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Claude Bernard - Le logicien : la théorie de l'induction.

Publié le 12/07/2011

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claude bernard

« L'induction et la déduction appartiennent à toutes les sciences. « (Introd., I, II, § 5, p. 76.)

Il est classique de distinguer deux procédés généraux de la pensée qui caractérisent deux types de science : l'induction, qui intervient dans les sciences de la nature ou sciences expérimentales; la déduction, qui suffit à la constitution des mathématiques. Les philosophes ont cru devoir distinguer deux méthodes dans les sciences, l'une qu'on appelle méthode expérimentale ou a posteriori; l'autre non expérimentale, dite a priori. Ils ont encore appelé la première, qui appartient à toutes les sciences physicochimiques et naturelles, du nom de méthode inductive, parce que dans ces sciences l'induction nous conduirait du particulier (observation) au principe général (loi ou théorie) en passant par l'expérience. La seconde, qui appartient exclusivement aux sciences mathématiques, serait la méthode déductive, parce que c'est à l'aide de la déduction que nous descendons du principe général (axiomes) au cas particulier (théorème), sans avoir besoin d'aucune expérience. (Principes, p. 208-209.)

claude bernard

« Pour faire mieux sentir la différence et préparer notre seconde remarque, opposons ces deux façons de raisonner en ramenant le raisonnement conditionnel au raisonnement catégorique : Le lait est blanc. Or ce liquide est du lait; Or ce liquide est blanc;Donc ce liquide est blanc.

Donc ce liquide est du lait. Nous pouvons donner ces deux formes au raisonnement mathématique aussi bien qu'à un raisonnement ordinaire : Les angles opposés par le sommet sont égaux. Or les angles a et b sont opposes par le sommet; Or les angles a et b sont égaux;Donc les angles a et b sont égaux.

Donc les angles a et b sont opposés par le sommet. La validité des raisonnements est la même qu'on soit en mathématiques ou en biologie : il saute aux yeux que, qu'il s'agisse de lait ou d'angles, les raisonnements de gauche sont valables tandis que ceux de droite nevalent pas.

Pourquoi ? Cela non plus, Claude Bernard ne l'a pas vu.

2.

Les syllogismes catégoriques bâtis sur le modèle du raisonnement expérimental (à droite) et le raisonnement expérimental lui-même sont logiquement incorrects parce qu'ils violent une règle essentielle du syllogisme, larègle du moyen terme.

Celle-ci énonce que : le moyen terme doit être au moins une fois général.

La violation de cette règle est apparente dans le raisonnement que voici : Certains Français sont menteurs;Or tu es Français;Donc tu es menteur. En effet le caractère particulier du premier sujet « certains Français » attire l'attention et amène cette réponse : c'est vrai, « certains Français » sont menteurs et d'autre part je suis Français; mais je nie la conclusion carje prétends appartenir à la catégorie de certains autres Français qui ne sont pas menteurs.

Pour que le raisonnement valût, il faudrait que le sujet de la majeure fût général et affirme que « les Français » sont menteurs.La violation est moins apparente lorsque le moyen terme est deux fois attribut d'une affirmative, parce que l'extension de l'attribut semble alors indéterminée.

Sans doute, lorsque je dis : « les oiseaux sont des vertébrés »le des devrait m'avertir du caractère particulier de ce terme; néanmoins il arrive que certains n'y fassent pas attention; il en est à plus forte raison ainsi lorsque l'attribut n'est pas accompagné d'article comme dans cetexemple : Les paresseux sont punis;Or tu es puni;Donc tu es paresseux. Or c'est de cette manière que procède le « raisonnement expérimentai ».

Empruntons à Claude Bernard un exemple bien connu : Les urines des carnivores sont acides;or les lapins que j'ai sous les yeux ont les urines acides;donc ils sont carnivores.

(Introd., III, I, § 1, p.

244.) Le raisonnement ne vaudrait que si la majeure affirmait que les carnivores sont tous les animaux ayant des urines acides.

C'est pour cela que l'expérimentateur, non content d'une expérience de contrôle, les multiplie,chaque contrôle nouveau rapprochant du fous et donnant ainsi une probabilité plus grande à l'hypothèse.Ajoutons un dernier complément à la logique si incomplète que Claude Bernard nous a laissée du raisonnement expérimental.

Si, lorsqu'il confirme l'hypothèse, ce raisonnement est logiquement incorrect, quand il lacontredit il est correct.

L'auteur de l'Introduction le sait bien, car il abandonne son hypothèse lorsque la conclusion du raisonnement expérimental n'est pas conforme aux faits.

Mais il n'éprouve pas le besoin de justifierrationnellement cette pratique.

La justification est que, dans ce cas, le moyen terme est une fois général : Si A est vrai, B est vrai;Or B n'est pas vrai;Donc A n'est pas vrai. Ou, pour reprendre un syllogisme catégorique, déjà donné en exemple : Le lait est blanc;Or ce liquide n'est pas blanc;Donc ce liquide n'est pas du lait.. »

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