Devoir de Philosophie

I.Ces textes cherchent-ils seulement à nous dépayser ou ont-ils une autre visée? Votre réponse se fondera que quelques exemples précis. + Commentaire Fénélon

Publié le 31/03/2013

Extrait du document

Ces textes cherchent-ils seulement à nous dépayser ou ont-ils une autre visée? Votre réponse se fondera que quelques exemples précis. Elle devra être organisée et synthétique.   Ce corpus de trois textes est composé d'un texte de Fénelon Les Aventures de Télémaque, d'un autre de Montesquieu, Lettres persanes et enfin d'un dernier texte de Voltaire, Candide. Nous pouvons dès la première lecture constater que ce corpus nous entraîne dans un monde éloigné du notre. Nous pouvons alors nous questionner, est-ce simplement pour nous dépayser ou sert-il à une autre fonction ? Nous traiterons dans un premier temps les extraits de Fénelon et de Montesquieu et dans un second temps le texte de Voltaire.   Le texte A est donc un extrait de l'œuvre de Fénelon Les Aventures de Télémaque écrit en 1699. Au sein de ce texte, on remarque deux parties distinctes : une partie de description du pays dans lequel nous somme projetés puis ensuite d'une critique. La première partie ciblée sur la description commence dès la première ligne et s'achève à la ligne 13. Ce paragraphe regroupe une description de la nature présente à la Bétique mais aussi une description du peuple qui y habite. Pour décrire l'abondance de la nature de la Bétique, Fénelon utilise de nombreux adjectifs pour montrer la perfection du pays. Par exemple, on trouve à la première ligne « ciel doux qui est toujours serein « , plus bas nous trouvons « les hivers y sont tièdes et les rigoureux aquilons n'y soufflent jamais « nous avons donc une description climatique (basée sur l'écoulement des saisons) qui nous prouve qu'il fait bon vivre à la Bétique. Ensuite, la terre est elle aussi décrite comme étant la meilleure, les « arbres toujours verts et toujours fleuris « (l.11) et aussi « la terre, dans les vallons et dans les campagnes unies, y porte chaque année une double moisson « (l.9). De plus, Fénelon nous explique que dans ce pays, les troupeaux « fournissent des laines fines recherchées de toutes les nations connues « (l.12) et il précise aussi que la Bétique détient des « mines d'or et d'argent « (l.13). Cette première partie de description nous laisse comprendre que la Bétique a conservée les bienfaits de l'âge d'or et que la paix doit elle aussi y régner. A la fin de cette description élogieuse du pays, Fénelon développe dans une seconde partie le peuple qui y habite. Il décrit ces gens comme étant « simples et heureux « (l.14). On comprend ensuite que ce peuple veut conserver la paix et ne porte pas un bon regard sur les peuples différents de lui, il les critique d'ailleurs à la ligne 28, « Ces peuples sont bien malheureux «. Plus tard, on comprend que la plus grande différence entre ces deux peuples est l'argent, absente dans un peuple mais omniprésente dans l'autre. Dans le texte de Fénelon, on remarque qu'il recherche souvent à éveiller l'imagination du lecteur, en effet, malgré la description utopique qu'il développe, il laisse aussi sous entendre que ce pays peut être réel en incluant des éléments qui nous sont familier comme par exemple « les chemins « (l.10), « les montagnes « (l.11) ou encore les « lauriers « et autres « jasmins « (l. 10 et 11). Nous remarquons aussi une succession de questions rhétoriques de la ligne 31 à 34, cette succession a pour but de faire réfléchir le lecteur et d’éveiller en lui une certaine critique de la société. Différemment du texte A, le texte B de Montesquieu nous plonge lui directement dans une description précise du peuple dont il est question dans les Lettres persanes. En effet, les Troglodytes sont eux aussi décrits comme étant justes et heureux « un peuple si juste devait être chéri des dieux. « (l1;2), on ressent alors un certain lien avec Les Aventures de Télémaque. On constate aussi que les Troglodytes ont un rapport important et respectueux envers la nature « La nature ne fournissant pas moins à leurs désirs qu'a leurs besoins. «. On retrouve souvent le champs lexical du bonheur, de l'amour par exemple on repère effectivement dans le texte les mots suivant : « tendresse «, « amour «, « bonheur «, « innocence «, « union «, « douce «, « fidèle «, « cœur « qui nous prouvent que la vie des Troglodytes est vraiment idyllique. Différemment du texte A, Montesquieu évoque durant un paragraphe le rapport entre les Troglodytes et les dieux ce qui nous prouve une fois de plus leur bonté. Tous semble unis par les mêmes croyances et chacun veut contribuer au bonheur de l'autre. Par exemple, les citations « on apprenait à donner le cœur et à le recevoir « (l.9) et « ne leur demandaient d'autre grâce que celle de pouvoir rendre un Troglodytes heureux. « (l.19) permettent au lecteur de réaliser réellement les conditions de vie de ces Troglodytes, ces conditions idéales dépaysent alors complètement le lecteur. De plus ici le lecteur peut comparer facilement le comportement des Troglodytes au comportement des citoyens qui l'entourent, on a donc comme dans le texte de Fénelon, un appel à la critique. On peut alors constater que ces deux textes nous prouvent grâce à de nombreux procédés utilisés qu'il existe une forte opposition entre la vie utopique que l'on peut imaginer et la vie que l'on connaît aujourd'hui, c'est d'ailleurs ce que détaille davantage le texte C, Candide de Voltaire.   Le texte C de Voltaire est différent des deux autres en plusieurs points, tout d'abord, on connaît le lieu où se déroule l'histoire, à Constantinople alors que pour les deux textes étudiés précédemment les lieux sont uniquement sous entendus mais non annoncés clairement comme ici. De plus, avec Voltaire, la description n'est pas utopique, au contraire, il décrit plutôt rapidement et sans détailler le lieu ainsi que les protagonistes de l'histoire. Nous sommes alors directement « plongés« dans l'histoire sans vraiment savoir où nous sommes ni avec qui. On ne peut alors qu'observer ce qu'il se déroule « autour « de nous, ici l'auteur ne fait pas vraiment appel à notre imagination mais nous propose clairement un « culte du travail «. On comprend alors que selon lui c'est le travail qu'effectue l'homme qui lui donne une place importante ou non dans la société et qu'il doit sans cesse ce focaliser sur son travail et non sur ce qu'il se passe autour de lui. L'idée du culte du travail est fournie par certaines citations très évocatrices tout au long de l'extrait, on trouve par exemple « je ne m'informe jamais de ce qu'on fait a Constantinople; je me contente d'y envoyer vendre les fruits du jardin que je cultive « (l.11) ainsi que «  Le travail éloigne de nous trois grands maux: l'ennui, le vice, et le besoin « (l.21), on comprend donc que pour ce peuple, le travail est le plus important et qu'il les protège mêmes parfois des mœurs. On rencontre alors l'idée contraire des textes A et B ce qui nous incite clairement à réfléchir davantage. De plus, il faut savoir que dès le 17e siècle, le fait de raconter une histoire située dans un pays étranger ou alors de la ramener au temps de l'antiquité permet à beaucoup d'écrivains de critiquer la société dans laquelle ils vivent sans subir la censure.   Pour conclure, on peut voir après l'analyse de ce corpus que le dépaysement du lecteur n'est pas la seule visée recherchée par l'auteur. En effet, à travers leurs descriptions les auteurs ont voulu émettre une critique de la société dans laquelle ils vivent par le biais d’un regard porté sur l’autre, l’étranger. Ces critiques implicites sont souvent fondées sur des questions rhétoriques par exemple pour amener le lecteur à réfléchir, l'auteur essaye donc de le convaincre. Dans ce corpus, l'idée dissimulée derrière les descriptions d'un pays utopique était le retour aux vraies valeurs perdues, pour cela la critique implicite fût quasiment obligatoire pour convaincre le lecteur. On constate aussi dans le premier texte une critique implicite liée au luxe. En effet à la Bétique les mines d'or et d'argent existent mais contrairement aux autres sociétés, elles font ici l'objet du dédain. Dans l'extrait du texte de Montesquieu on se rend compte que la cupidité est inexistante au sein des Troglodytes, leur seule richesse est la nature, enfin, dans le texte de Voltaire, c'est Constantinople qui est ciblée comme étant un lieu malsain où il ne vaut mieux pas aller. Nous pouvons alors affirmer que dans ce corpus, les trois auteurs cherchent à dépayser les lecteurs mais aussi à critiquer indirectement l'époque dans laquelle ils évoluent mais également, les lois et les mœurs en évoquant une autre manière possible de fonctionner qui elle, pourrait de nouveau donner des résultats satisfaisants.   Vous commenterez le texte de Fénelon (Texte A).       François de Salignac de La Mothe-Fénelon dit Fénelon est un écrivain né le 6 Août 1651 et mort le 7 Janvier 1725. En 1699, il écrit Les Aventures de Télémaque classé dans un sous genre romanesque appelé « roman à clef «. Ce roman relate les péripéties que rencontre Télémaque lors de son périple pour retrouver son père Ulysse mais nous verrons plus tard que ce roman détient aussi un autre but précis. Tiré du septième livre, l'extrait à commenter évoque la rencontre de Télémaque et de son précepteur Mentor avec le frère d'un capitaine de navire nommé Adoam aux abords de l'île de Calypso. Adoam leur décrit un pays extraordinaire : la Bétique. Cette description idyllique vise à dépayser le lecteur mais aussi a faire une critique de la société. Dans un premier temps nous analyserons comment Fénelon arrive a dépayser le lecteur grâce à la description utopique du pays dans lequel se trouve Télémaque puis nous étudierons ensuite comment l'auteur parvient à faire un critique de la société de son temps. Dès les premières lignes de l'extrait, Fénelon nous transporte vers un nouveau monde appelé la Bétique. Les quatre premières lignes du texte sont dédiées à la situation géographique de ce pays, on apprend alors qu'il se situe « près des Colonnes d'Hercule et de cet endroit où la mer furieuse, rompant des digues, sépara autrefois la terre de Tharsis d'avec la grande Afrique. « Dans l'Antiquité, les montagnes qui bordent le détroit de Gibraltar sont appelées les Colonnes d'Hercule, tout comme la terre de Tharsis a nommé la péninsule ibérique. Grâce à ces quelques précieux éléments, on peut en déduire que le pays décrit ici n'est autre que l'Andalousie actuelle mais dans son aspect antique. Le lecteur se sent alors déjà dépaysé et pour ne pas qu'il se relie avec la réalité, Fénelon s'avance vers une description élogieuse de la Bétique. Dès la première lecture de cet extrait, le champs lexical de la nature se fait remarqué comme étant le plus important dans la description de la Bétique. En effet, nous avons tout d'abord une description élogieuse du climat présent dans ce pays. On apprend que « les hivers y sont tièdes, et les rigoureux aquilons n'y soufflent jamais. L'ardeur de l'été y est toujours tempérée par des zéphyrs rafraîchissants, qui viennent adoucir l'air vers le milieu du jour [...] «. Il semble donc toujours y faire beau, on sous entend que ce pays est béni des Dieux. De plus, la nature est ici décrite comme étant abondante et répondante à toutes les attentes du pays: « La terre, dans les vallons et dans les campagnes unies, y porte chaque année une double moisson. Les chemins y sont bordés de lauriers, de grenadiers, de jasmins et d'autres arbres toujours verts et toujours fleuris. [...] «. On trouve aussi à plusieurs reprises les champs lexicaux de l'agriculture et de l'élevage qui permettent de recentrer le thème principal de l'histoire. Par exemple, on apprend que les troupeaux couvrent les montagnes aux alentours de la Bétique et qu'ils « fournissent des laines fines recherchées de toutes les nations connues. « mais aussi que, comme le sol, le sous sol est lui aussi très riche et de nombreuses mines d'or et d'argent ornent ce pays utopique. Fénelon utilise dans ce texte plusieurs modalisateurs qui signalent la perfection du monde qu'il décrit: « toujours tempérée « « toujours verts « « toujours fleuris «, il veut donc à travers cette description nous faire comprendre que ce pays a « conservé les délices de l'âge d'or «, il cherche à nous faire réfléchir sur la période de l'âge d'or et surtout son lien avec la paix. Selon l'auteur, l'âge d'or n'est pas réellement révolu et il pourrait même renaître, on entre alors réellement dans une description utopique du monde. La description du commerce effectué à la Bétique est elle aussi très importante, effectivement le pays semble être resté à l'époque du troc il n'est donc pas corrompu par le pouvoir de l'argent ce qui en évidence favorise la facilité de ce peuple à rester en paix. L'auteur fait ici en quelque sorte appel à l'imagination du lecteur afin de le faire réfléchir sur la société dans laquelle il vit, son rapport à l'argent et aux personnes qui l'entourent. Ici, les habitants de la Bétique sont décrits comme étant « simple et heureux dans leurs simplicité «, ils ne sont pas attirés par l'argent et ne cherchent pas à être en perpétuelle concurrence avec leurs semblables, ils semble être tous égaux et cela depuis toujours. On constate que ce peuple est resté à l'age du troc ce qui leur a permis de tisser entre eux des liens d'échange et d'aide importants. En effet, chacun est respecté pour ce qu'il fait, ce qu'il fournit à la vie de leur société. La majorité des hommes sont bergers ou agriculteurs mais peu sont artisans au sein de la communauté. Nous avons donc un reflet de vie très simple et paisible, chacun y a trouvé sa place et semble être comblé. Fénelon a toutefois voulu, derrière cette description utopique mettre en place une critique de la monarchie et plus particulièrement, celle de Louis XIV.   On constate assez facilement que la dernière partie du texte de Fénelon est une critique faite par les habitants de la Bétique sur les étrangers. En effet, ils critiquent leur rapport avec l'argent et le luxe, ils les nomment même comme étant des superflus qui ne servent qu'à rendre les hommes mauvais. Dans la fin du texte les habitants de la Bétique posent des questions rhétoriques « Vivent-ils plus longtemps? Sont-ils plus unis entre eux? Mènent ils une vie plus libre, plus tranquille, plus gaie? […] «. Ces quelques mots nous font alors fortement ressentir le dégout que ressentent les villageois par rapport au luxe, à ce superflu qu'ils ne connaissent pas. Tout cela leur semble clairement inutile et même de mauvaise augure. On comprend alors que selon les habitants, une vie heureuse est une vie simple et organisée. Pourtant, contrairement à ce que l'on perçoit à la première lecture, ici, ce ne sont plus les habitants qui parlent mais Fénelon qui critique la cour du roi Louis XIV. De la ligne 28 à la fin du texte, on rentre dans une critique plus poussée de la monarchie de Louis XIV. En effet, Fénelon décide d'accumuler les adjectifs péjoratifs comme « lâche «, « jaloux « (l.35), « mauvais« (l.32). De plus, il accentue la différence entre les sociétés avec le début de phrase « Au contraire « (l.34) qui signifie un contraste important entre les deux modes de vie. Ainsi Fénelon décrit implicitement les gens de la cour comme étant « incapables des plaisirs purs et simples « mais « toujours agités par l'ambition, par la crainte, par l'avarice. «. De plus, dans les lignes 25 et 26 ce sont les arts du luxe comme la décoration, la parfumerie, les bâtiments superbes ou encore l'ameublement qui sont dénoncés, il faut alors voir derrière tout ça une critique de Versailles et de sa cour. Dans les dernières lignes du texte, loin de nous est l'idée de description utopique d'un monde parfait comme l'évoquent les premières lignes, ici, on ressent pratiquement toute la haine qui anime Fénelon sur la cour du roi, le texte a donc réellement montré ses deux faces différentes; l'utopie et la critique.   En conclusion, nous pouvons décrire le texte A, Les Aventures de Télémaque de Fénélon comme étant un texte à double visée, l'une étant de dépayser et donc de plaire au lecteur et l'autre ciblée sur le fait de le convaincre, le faire réfléchir sur la société dans laquelle il vit grâce à une critique implicite et bien menée par l'auteur. Pour arriver à ses fins, Fénelon a utilisé tout au long de son texte de nombreux procédés que nous avons détaillé précédemment, ces procédés lui ont permis de critiquer la cour royale sans subir la censure, c'est d'ailleurs pour cela qu'il a eu recourt à une critique implicite plutôt qu'explicite. Fénelon critique alors une France trop superficielle, uniquement basée sur la luxure du royaume et non plus sur les principes fondateurs d'un monde meilleur, un monde tendant vers l'utopie.

Liens utiles