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La civilisation est-elle un mal nécessaire ?

Publié le 08/03/2004

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NÉCESSAIRE (lat. necessarius, inévitable)

Gén. Qui ne peut pas ne pas être, ou ne peut être autrement qu'il n'est. D'où : qu'on ne peut concevoir comme n'étant pas, ou qu'on ne peut pas concevoir autrement. Opp. à contingent. Crit. Syn. d'apodictique. Kant appelle vérités nécessaires les propositions dont les contradictoires impliquent toujours contradiction, ou sont connues comme fausses a priori . Par ex., « le tout est plus grand que la partie ».

CIVILISATION (lat. civitas, la cité)

Gén. Ensemble des caractéristiques (religieuses, morales, esthétiques, techniques...) d'une société donnée. Opposée à la barbarie, la civilisation est un état jugé supérieur moralement. L'homme s'humanise (devient plus homme) quand ses pulsions se disciplinent et se règlent en fonction d'interdits sociaux. Ethno. On peut distinguer la civilisation comme situation matérielle d'une société (civilisation de l'âge de pierre ou du charbon) et la culture qui est comme son âme, son esprit (civilisation chinoise ou grecque). En ce sens, la supériorité matérielle d'une civilisation n'implique pas sa supériorité morale. Le progrès technique peut s'accompagner d'actes de barbarie (camps de concentration). On peut donc radicalement séparer l'idée de civilisation de celle de progrès.

La notion de civilisation vient du latin civis qui signifie citoyen. En ce sens parler de la civilisation c’est faire référence à l’état social et tout ce qui le compose : la religion, la morale, la technique etc. Il n’est pas rare de rapprocher la civilisation de l’idée de progrès. Or si la civilisation est conçue comme un progrès comment pourrait-elle être identifiée à un mal nécessaire ? Si elle a son lot de réussites elle a aussi son lot de massacres, d’horreurs, d’inhumanité, qui révèle sa composante négative. Nous ne pouvons que constater l’ambivalence propre à cette notion. L’hypothèse qui devra être examinée ici est la suivante : si la civilisation est conçue comme un mal nécessaire c’est parce que derrière le progrès qu’elle implique il y a une part d’atrocités inévitable, autrement dit pour qu’un bien tel que le progrès de la civilisation puisse avoir lieu il faut en contrepartie la présence d’événements fâcheux. Afin d’analyser cette hypothèse nous procéderons en trois étapes. La première se pose la question du fondement de la conception qui allie la civilisation et l’idée de progrès. La deuxième met en évidence l’ambivalence propre à la notion de civilisation. Enfin la troisième étape a pour finalité de répondre si oui ou non la civilisation peut être comprise comme un progrès.

« « 249- Souffrir du passé de la civilisation .

Qui s'est fait une idée claire du problème de la civilisation souffre dès lors du même sentiment quel'héritier d'une fortune acquise par des moyens illégitimes, ou que le princequi règne grâce aux actes de violence commis par ses ancêtres.

Il penseavec tristesse à son origine, et il est souvent honteux, souvent irritable.

Lasomme d'énergie, de vouloir-vivre, de joie qu'il consacre à son bien estsouvent contrebalancée par une lassitude profonde : il ne peut oublier sonorigine.

L'avenir, il le regarde avec mélancolie ; ses descendants, il le saitd'avance, souffriront comme lui du passé.

» NIETZSCHE, Humain trop humain. L'homme se trouve être tiraillé entre le passé de la civilisation, qui s'avère être un lourd fardeau, et l'avenir qui l'attend et qui lui demandebeaucoup d'énergie et d'envie. 2.2 L'ambivalence de la civilisation.

« 241- Génie de la civilisation .

Si l'on voulait imaginer un génie de la civilisation, de quelle nature serait-il ? Il manie ses outils, le mensonge, laviolence, le plus brutal des égoïsmes, avec une telle sûreté qu'on ne pourraitle dire qu'un être démoniaque et mauvais ; mais ses intentions, quitransparaissent çà et là, sont nobles et bonnes.

C'est un Centaure, à moitiébête, à moitié homme, et en plus avec des ailes d'ange à la tête.

» Ibid. La civilisation n'est pas fondamentalement mauvaise ou du moins elle n'est pas que cela.

La présence d'ombres n'exclut pas l'existence d'un bien. Transition : C'est parce que la civilisation est ambivalente qu'elle porte en son sein son lot de maux.

Il s'agit à présent d'approfondir l'expression mal nécessaire. Troisième partie : Le progrès par de-là les antagonismes.

3.1 L'apport du passé.

« Il n'est pas aussi chimérique qu'il le paraît au premier coup d'œil de croire que la culture peut améliorer des générations elles-mêmes, et que le perfectionnement dans les facultés des individus est transmissible à leursdescendants.

L'expérience semble même l'avoir prouvé.

Les peuples qui ont échappé à la civilisation, quoique entourés de nations éclairées, ne parviennent point à s'élever à leur niveau au moment même où desmoyens égaux d'instruction leur sont offerts …Il est donc assez simple de penser que si plusieurs générations ont reçu une éducation dirigée vers un but constant, si chacun de ceux qui les forment a cultivé son esprit parl'étude, les générations suivantes naîtront avec une facilité plus grande à recevoir l'instruction et plus d'aptitude àen profiter.

» CONDORCET, Premier Mémoire sur l'Instruction publique. Si le passé peut être considéré comme un lourd fardeau selon Nietzsche, dans cet extrait Condorcet souligne les progrès que l'histoire de la civilisation nous a apportés.

La relation entre la civilisation et le progrès estréhabilitée sous la plume du philosophe des Lumières. 3.2 Un mal pour un bien.

« Le moyen dont la nature se sert pour mener à bien le développement de toutes ses dispositions est leur antagonisme au sein de la Société, pour autant que celui-ci est cependant en fin de compte la cause d'une ordonnance régulière de cette Société.

» KANT, Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique . Le progrès de l'humanité se nourrit des antagonismes.

En ce sens il a un prix qui n'est pas toujours aisé de justifier surtout quand nous ne mettons pas en perspective les événements dans leur histoire.. »

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