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Coelio Est-Il Un Heros Romantique ?

Publié le 12/09/2006

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Les caprices de Marianne est une pièce de théâtre parue en 1833 et écrite par Alfred De Musset. Cette pièce s’apparente  au genre du drame romantique. Elle à été écrite sous la monarchie de Juillet mise en place après la révolution de juillet 1830 (les trois glorieuses), le climat politique est donc instable. Cette période (1830-1848) voit l’apparition du romantisme social avec ses revendications de liberté. Les caprices de Marianne se passe à Naples et met en scène trois personnages principaux : Coelio, Marianne et Octave. Si cette pièce est un drame, alors une question se pose : « En quoi Coelio est-il un héros romantique ? «. Pour commencer, nous parlerons de Coelio, qui est un personnage lyrique, puis de cet amour impossible avec Marianne qu’il nourrit et enfin de son opposition avec sa société.

 

Coelio est un personnage lyrique, caractéristique propre au héros romantique. En effet, il y à l’affirmation désespéré du « moi «. A plusieurs reprises, on peut remarquer que Coelio à recourt aux sujet « moi « ou « j’ « ou ses dérivés tel que « pour moi « ou « comme moi «. Il essaye d’affirmer son opinion, ses sentiments et son ressenti dans une société qu’il ne comprend pas et de laquelle il se sent rejeté, en opposition. C’est un personnage marginal. Il veut s’affirmer comme le montre l’emploi de « moi-même «. Coelio, personnage clé de l’histoire, montre par son expression du « moi « qu’il est un héros romantique et met donc en place la thématique de l’œuvre. Coelio, en plus de se sentir en contradiction avec sa société, est aussi un personnage tiraillé entre le monde du rêve et celui de la réalité.

 

Coelio est tiraillé entre deux mondes, celui du rêve et celui de la réalité comme nous le montre l’emploi des mots « douce rêverie «, « chimère « et « mirage « appartenant tous au champ lexical du rêve. Il est perdu, il ne sait même plus qui il est et ne fait pas la différence entre le rêve et la réalité comme en témoigne la citation de la scène de dénouement (Acte II, scène 5) «Est-ce un rêve ? Suis-je Coelio ? «. Malgré cela, ce personnage reste quand même lucide quant à son amour, qu’il sait qu’il va le mener à la mort même si il a des illusions trompeuses et qu’il préfère ses illusions à la réalité. C’est donc un héros submergé, perdu entre deux mondes qui présente des caractéristiques du héros romantique. C’est pourquoi il nourrit l’espoir d’un amour impossible.

 

Coelio a une passion amoureuse qui le dévore, caractéristique du héros romantique. Cette passion qui le dévore est pour Marianne. Il est désespéré par cet amour qu’elle ne partage pas, il sait que cet amour le conduira à la mort mais sa passion le submerge. La citation « Mon cabinet d’études est désert ; depuis un mois j’erre autour de cette maison la nuit et le jour « (Acte I, scène 1) nous montre qu’il n’arrive ni à travailler, ni à dormir tant Marianne l’obsède. Lorsque Coelio la voit, il ne se contrôle plus, se sent mourir d’amour comme il dit avec «  Quand je la vois, ma gorge se serre et j’étouffe, comme si mon cœur se soulevait jusqu’à mes lèvres « (Acte I, scène 1). Coelio dit lui-même que cet amour le conduira à la mort, il le dit dans l’acte I, scène 1 comme nous le montre sa phrase « Le souffle de ma vie est à Marianne ; elle peut d’un mot de ses lèvres l’anéantir ou l’embraser. Vivre pour une autre me serait plus difficile que de mourir pour elle : ou je réussirai, ou je me tuerai « Cette citation nous apprends aussi qu’il est impossible pour Coelio d’en aimer une autre que Marianne, il préfèrerait mourir. Il vit pour Marianne et l’espoir d’un amour partagé. Coelio est un personnage qui en plus d’être désespéré par un amour impossible, est voué à l’échec.

 

Autre caractéristique du héros romantique, il est voué à l’échec. Coelio sait que son amour va le conduire à la mort et il en accepte les risques. On peut voir dans la scène d’exposition que Coelio est décrit comme habillé en noir, couleur du deuil, le jour du carnaval, ce qui signifie implicitement que son amour avec Marianne est voué à l’échec. Coelio perçoit la mort comme une libération, il nous le fait savoir lors de la scène de dénouement en disant « Ô mort ! puisque tu es là, viens donc à mon secours « et « Ô mort ! je t’ouvre les bras «. On peut aussi constater qu’il accueille la mort comme la fin de sa souffrance. De plus, l’interjection « Ô « renforce l’idée que Coelio accepte sa mort, sa destinée. Cette souffrance de son amour non réciproque avec Marianne prend fin avec la mort. Sa passion l’entraîne, le dévore, il ne contrôle ni son destin ni ses émotions. Coelio n’est plus maître de lui comme le souligne la présence de la « barque « qui introduit les thématiques de la mort et de l’enfer. Coelio est un personnage voué à l’échec. Son amour est impossible et cela va le tuer, il le sait. Il est victime de la fatalité, caractéristique propre au héros romantique. Mais en plus d’être voué à la mort, il est un personnage marginal, en totale opposition avec la société dans laquelle il vit.

 

La société dans laquelle évolue Coelio est une société libertine et stratégique. Les hommes n’ont pas de vrais sentiments, ont plusieurs maîtresses et les mariages se font seulement par intérêt des deux familles. Les sentiments n’ont pas de place dans la société où vit Coelio. Lui, est en totale contradiction avec cela, il impose la loi de l’amour et des sentiments. En effet, lors de la scène d’exposition, il fait part à Octave de son décalage complet avec les mœurs de l’époque. Avec le mot « maxime «, il s’oppose aux libertins et à leurs jeux de séductions et aux plaisirs des sens. Il reproche aussi le fait de considérer que toutes les femmes se valent, il met en quelque sorte Marianne sur un pied d’estale en critiquant les mœurs de son époque. Coelio se pose aussi face à Octave, affirme sa différence en lui disant «En vérité, je ne saurais aimer cette femme comme toi, Octave, tu l’aimeras « (Acte I, scène 1). Il s’oppose également à l’institution du mariage, critiquant que cela soit pour des intérêts communs et non pour des sentiments partagés. Coelio est donc un personnage totalement opposé à sa société. Mais en plus de cela, il est seul contre tous.

 

Coelio est un héros seul contre tous. Il est seul, se sent désespéré et incompris. D’abord, il y a Marianne qui le rejette, qui veut bien n’importe quel amant sauf lui qu’il l’aime, comme elle le fait savoir à Octave « Coelio me déplaît, je ne veux pas de lui. Parlez-moi de quelqu’un d’autre, de qui vous voudrez « (Acte II, scène 3). Coelio est seul, il erre jour et nuit autour de la maison de Marianne, personne ne comprenant cette obsession qu’il a pour elle. Claudio, mari de Marianne, est quant à lui logiquement opposé à Coelio, qu’il fait même assassiner à la fin de l’œuvre. Lors de la scène de dénouement, Coelio dit «  Octave, traitre d’Octave, puisse mon sang retomber sur toi ! «. Il pense à une trahison de son ami Octave, il y a ici un quiproquo. Coelio est donc seul contre tous, rejeté de son amour, haïs par Claudio, incompris et mort avec la certitude d’une trahison de la seule personne qui l’aidait, Octave.

 

Coelio possède toutes les caractéristiques du héros romantique. Il est marginal, prône l’amour dans une société de libertins. Coelio est un héros lyrique qui essaye de s’affirmer par le biais du « moi «. C’est un héros poursuivit par la fatalité, qui nourrit l’espoir d’un amour impossible qui le conduira à la mort : sa fin est donc tragique. Il est seul, rejeté et incompris. En conclusion, Alfred De Musset incarne en Coelio l’archétype du héros romantique.

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