas de rapport avec mon affaire « M se rend compte que l’accusation porte plus sur son attitude que sur les faits. Reprise ironique du mot « rapport « dans les propos de l’avocat.  M n’est pas jugé sur les faits mais sur ses sentiments supposés, il y a donc une première critique de la justice qui juge à partir des convenances sociales plus que sur les faits.

B. Le problème du mensonge - « ceci n’est pas assez « cela montre que la vérité n’est pas satisfaisante avec le mot « assez «, il faut donc mentir. - l’avocat imagine ce que M devrait dire : il lui demande l’autorisation de dire si il avait « dominé ses sentiments naturels « - Refus catégorique du mensonge « non «. « Parce que « le lecteur attend une justification stratégique. En réalité, la raison est « c’est faux «. Argument sans appel qui fait s’appuie sur des principes. D’habitude, sur ces sentiments M dit toujours qu’il ne sait pas VS ici pas de doute : point éthique, moral, viscéral.  On arrive donc à un renversement des valeurs par le paradoxe suivant: le professionnel de la justice demande le mensonge quand le criminel refuse de mentir.

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