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CARACTÈRE DE VOLTAIRE ; SES ENNEMIS ET SES AMIS

Publié le 04/04/2011

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   Que n'a-t-on pas dit sur les défauts de Voltaire ?    Comme le remarque M. Louis Francis, ses ennemis « ont emprunté tous les titres de Molière et de Gresset pour en affubler sa silhouette «.    Ils lui reprochaient :    Sa vanité : « On devient ses amis, disait-on, pour quelques grains d'encens «.    Son amour de l'argent. Voltaire était en effet immensément riche. Il avait gagné beaucoup d'argent par d'heureuses spéculations (loterie — fournitures aux armées — commerce des grains); bien des grands seigneurs, qui d'ailleurs ne payaient pas toujours leurs dettes, étaient ses débiteurs, même à l'étranger ; aidé d'hommes d'affaires, il avait placé une grande partie de sa fortune en viager, abusant du bon espoir qu'inspirait sa mine chétive.    • Sa poltronnerie. Il ne publiait ses œuvres que sous des noms d'emprunt et il était toujours prêt à les désavouer.    • Son égoïsme hypocrite qui se lamentait sur les misères du peuple et vivait au milieu du luxe.

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« creva. Dans cette lutte contre leurs adversaires, Voltaire et ses amis avaient, en plus du génie, la supériorité du nombre.Ils avaient aussi des protections, notamment celles de M.

de Malesherbes, directeur de la librairie.

Us finirent parobtenir que le privilège de L'Année littéraire fût supprimé en 1776.

Fréron en mourut. Mais comment admettre que Voltaire n'avait pas de cœur, quand, en 1729, six ans après la mort d'un ami, qui l'avaitpourtant trahi, il écrivait son poème Aux mânes de M.

de Génonville, où on Ht ces vers émouvants : Malheureux,dont le cœur ne sait pas comme on aime Et qui n'ont point connu la douceur de pleurer! Deux ans plus tard, âgé de trente-deux ans, le Président de Maisons meurt de la petite vérole.

Et Voltaire écrit àCideville : J'ai perdu mon ami, mon soutien, mon père.

Il est mort entre mes bras non par l'ignorance, mais par lanégligence des médecins.

Je ne me consolerai de ma vie de sa perte et de la façon cruelle dont je l'ai perdu....

J'aibesoin plus que jamais que vous m'aimiez....

je ne pense qu'à ma douleur et à vous. C'est la même tristesse, le même désarroi à la mort d'Emilie : Je n'ai point perdu une maîtresse, écrit-il à d'Argentalle 23 septembre 1749, j'ai perdu la moitié de moi-même, une âme pour qui la mienne était faite, une amie de vingtans que j'avais vue naître.

Le père le plus tendre n'aime pas autrement sa fille unique. Jamais, sans doute, il n'a éprouvé pour une femme une passion aussi violente que celle de Rousseau pour Madamed'Houdetot.

A part son amour de jeunesse pour Olympe Dunoyer qu'il voulait épouser, ses diverses liaisons n'ontguère duré; et il n'a eu d'attachement sérieux que pour Madame du Châtelet, la « sage » Émilie. Il a eu pourtant beaucoup d'amis, non seulement des grandes dames (Mme du Deffand ou des hommes de lettres(Vauvenargues, d'Alembert, La Harpe), mais encore des grands seigneurs, des magistrats, ou de simples bourgeoisqui lui restèrent fidèles, même dans ses disgrâces. Il avait connu un grand nombre de ces amis au collège : le marquis d'Argenson qui devait devenir ministre desaffaires étrangères, le duc de Richelieu, son protecteur, le comte d'Argental qu'il appelait son ange gardien,Cideville, conseiller au Parlement de Rouen, qui, comme Voltaire, était poète et composait à ses heures des piècesde théâtre.

A sa sortie du collège, il fit la connaissance de Thiériot, à qui il s'attacha en dépit de ses défauts.

Plustard, devenu célèbre, il se lia avec ceux qu'il avait connus au cours de sa vie agitée ou mondaine, Faluère deGenonville qui fut son rival auprès de la belle Suzanne de Livry, la marquise et le Président de Bernières qui luidonnèrent l'hospitalité, Damilaville, premier commis au Bureau des Vingtièmes, qui disposait du cachet du contrôleurdes Finances et laissait ainsi circuler, sans crainte de la censure, les papiers compromettants. Cet homme à qui l'on reprochait son égoïsme et son amour excessif de l'argent, remuait ciel et terre pour assurerune situation à Thiériot malgré son inertie et sa paresse; il partageait avec lui sa bourse, son appartement; et ildotait la petite nièce du grand Corneille.

On peut d'ailleurs se demander si, dans le désir qu'il a eu d'amasser uneimmense fortune, il n'y a pas eu aussi le désir, non d'acquérir des titres inutiles, dont il se moquait volontiers (Jeannot et Colin), mais de s'assurer, à l'exemple des grands commerçants anglais, une indépendance matérielle etmorale qui est tout à son honneur. Vindicatif et violent, Voltaire l'a été.

Mais on ne doit pas oublier qu'il a été, lui aussi, violemment attaqué (LaVoltairomanie), même dans sa vie privée, et que certains de ses ennemis, comme Desfontaines, n'ont pas toujourseu le beau rôle.

Derrière ces ennemis, il y avait un parti puissant et organisé qui avait déclaré la guerre auxphilosophes.

Si ce parti n'a pas triomphé, c'est parce qu'il ne comptait pas dans ses rangs des hommes de génie.Voltaire n'a pas été plus acharné que ceux qui l'accablaient, et l'on sait comment il se réconcilia avec l'abbé Trublet: Vous aviez imprimé que je vous faisait bâiller, et moi j'ai laissé imprimer que je me mettais à rire.

Il résulte de toutcela que vous êtes difficile à amuser, et que je suis mauvais plaisant ; mais enfin en bâillant et en riant, vous voilàmon confrère, et il faut tout oublier en bons chrétiens et en bons académiciens (Lettre du 27 avril 1761).

Onraconte qu'un jour un de ses amis lui demanda ce qu'il ferait si Fréron se faisait annoncer à Ferney; Voltaire rougitd'abord de fureur, puis il ajouta : Je le ferai asseoir à ma table et le traiterai avec tous les égards que je lui dois. Beaucoup de ses amis lui étaient peut-être précieux, et Voltaire a souvent eu recours à leur obligeance ; mais il afait aussi de l'amitié un éloge si sincère, il a montré tant de désintéressement — notamment à l'égard de Thiériot,—qui ne le méritait guère, — il a surtout exprimé avec tant d'émotion la douleur de perdre ceux qu'il aimait, qu'on nepeut sans injustice suspecter sa sincérité et douter de sa sensibilité.. »

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