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LE CHATIMENT DE GANELON (vers 3.675-4.002) - LA CHANSON DE ROLAND

Publié le 01/05/2011

Extrait du document

Charlemagne a laissé dans Saragosse une garnison de mille chevaliers éprouvés ; puis, avec les autres, il reprend le chemin de France. L'armée s'en retourne, fière et allègre. Elle passe par Arbonne, dont elle s'empare ; elle passe par Bordeaux, où l'empereur dépose, sur l'autel de saint Seurin, l'olifant de Roland, tout plein d'or et de mangons. Elle arrive à Blaye, au delà de la Gironde ; et là, en l'église Saint-Romain, dans de blancs cercueils, Charles dépose la dépouille de Roland, celle d'Olivier, celle de Turpin. Après quoi, par monts et par vaux, elle s'achemine vers Aix-la-Chapelle.

« un vrai baron.

Il regarde ceux de France et tous les juges, et aussi trente de ses parents qui l'assistent.

Puis ils'écrie à haute et forte voix : «Pour l'amour de Dieu, entendez-moi, barons ! Seigneurs, je fus à l'armée avecl'empereur.

Je le servais avec fidélité et amour.

Roland, son neveu, me prit en haine et me désigna pour la mort et ladouleur.

J'allai comme messager trouver le roi Marsille ; par mon habileté je réussis à me sauver.

Je défiai le terribleRoland, et Olivier, et tous leurs compagnons.

Charles l'a entendu, ainsi que tous ses nobles barons.

Je me suisvengé, mais ce n'est pas une trahison.

»Les Francs répondent : « Nous irons en tenir conseil.

»Les juges ont entendu l'accusation et la défense.

Ils se retirent pour délibérer entre eux.Or Ganelon, si vil qu'il puisse être tenu, est de famille puissante.

Trente de ses parents sont présents.

A leur têteest Pinabel, qui sait comment on parle et comment on appuie sa parole de ses armes.

On le redoute ; et Ganelonpeut compter sur lui.

Sa présence intimide les juges : ils l'ont entendu déclarer qu'il combattrait avec l'épéequiconque voudrait condamner 'Ganelon.

Ils inclinent à oublier le mort en faveur du vivant : ils voudraient quel'affaire en restât là ; et ils tombent d'accord pour juger que l'empereur devrait faire grâce.

Tous se rangent à cetavis, tous excepté Thierri, frère de Geoffroi d'Anjou, le gonfalonnier du roi. CCLXXIV Au moment où Ganelon voit commencer son grand plaid, trente de ses parents sont là.

Il en est un que tous lesautres écoutent : c'est Pinabel, du château de Sorence.

Il sait parler et produire ses raisons ; il est aussi vassal àfaire respecter ses armes.Ganelon dit : « Ami, sauvez-moi de la mort et de la honte ! »Pinabel dit : « Vous serez bientôt hors de péril.

Il n'y aura pas un Français pour juger que vous deviez être pendu :ou bien il faudra que l'empereur nous mette face à face et c'est avec mon épée d'acier que je prouverai la faussetédu jugement.

»Le comte Ganelon se prosterne à ses pieds. CCLXXV Bavarois et Saxons sont allés délibérer ; avec eux les Poitevins, les Normands, les Français ; et aussi les Allemandset les Thiois ; et aussi ceux d'Auvergne, qui sont les plus courtois.

La crainte de Pinabel leur fait baisser le ton.

Ilsse disent l'un à l'autre : « Restons-en là de cette affaire.

Laissons ce plaid et prions le roi de déclarer Ganelon quitte pour cette fois.

QueGanelon, ensuite, le serve avec amour et fidélité.

Roland est mort : vous ne le reverrez plus : ni or ni argent de nousle rendrait.

Bien fou qui irait combattre Pinabel ! »Il n'en est pas un qui n'approuve cet avis, excepté le seul Thierri, le frère de sire Geoffroi.Leur jugement arrêté, les juges s'en reviennent vers l'empereur.

Ils lui disent leur avis et Charles, en l'entendant,s'écrie : « Vous êtes des félons ! » Puis, comme tous lui ont failli, il baisse tristement la tête.

Il souffre.

Mais voicique devant lui se présente un chevalier : c'est Thierri.

Il a le corps maigre et grêle, une taille qui n'est quemoyenne.

Du moins, si sa prestance n'impose pas, est-il loyal et brave.

Il s'adresse courtoisement à l'empereur.

Si leconseil des juges ne l'a pas écouté, il s'offre maintenant à soutenir, épée en main, que Ganelon est coupable ; que,responsable de la mort de Roland, c'est l'empereur lui-même qu'il a atteint ; qu'il a par conséquent trahi ; et qu'ildoit expier. CCLXXVII « Beau seigneur roi, ne vous affligez pas ainsi Vous savez que je vous ai longuement servi.

Je dois à nos ancêtresde soutenir ceci : quels qu'aient pu être les torts de Roland envers Ganelon, il était à votre service et c'était assezpour le garantir.

Ganelon est félon de l'avoir trahi ; mais, ce faisant, c'est envers vous qu'il s'est parjuré et qu'il a forfait.

C'est pourquoi je juge qu'il doit mourir pendu, comme un félonqui a commis une félonie.

Si, maintenant, il a quelque parent qui veuille m'en donner le démenti, c'est avec cetteépée, ceinte à mon côté, que je veux maintenir ici mon jugement.

»Aussitôt Pinabel vient à son tour se placer devant l'empereur.

C'est un homme grand, fort, hardi et prompt :quiconque il atteint d'un de ses coups a fini son temps.

Il dit arrogamment au roi : « Seigneur, c'est vous qui tenezce plaid : commandez donc qu'on y fasse moins de bruit.

Je vois ici Thierri, qui vient de juger : je dis que sonjugement est faux et je combattrai contre lui.

»C'est l'issue du duel de Thierri et de Pinabel qui décidera du sort de Ganelon. * * *Le combat de Thierri et de Pinabel (vers 3.853-3.945) — Ici le courage et la fidélité ; là l'audace et la force.

Dudroit ou de l'orgueil lequel l'emportera ? Deux hommes sont en présence, dont l'un semble fait pour succomber. »

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