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Ceci est mon corps. Puis-je en être sûr ?

Publié le 07/03/2004

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De prime abord, ceci est mon corps est un énoncé qui semble aller de soi pour autant que notre être est corporel : nous ne sommes jamais de purs esprits. Toutefois, il existe un certain nombre de phénomène permettant de relativiser cette affirmation : faim, soif, sommeil, mais aussi toute la gamme des émotions subies, permettent de poser que ce que nous disons être notre corps ne nous est pas toujours propre comme peut l’être une chose sur laquelle notre pouvoir est entier. Dès lors, comment être sûr que ceci est bien mon corps si celui-ci parvient à se dérober à ma volonté et semble pourvu d’une existence autonome ? L’enjeu d’un tel questionnement paraît alors être celui de la possibilité d’une maîtrise de soi : comment ce corps peut-il être certainement mien ? ó comment puis-je être en toutes circonstances sûr que je suis agent et non patient ?

« a) les passions Qu'est-ce que pâtir sinon subir les lois du corps et faire l'épreuve d'une certaine dépossession de soi ? en effet, ilarrive que mon corps me semble étranger : la peur, la colère, la tristesse, ou plus simplement, la soif, faim, fatigue, montre bien que mon corps, sans cesser tout à fait d'être mien (puisque c'est bien moi qui suis triste, effrayé oufatigué, affamé), peut se dérober à mon contrôle, agir malgré moi.Comment expliquer ce paradoxe où mon corps fait obstacle à ma volonté tout en ne cessant pas pour autant d'êtremoi (puisque comme le dit Descartes, nul, à moins d'être fou, ne peut nier que le corps ne nous appartient pas) ? b) « nulle autre punition à la désobéissance que la désobéissance elle-même » (St Augustin) La doctrine chrétienne du péché permet de donner sens à cette division intérieure.

Si mon corps, qui est bien« mien », me semble étranger, autre que moi, c'est parce que ce corps est à moi sans pour autant que ma volontésoit à son égard dans un rapport de commandement parfait : la volonté est, suite au péché, divisée.C'est parce que mon corps est corrompu que j'ai le sentiment d' avoir un corps plus que d' être ce corps ; le péché rend compte de cette scission éprouvée à l'égard de cette chose qui est à nous sans être nous : la volonté étantdivisée afin de rappeler par la désobéissance du corps aux décrets de la volonté la désobéissance d'Adam, « vient que ces ordres sont sans effets.

Car si elle était dans sa plénitude, elle ne se commanderait pas d'être, elle seraitdéjà » ( Les confessions , livre VIII) Transition :C'est parce que mon corps est souillé, corrompu ou porteur de la rébellion intérieure qu'est l'ordre de la chair, je suiscontraint de me poser la question de savoir si mon corps m'appartient effectivement et donc de donner sens à laquestion de savoir si l'affirmation « ceci est mon corps » est certaine.Toutefois , cette dépossession n'est pas permanente et la plupart du temps, il semble bien que fassions l'expérience de la corporéité de façon non-problématique ; la question ne prend sens qu'au regard des passions, actions ducorps sur l'âme.Conséquence : la question de savoir si ce corps est bien mien ne revient-elle pas à engager une réflexion éthique sur la possibilité de se maîtriser, c'est-à-dire sur la possibilité d'élaborer une discipline du corps, la mise en placed'un conduite active de ce dernier ? 3- JE PEUX ÊTRE SÛR QUE CECI EST MON CORPS DÈS LORS QUE J 'EN SUIS MAÎTRE a) agir et pâtir : le modèle de l'attelage ailé du Phèdre Platon compare l'âme à « une force composée d'un attelage et d'un cocher ailés » (246 a) où l'intelligence-cocherse doit de discipliner et de conduire des chevaux plus ou moins dociles incarnant les désirs et les passions.

Or nousavons vu que le corps pouvait nous paraître étranger dès lors que notre volonté est sans effets sur lui.

Aussi « ceci est mon corps » est un énoncé certain si et seulement si je ne pâtis pas, si je suis en toute circonstance, agent . Autrement dit, je peux être sûr que ceci est mon corps pour autant que je le dirige tel un cocher.

Mais une telle maîtrise est-elle seulement possible ? b) « ceci est mon corps » = j'en suis maître = je suis responsable la question de savoir si je peux être sûr que ceci est mon corps a donc un enjeu éthique : il s'agit de savoir si jesuis responsable de mon corps, maître de mes désirs.

Autrement dit, il faut savoir comment peut se mettre en placeun gouvernement de soi : qu'est-ce qu'être tempérant, mesuré ? Pour Platon mais aussi bien pour toutes les philosophies hellénistiques, il n'y a de bonheur que dans la liberté, dans le fait de savoir bien se conduire ; or cette vertu consiste moins en une éradication des désirs qu'en une mesure de ces derniers : il faut mettre en place une politique affective, donner une place aux désirs telle que ceux-ci sont soumis au gouvernement de la raison.

Un désir n'est en effet que démesuré ou insensé, et ne tend donc ànous déposséder de nous-mêmes qu'à partir du moment où il tend, tel un peuple d'ignrant dans une cité, à subvertirla hiérarchie des valeurs et prendre le commandement de l'âme en lieu et place de la raison.

Dans cette perspective,la modération est la vertu reine : je dois, pour être sûr que ceci est mon corps et non une puissance étrangèrem'imposant ses lois, trouver la droite règle me permettant de ne verser ni dans l'excès et le défauts de passion(Aristote). »

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