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CHAPITRE 22 de CANDIDE DE VOLTAIRE (lecture analytique)

Publié le 17/06/2011

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Sa malhonnêteté se dévoile peu à peu : Melle Clairon ne le voit pas parce qu'elle n'aime que " bonne compagnie Il guide Candide dans un tripot mondain, où sa présence semble habituelle (" personne ne se leva "). Il semble comploter et ourdir visiblement (" parla à l'oreille ") et organise le souper fin avec la marquise. Il encourage ensuite Candide à persévérer pour mieux l'extorquer (" son dessein était de profiter... donc il " redouble " de " politesse et d'attentions ", jusqu'à la fausse lettre, la scène d'apparition de Cunégonde et le guet-apens avec l'exempt. L'abbé sert de " fil rouge " à cette histoire de corruption et de tricherie où Candide est escroqué.

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« — répétition dans le temps : " je me souviens " ; " j'étais à Paris " ; " si vous aviez été quatre ans " ; " tel queplusieurs autres commis dans d'autres années...

"— de Paris à la France : " en France " ; " cette drôle de nation " ; " chez nous ".6.

La partie centrale ajoutée en 1761 a doublé largement le chapitre initial.

Elle permet à Voltaire de développer laconversation sur le théâtre et de créer le récit de la visite chez la marquise de Parolignac.

Remarquons d'emblée quece travail d'amélioration va contre l'idée reçue selon laquelle Voltaire n'attachait pas de prix à ses contes et lesconsidérait comme chose légère.

Mais surtout, ce long passage développe le programme indiqué par Martin ("l'amour, " médire " dire des sottises ") et permet à Voltaire de défouler son humeur rageuse et satirique du moment,avec une sorte d'amertume : n'oublions pas que Voltaire est exilé et qu'il ne reviendra à Paris que pour y mourir(1778).

Paris a cessé d'être un lieu de goût et d'esprit, symbole de la civilisation et du progrès.

C'est un retour surles anciennes positions du jeune Voltaire, enthousiaste à l'époque où il décrit Le Mondain (1736).

Voltaire ne croitpas, comme Rousseau, que la ville soit à fuir pour les âmes vertueuses et pures (cf.

La Nouvelle Héloïse, II).

Lepassage ajouté ici précise, la position de Voltaire : c'est la culture elle-même (théâtre, salons, dîners, discussionsentre beaux esprits) qui a sombré dans la décadence, laissant des querelles idiotes, des dogmatismes religieux, dumauvais goût, des salons devenus tripots.

Les marquises sont des courtisanes et les penseurs des " folliculaires ".7.

Un débat particulier : la tragédie.

Les propos de l'homme " savant et de goût " (peut être l'auteur lui-même)précise la conception voltairienne du renouveau de la tragédie.

Il faut être " neuf sans être bizarre " ; " souventsublime et toujours naturel " ; et " faire parler le coeur " humain (émouvoir, attendrir).

Les termes employés icicorrespondent à des catégories esthétiques le " sublime " (grandeur du sujet, noblesse des actions, beauté desidéaux) ; le " tempéré " (douceur des sentiments et des paroles, tendresse des âmes, désir de vertu, amabilité desêtres victimes, etc.) ; le " naturel " (vérité des situations et des psychologies).

Voltaire trouvait que Racine avait untrès beau style, mais que ses tragédies sont des " idylles ", des histoires tendres (Iphigénie, Bérénice), des élégies.Quant à Corneille, il lui reprochait ses invraisemblances, ses raisonnements (" politiques ", " amplifications ") et sonstyle rude et " barbare ", trop compliqué.

Voltaire donne son point de vue sur ces questions dans son Discours sur latragédie (1731).8.

La présence de Voltaire est très forte dans ce passage.

On le voit aux fréquentes intrusions d'auteurs (" c'étaitl'un de ces...

" ; " comme toujours à Paris ", etc.).

Pour le résumé de la pensée de Voltaire sur Paris, voir ci-dessous.

On perçoit partout de l'ironie et de la raillerie.

Le bilan général est amer.

Mais le lecteur est partagé, car ona plusieurs registres :— la parodie : on retrouve ici des stéréotypes (le malade et les médecins ; le monde du théâtre ; le salon et lesjeux ; le souper parisien ; le provincial abusé ; le naïf soumis aux avances de la demi-mondaine) et des faitsd'actualité (batailles littéraires et religieuses ; vie quotidienne) habituellement moqués ;— l'engagement personnel : Voltaire " vide son sac " et vitupère ce qu'il ne peut plus atteindre autrement que pardes écrits.

Ses têtes de turc en prennent pour leur grade (Fréron, Trublet, Gauchat).

On est dans un climat deguerre idéologique, car les dévots et traditionalistes accusaient les Encyclopédistes et Voltaire d'être les ennemis duRoi et de dénigrer la religion pour affaiblir le pouvoir royal (d'où les allusions au régicide).— une logique structurante pour le récit : revenu sur la terre des origines, Candide retrouve d'emblée la vilainehumaine et n'évoque plus guère Pangloss que par automatisme.

Il a pu vérifier ce que Martin avait annoncé auchapitre XX : " dans les villes qui paraissent jouir de la paix et où les arts fleurissent, les hommes sont dévorés deplus d'envie, de soins et d'inquiétudes qu'une ville assiégée n'éprouve de fléaux Il ne lui reste qu'à reprendre la routevers un ailleurs imaginaire idéalisé (Venise) pour aller avouer à Cunégonde sa passagère infidélité ! ÉCRITURE 9.

Le roman sentimental procède en supprimant les chaînons explicatifs et en précipitant les événements.

Voir lamaladie (d'où vient-elle ? qu'est-elle ? qui la guérit ? Mais retenons aussi :- le thème du héros friponné (tendre, généreux, naïf) ;- le monde hostile (dur, traversé de luttes, d'intérêts, d'hypocrisie) ;- les invraisemblances (la fausse Cunégonde, la mise en scène) ;- les brusques retournements (malade/guéri ; arrêté par un exempt/guidé par lui dans la fuite ; cocu/honteux d'êtreinfidèle ; " il a fait un livre.../le grand homme " , " vous pensez/je ne pense rien de tout cela " ; " votre pendu semoquait du monde ;- les personnages (l'entremetteur, le prêtre corrompu, les joueurs, les bavards de salons, la marquise-courtisane) ;- le comique : Candide qui en vient à argumenter en faveur de l'existence du mal (" ombres au tableau ") ; qui a desremords d'avoir été infidèle à Cunégonde, laquelle a passé sa vie à le tromper ; la référence à la Westphalie. VOLTAIRE CONTRE PARIS 1.

Un passage beaucoup remaniéLa longue satire de la vie parisienne a connu plusieurs versions.

Le premier état insistait sur deux aspects de Parisun monde de canailles et de fanatiques.Sur cette toile de fond un peu chargée, la deuxième version insère des épisodes (la maladie de Candide, sonarrestation) pour redonner de l'unité à l'aventure.

La dernière édition (la nôtre) ajoute les débats sur le théâtre, toutle long récit de la marquise de Parolignac et quelques traits contre des ennemis jurés de Voltaire.On voit que Voltaire a donc sans cesse accentué sa rancoeur contre une ville qu'il a quittée depuis 1750 et où il ne. »

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