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A chacun sa vérité. Qu'en pensez vous?

Publié le 24/03/2005

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Peut-on dire : « A chacun sa vérité « ? Introduction. - Il est des questions capitales sur lesquelles il est impossible de parvenir à un accord. Au lieu d'éterniser les discussions et à plus forte raison de prétendre imposer sa pensée par la violence, ne vaut-il pas mieux laisser aux autres la liberté de leurs opinions et dire : « A chacun sa vérité « ? A. Sans doute la vérité est une. Si ce que j'appelle ma vérité s'oppose à ce que vous professez être la vôtre, nécessairement l'un de nous deux se trompe. Il semblerait donc qu'il faudrait répondre négativement à la question posée. Mais comment déterminer cette vérité une et qui devrait être identique pour tous ? Dans bien des domaines de la vie pratique, l'expérience, soit personnelle, soit collective, y suffit.
Remarque : Une analyse précise de la signification dont cette maxime est chargée montrera que son contenu n'a rien de philosophique. La préoccupation du vrai, qui habitait réellement la pensée sceptique, en est absente. Il suffira d'analyser la notion de vérité pour comprendre que, paradoxalement, « À chacun sa vérité « se soucie de tout ce qu'on veut, sauf de la vérité.

« [Introduction] On pense communément que la vérité dépend de l'histoire, de l'expérience et de la constitution de chacun.

Elleserait en ce cas une affaire individuelle, au sens où tout homme se forgerait sa propre conception du vrai, sans quecelle-ci ne soit de fait et de droit communicable ni critiquable.

On dit ainsi que « les goûts et les couleurs ne sediscutent pas ».

C'est une façon à la fois de clore une hypothétique discussion avant qu'elle ait lieu, et derevendiquer un principe de tolérance et de liberté de pensée : « À chacun sa vérité ».Sous couvert de conférer à la pensée de chacun le même respect, ne risque-t-on pas, cependant, de devenirindifférent à son contenu ? Toutes les opinions ont-elle la même valeur ? Ne perd-on pas l'idée même de vérité,seule susceptible de réunir les esprits par-delà leurs singularités ?Tenir ferme l'idée selon laquelle la vérité est une affaire personnelle implique en ce cas de conférer à la subjectivitéun sens plus conceptuel que précédemment.

Car il y va de la capacité de tout homme à fonder rationnellement « sa» vérité et à la partager, au moins en droit, avec autrui. [I.

La vérité est individuelle] [1.

Relativité de la vérité]L'histoire et l'expérience personnelles (le lieu et la date de naissance, l'éducation, les événements rencontrés etsurmontés ou non, etc.) font de tout être un être singulier, radicalement différent des autres.

Chacun appréhendedonc les choses de son propre point de vue.

Aucune existence n'étant véritablement comparable à une autre,chacun peut aspirer à détenir et à défendre « sa » propre conception du vrai.Tel aliment peut ainsi paraître salé à Paul et sucré à Pierre.

Leur perception étant tributaire de la disposition de leurcorps à ce moment précis, de leur goût pour cet aliment en particulier, de la façon dont ils ont pu l'apprécier dans lepassé...

l'un et l'autre ont raison.

Il demeure impossible d'affirmer que l'aliment est salé ou sucré dans l'absolu : il estsalé pour Paul et sucré pour Pierre.

En cela le relativisme a raison. [2.

Vérité et tolérance]Affirmer que chacun détient sa vérité constitue ainsi une façon de respecter la liberté individuelle et de s'ouvrir auxthèses qui diffèrent des siennes.

C'est une forme d'écoute et de tolérance envers l'opinion d'autrui, étant bienentendu qu'on attend les mêmes égards pour la sienne.La rencontre d'une autre culture illustre bien cette idée.

Ainsi, en Occident, la disparition d'un proche est suivied'une période de deuil où prévalent la tristesse (manifeste jusque dans le port de l'habit noir) et lerecueillement,alors que dans certaines tribus africaines, le départ de l'âme est accompagné de chants et de danses multicolorescensées rendre la vie dans 1«< au-delà » festive et joyeuse pour le défunt.

Comme telle, chacune de ces traditionsest respectable : à chacun sa vérité. [3.

Vérité et vigilance]La vérité semble ainsi dépendante de la croyance, en un double sens : son' contenu en résulte et son idée endépend.

Affirmer que chacun a « sa » vérité peut du coup être une façon de mettre l'esprit en garde contre lacroyance illusoire (soutenue par la force du désir humain) en une vérité absolue et universelle, c'est-à-dire valableen tout temps, en tout lieu et pour chacun.

Ce peut être une façon de convaincre l'esprit de se déprendre d'unpréjugé, qui ne relève pas du sens commun mais de la tradition philosophique : la croyance en l'existence d'uneseule et unique vérité, « vieille idole que l'on encense par habitude », selon Nietzsche.Affirmer que chacun a sa vérité constitue donc un moyen de se mettre à l'écoute de l'autre et de revendiquer sapropre opinion, contre toute tentative d'uniformisation utopiste ou totalitaire.

Mais le relativisme ne risque-t-il pasde se retourner contre lui-même ? Reprenons l'exemple des différences culturelles : le relativisme a incité certainstiersmondistes à prôner l'absence totale d'aide occidentale à des populations décimées : « Respectons-les »équivaut à : « Laissons-les se débrouiller ! »Le pas séparant la reconnaissance de la pensée différente, d'une totale indifférence parfois méprisante, n'est doncpas difficile à franchir.

C'est peut-être dans l'idée d'une vérité commune que la solution existe. [II.

La vérité est commune ou n'est pas] [1.

Impasse du relativisme]En affirmant qu'il n'y a pas de vérité, le relativisme lui-même affirme une vérité.

À son insu sans doute, il nous faitprendre conscience qu'aucune discussion ne peut avoir lieu si elle n'est sous-tendue par la croyance en une véritéunique et commune, et en la possibilité, pour l'homme, de l'atteindre et de la reconnaître.. »

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