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Choeur d'amour - Nerval

Publié le 10/06/2011

Extrait du document

amour

Analyse du texte de Gérard de NERVAL, « Chœur d’amour ».

 

Le titre, assez bref, évoque un rassemblement harmonieux de personnes qui chante. Le thème de celui-ci serait donc l’amour, sujet pour le moins universel auquel n’importe quel individu peut s’identifier. L’absence d’article induit une généralité ; le lecteur s’attend alors à une sorte d’hymne à l’amour où ce dernier serait montré sous son plus beau visage.

 

La première proposition s’étend sur les deux premiers vers ce qui implique une liaison relativement forte entre eux. Remarquons dans ces deux premiers vers l’affirmation émise par le poète : avec le sujet « on », nous comprenons qu’elle concerne un certain nombre de personnes et que le poète s’inclut dans ce groupe. Cet ensemble est définit grâce au terme « Ici », il correspondrait donc aux personnes présentes dans le lieu où est le poète lui-même. Quant au verbe « passer », utilisé au présent de l’indicatif, il suppose que l’action est lente, paisible, passive et qu’elle est en train de se produire.

Au deuxième vers, le pluriel de « Des jours enchantés ! » ajoute à l’idée de lenteur celle de longueur de l’action mais l’article défini « des » nous donne une indication assez vague sur cette durée. L’adjectif qui qualifie le nom « jours » est porteur des notions de plaisir et de satisfaction et le point d’exclamation ajoute à cette affirmation une note enjouée et joviale.

Le ton de ces deux premiers vers est paisible même si le point d’exclamation vient d’une certaine manière briser cette quiétude.

 

« L’ennui s’efface aux cœurs attristés » nous éclaire sur la première proposition en nous donnant la raison du contentement qu’elle exposait. L’article défini « l’ » implique que l’ « ennui » est quelque chose de connu de tous. Quant au verbe pronominal « s’effacer », conjugué au présent, il peut être rapproché de « passe » (premier vers) de par sa rime mais aussi de par l’effet de lenteur et de tranquillité qu’il donne au texte. « Aux » introduit le complément circonstanciel de lieu « cœurs attristés », qui est en effet l’endroit depuis lequel « l’ennui s’efface ». Ce complément nous renvoie au pronom « on » du premier vers puisqu’il désigne le même ensemble de personnes. Cet ensemble serait alors définit par « cœurs attristés », ce qui réduirait les personnes qui en font partie aux sentiments qu’elles éprouvent. En ce qui concerne l’adjectif

« attristés », il introduit aussi la notion d’un vécu douloureux passé mais sans l’expliquer, ce qui laisse place à l’imagination du lecteur.

Il faut remarquer la comparaison qui s’étend du troisième au sixième vers en comparant « l’ennui » (comparé) et « la trace des flots agité » (comparant) avec pour motif « s’efface ». Ces deux éléments sont nettement séparés l’un de l’autre puisque le modalisateur « comme » est placé entre ceux-ci. « La trace des flots agités » renvoie à quelque chose d’éphémère puisque la « trace » de l’eau change infiniment et n’est jamais semblable à une autre. D’autre part, le terme « flots » au pluriel amène déjà la notion de mouvement qui est amplifiée par « agités », cela accentue le remous incessant de l’eau. Cette comparaison a pour effet de donner à l’ « ennui » un caractère passager et fugitif mais nous fait aussi comprendre que celui-ci ne marque pas les esprits après son passage, qu’il est furtif.

 

Avec l’espace qui les sépare, une rupture est marquée entre les six premiers vers et les six derniers. Cela permet de considérer ces deux morceaux comme deux parties bien distinctes du texte, et le lien qui les unit reste assez implicite. 

« Heure frivole » renvoie au début du texte et réduirait donc le plaisir précédemment énoncé à un instant relativement court et dépourvu d’importance. L’absence d’article rend ce lien entre la première moitié du poème et ce septième vers moins explicite. Quant à la conjonction de coordination « Et », elle évoque l’habitude et la tournure impersonnelle « qu’il faut saisir » permet au poète d’inclure dans l’évocation de cette nécessité de s’emparer du temps, un grand nombre de personnes et lui-même. Ces deux vers seraient donc un conseil donné par ce dernier au plus grand nombre en évoquant le temps qui s’écoule trop vite et que l’on doit s’empresser de ne pas laisser filer.

La « , » a ici un sens d’équivalence : en effet, « passion folle » a pour but, identiquement à « heure frivole », de renvoyer au début du texte. Ces deux ensembles « heure frivole » et « passion folle » doivent aussi être rapprochés par leur rime identique et leur absence commune d’article, ce qui donne l’impression que le rythme du poème s’accélère. Ces différents rapprochements insistent sur le fait qu’ils évoquent et se rapportent à la même chose.

Ce septième vers évoque la « passion » qui est quelque chose de plus démesuré, de plus excessif et qui est encore accentué avec l’adjectif « folle ». Mais cette émotion est directement affaiblie par « qui n’est qu’un désir » : on réduit cette « passion » qui est synonyme d’un sentiment ardent à un simple « désir ». En ce qui concerne l’article défini « un », il accentue ce phénomène en donnant l’impression que c’est un simple « désir » parmi d’autres.

La « , » sépare ce que l’on dit de l’état de la « passion » (elle « n’est qu’un désir ») et l’action qu’elle fait (« s’envole »), mais ces deux locutions sont liées grâce à la conjonction de coordination « et ». L’action est repoussée à la fin de ce troisième vers, ce qui met en évidence cette image qui donne une impression de légèreté au texte.

Le dernier vers renvoie aux deux premiers vers du poème : « des jours enchantés » est bien le synonyme de « plaisir » et le « ! » rapproche aussi ces vers puisqu’ils l’ont en commun. D’autre part,« Après » marque la postérité dans le temps de la « passion », en nous indiquant ce qu’il se passe avant elle.

Le ton est plus jovial qu’au début et le rythme de la lecture s’accélère.

 

En conclusion, ce texte évoque le plaisir qui permet d’abolir l’ennui et la passion des hommes qui s’éteint avec le temps. Mélodieusement, le poème accélère le rythme de la lecture dans sa deuxième partie et emploie de tout son long des rimes croisées. Quand au ton, il est paisible au début et beaucoup plus enjoué vers la fin. Le poète ne fait qu’une brève apparition au début du poème à travers le pronom « on » ce qui permet au lecteur de s’identifier au conseil qui est donné de ne pas laisser filer le temps.

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