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Citation tragédie jean anouilh

Publié le 11/04/2012

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anouilh

 

Jean Anouilh fait partie de ces auteurs du XXème siècle qui ont revisité les tragédies antiques pour en proposer des réécritures modernes. Il a ainsi écrit sa version du mythe d’Antigone où il transforme le chœur antique en personnage qui propose à un moment une définition insolite de la tragédie : « (…) c’est reposant, la tragédie ; parce qu’on sait qu’il n’y a plus d’espoir, le sale espoir ; qu’on est pris, qu’on est enfin pris comme un rat, avec le ciel sur son dos, et qu’on n’a plus qu’à crier — pas à gémir, pas à se plaindre , — à gueuler à pleine voix ce qu’on avait à dire, qu’on n’ avait jamais dit et qu’on ne savait peut-être même pas encore » ? Ce propos définit la tragédie comme un genre qui procurerait calme et réconfort   car elle représente   des personnages privés d’espoir, réduits à n’exister et   s’affirmer que par la parole. Celle-ci, née du sentiment d’impuissance, fait jaillir paradoxalement une vérité inouïe. Mais qui est ce « on » répété dans la citation ? S’agit-il du spectateur ou des protagonistes ? Car si seul le public connaît l’issue fatale, seuls les héros sont « pris comme des rats » et proclament leur malheur. Et qui éprouve   le prétendu apaisement ? Les personnages ou le public ? Cette ambiguïté du « on » nous amènera à envisager les deux possibilités. Dès lors il s’agit de se demander :   dans quelle mesure l’abolition de tout espoir engendre-t-il chez les héros un nouveau rapport à la parole devenue instrument de libération et de révélation ? Et en quoi cet   aspect de la tragédie en fait un « genre reposant » tant pour les héros que pour le public ? 

La tragédie montre indéniablement un univers sans espoir dont le fonctionnement est bien connu du public. Le poids écrasant de la fatalité   laisse en effet une place centrale à la parole tragique. Mais n’est-elle que fureur et colère ? Et cette explosion de la parole est-elle compatible avec la thèse d’un genre reposant ? Nous verrons que   la tragédie vise... 

 

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