Le christianisme d'aujourd'hui ?

« lorsqu'elle participe à la réalité même de Dieu.La matière, selon la conception chrétienne, est distincte de l'esprit; et on ne peut dire avec le matérialismedialectique que l'esprit en dérive comme son produit fondamental.

Mais, toujours selon la conception chrétienne, cen'est que pour servir de support et de base à la vie de l'esprit, à la vie de la personne, que cette matière est crééeet mise là dans le monde, à partir de cet Esprit qui s'appelle Dieu.

et au service de cet autre esprit que nousappelons l'homme.

L'esprit n'est pas un étranger dans un monde d'où la spiritualité serait absente et qui irait sonchemin sans se soucier de lui.

Le monde matériel est au contraire l'enveloppe corporelle de l'esprit; il est le corpsagrandi de l'homme; il partage donc avec lui la même finalité, le même unique destin." Comprenons bien qu'il n'y a pratiquement rien à dire sur le terme ultime de l'histoire.

On ne peut affirmer que ceci :c'est Dieu lui-même qui sera l'accomplissement infini.

Ceux qui veulent imaginer une fin du monde » et utilisenttoutes sortes d'images pour la décrire font de l'apocalypse, mais il s'agit ici d'eschatologie.

Le terme infini del'achèvement de l'homme est l'Indicible, et c'est la venue de Dieu lui-même qui constitue le véritable avenir del'homme.

Voilà pourquoi le christianisme dépasse infiniment toute idéologie ou utopie terrestre concernant l'avenir.Les philosophes des différents matérialismes, à l'est comme à l'ouest, décrivent une société où l'homme pourrasatisfaire les moindres de ses désirs, y compris aller dans la planète Mars.

En somme, ils promettent le fameux « àchacun selon ses besoins ».

Cela paraît bien maigre à Karl Rahner : "l'homme nouveau qu'on nous annonce ressemble désespérément à l'ancien." Le christianisme enseigne quant à lui tout autre chose : l'homme est capable d'une rencontre directe avec l'Infini etl'Absolu.

Le mystère Indicible appelé Dieu par l'homme peut faire irruption en lui par la grâce et rendre cet être finicapable de contempler face à face la réalité absolue, « le mystère insondable qui sera notre béatitude éternelle ».Karl Rahner résume sa pensée d'une phrase : pour le christianisme, la création est l'apparition d'une réalité finie àlaquelle l'Infini se prodigue par amour.On peut ainsi mieux comprendre le christianisme par rapport au monde.

Karl Rahner, rappelant les principaux aspectsde l'univers contemporain tels qu'ils ont été décrits dans les divers chapitres de ce livre, le résume par le triplethème de la planification rationnelle, de la démythisation, et du profane.Mais toutes ces attitudes du monde moderne, malgré les réserves qu'il est nécessaire de formuler à leur sujet, sontfoncièrement chrétiennes.

C'est dans le cadre du christianisme que l'homme est devenu un sujet, et c'est cela, nousl'avons vu à propos de l'humanisme, qui a façonné la conscience occidentale.Karl Rahner rappelle que ce n'est que dans le christianisme que chacun, même le plus misérable, est un sujet absolu,doté par conséquent d'une valeur inconditionnée et permanente.

C'est encore au christianisme que l'homme doit sonattitude vis-à-vis du cosmos.

Le christianisme enseigne que le monde est créé à partir du néant, et qu'il a étéconfié à l'homme pour être l'instrument de son action.

Il s'agit bien pour l'homme de dominer le monde, qui lui estinférieur : cette domination est légitime.

Sur les plans métaphysique et théologique, l'homme a toujours été pour lechristianisme l'être qui se possède lui-même et qui façonne librement son propre destin, même son destin éternel.

Enlointain écho à cette responsabilité, l'homme en vient ainsi à se faire lui-même objet de rationalisation. « L'esprit de l'ère dans laquelle nous vivons n'est donc pas radicalement anti-chrétien », s'il est vrai que lechristianisme est la religion qui croit en un avenir infini, dépassant d'emblée tous les rêves d'avenir conçus par lecerveau humain.Une telle attitude, loin de dénier à la volonté humaine le droit d'édifier un avenir en évolution indéfinie, lui donne aucontraire tout son sens : celui d'une responsabilité morale devant Dieu, celui d'une ouverture sur la vie infinie deDieu.

Et de cette vie là il sera toujours vrai de dire, demain comme hier, et de façon toujours nouvelle, que,présente en nous par la grâce à l'état de promesse, elle constitue l'avenir le plus authentiquement nôtre.. »