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Colle de philo : CLASSICISME OU MODERNITÉ.

Publié le 21/07/2010

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INTRO :

Ds le langage courant, les adjectifs, substantivés ou non, « classique « et « moderne « ont une acception particulièrement large, le premier désignant une œuvre culturelle qui est devenue une référence et le second qualifiant toute chose qui est actuelle, récente. L’usage commun de ces deux termes ne rend pas compte de la complexité considérable des notions de classicisme et modernité auxquels ils se rattachent, notions dont la complexité tient à la forte historicité et à la multiplicité des domaines concernés, domaines essentiellement artistique et techno-scientifique. Il nous faut donc définir avec précision ces notions en établissant des distinctions conceptuelles pertinentes et propres à mettre en évidence les enjeux qu’elles soulèvent. Classicisme : 1. Courant esthétique regroupant l'ensemble des ouvrages qui prennent comme référence esthétique les chefs-d'œuvre de l'Antiquité gréco-latine. 2. En France l'« époque classique « est la période de création littéraire et artistique correspondant à ce que Voltaire appelait « le siècle de Louis XIV « ; il s'agit essentiellement des années 1660-1680, mais en réalité la période classique s'étend jusqu'au siècle suivant. NB : Le classicisme en France est un cas singulier: cette période a été appelée classique parce qu'elle se donnait comme idéal l'imitation des Anciens, mais aussi parce qu'elle est devenue une période de référence de la culture nationale. 3. Au-delà de ces définitions historique et esthétique, le sens du terme « classique « a été étendu jusqu'à désigner tout écrivain dont l'œuvre semble propre à être étudiée dans les écoles pour y servir de modèle. Modernité : 1. emprunté au latin modernus (actuel, récent) , inscrit dans le temps : c’est d’abord le présent par rapport au passé (ex : les chrétiens par rapports aux païens). Nous sommes tous modernes en notre temps (même les classiques en le leur). 2. Période historique : - Temps modernes ou période moderne : à partir de 1492 et la découverte du nouveau monde ou 1453 selon les historiens, à la fin de la guerre de cent ans et de la prise de Constantinople par les Turcs). En France après la révolution française, on parlera d’époque contemporaine. Du point de vue des philosophes, cette période correspond à Descartes et à la naissance du sujet (ego cogito sum). 3. Nouveau sens avec Baudelaire : la catégorie historique devient esthétique. Elle signale les grands changements de la révolution industrielle, le développement urbain, le goût pour le fugace (débuts de la photo) et surtout la course à la nouveauté, l’amour du changement (ex : les avant-gardes). L’Académie n’est plus l’autorité absolue des beaux-arts (1884), la création se libère. (Attention : l’art moderne est un courant (et non une époque) qui s’étend de 1907 (Les Demoiselles d’Avignon) au milieu des années 1960’s.) À partir de cela l’on peut constater qu’il y a une certaine difficulté à définir ces deux termes, qui semblent recouvrir plusieurs réalités distinctes dans le temps, comme dans les idées qu’ils incarnent. On peut remarquer toutefois que l’un suppose nécessairement l’autre, que le classicisme naît de la modernité même. Inversement la naissance de temps ou d’idées modernes oblige à considérer comme classiques les anciennes qui faisaient jusqu’alors tradition. La rivalité entre classicisme et modernité apparaît donc à chaque moment critique (au sens de moment de crise), à chaque moment de rupture, à chaque grand moment d’innovations ==> La q° qui se pose donc est celle de l’héritage intellectuel et de son inadéquation avec les données nouvelles, scientifiques, théoriques, techniques ou artistiques, c’est-à-dire avec les découvertes qui ne s’inscrivent pas dans les conceptions communément acquises. Ces découvertes révolutionnaires impliquent de faire un choix, puisqu’il faut décider si l’on en fait les indices d’un monde nouveau ou si on les contraint à s’adapter aux anciennes. C’est le choix entre Classicisme et Modernité, choix qui se joue dans l’histoire et dont on va interroger les modalités, tant ses conditions de possibilité que celles de sa résolution. On est donc face à une alternative entre deux termes à priori inconciliables, antagonistes. Face à ce choix de la tradition, de la conservation contre celui de l’innovation, du progrès, il faut prendre parti. Tout cela va nous amener à nous poser successivement trois questions : tout d’abord quand se pose-t-on la question, quand apparait l’alternative? Ensuite comment se déterminer, en vertu de quoi ce choix s’impose-t-il, à quoi se référer pour faire son choix ? Et enfin y a-t-il des possibilités et si oui quelles sont-elles pour échapper à l’alternative ? CONCLU : Rappel du plan. Choix qui a toujours été sous-tendu par les enjeux politiques puisqu’il implique la notion d’obéissance, fait jouer des valeurs. Ainsi la querelle entre les Anciens et les modernes est bien plus qu’une affaire d’art ou de littérature. Au fond ce sont deux conceptions du monde qui s’opposent, l’une tournée vers le passé, l’autre vers l’avenir, et dont les confrontations ont jalonné toute l’histoire depuis le 15ème siècle. Le monde contemporain semble cependant l’avoir dépassé. Quelques écoles platoniciennes : Jean de Salisbury, rapportant la citation de Fulbert de Chartres, 
la développe et la commente dans son "Metalogicon III" :
"Nous sommes comme des nains juchés sur des épaules de géants. Nous voyons ainsi davantage et plus loin qu'eux, non parce que notre vue est plus aigüe ou notre taille plus haute, mais parce qu'ils nous portent en l'air et nous élèvent de toute leur hauteur gigantesque.") = image reprise dans le Gulliver de Swift, allégorie de la querelle. I/ LA QUESTION DU MOMENT CRITIQUE : LES REVOLUTIONS DE LA MODERNITE. La modernité n’est pas une révolution, mais elle s’appuie sur elle. On va l’envisager ici plutôt un concept techno-scientifique : l’ère de la productivité et du rationalisme provoque une modification des conditions de vie. A/ Les origines de la modernité selon Arendt (NB : se poser la q° de l’origine de la modernité revient à se poser celle de l’origine du classicisme en tant que tel puisque ces deux notions se définissent négativement l’une // l’autre). Pour Arendt (Condition de l’homme moderne), deux modernités : - celle de la science : correspond à mécanique classique (débute avec Newton, considérée comme classique depuis les découvertes d’Einstein sur la relativité qui conduit à l’élaboration de la physique quantique) - celle de la politique histoire occidentale depuis fin XVe, sur laquelle on ne va pas revenir. Les origines de l’époque moderne sont des découvertes, des commencements : - 1492, découverte du nouveau monde. Nouvelle conscience de l’universelle. Nouveau monde est l’espoir d’un monde nouveau. Relativisme (puis scepticisme). - 1517, les 95 thèses contre les Indulgences par Martin Luther. Valorise l’importance de découvrir vérité par soi-même et en soi-même (lecture personnelle des textes sacrés, prières intérieures, « l’essence de l’homme tout entier « en chacun des chrétiens…). // subjectivisme cartésien, découverte de l’ego comme condition de connaissance. - 1609, invention du téléscope par Galilée. Symbole de la rationalisation, du primat de la raison scientifique : nouvelle vision de l’espace et du monde. L’expérimentation permet une théorie mathématisée. Il découvre aussi que la lune n’est pas d’une matière différentes, il y a d’autres planètes. ==> Le monde est « désenchanté« (Marcel Gauchet), enlevé à sa perfection. B/ La Rationalisation épistémologique (moderne) : la rupture avec la tradition (classique)

A la Renaissance : deux mouvements : a. Valorisation de l’Antiquité, qui se fonde sur l’idée de décadence des peuples, et le respect de l’antiquité. Argument (Herder) : la civilisation rationaliste et mécaniste est rongée par le doute (doute méthodique de Descartes) et le scepticisme (Montaigne). Déclin du XVIIIe : le triomphe sur la vie. Pour légitimer tradition, deux attitudes : - conservatisme : refus du renouvellement de la société (jusqu’à la moitié du XIXe, le conservatisme est vu comme positif, après valorisation du changement et du progrès). - Traditionalisme : éviter toute rupture avec le passé, siège de la vérité, il faut préserver les anciennes valeurs qui ont fait la pérennité d’un peuple, elles sont l’expression spontanée des besoins d’un peuple. Va avec un esprit d’obéissance (coutue : faire ce qui a tjrs été fait, faire comme les parents). Tr : décadence est mouvement inéluctable de la civilisation (Platon, La République : les régiment sont tous voués à la corruption, le vice vient de l’intérieur = seule l’éducation peut éviter cela). On peut retourner cet argument : une civilisation vieillit, n’est pas immuable. Si on ne la renouvelle pas, elle devient une somme de contraintes, inadaptée à son temps. Décadence est l’indice d’une recréation de la société. Il faut oublier pour retrouver la création de nouvelles valeurs et de nouvelles représentations. b. Destruction des anciennes valeurs On mesure effets des découvertes sur conscience. Modernité se veut au plus près du temps historique, tournée vers l’avenir. Les découvertes nouvelles ne sont pas des redécouvertes (ex : Aristote par Thomas d’Aquin), mais bien des manifestations de la nouveauté. L’autorité des Anciens n’est plus sacrée, elle doit se soumettre au principe de raison. Les apports du rationalisme scientifique : - les sciences vident l’univers de leur contenu poétique - naissance du capitalisme et d’un nouvel ordre socio-économique causé par la mathématisation des relations humaines. - la liberté des individus est exaltée au détriment de la superstition et du dogme religieux. C/ La critique de la modernité selon Husserl. Parle de crise des sciences européennes. ==> ne se comprend que si l’on opère une distinction entre deux scientificité : d’une part science comme rigueur méthodologique ==> pas en crise, de l’autre science telle que l’entend Husserl : réduction de la science à la seule cns des faits. En fait reproche à la sc son objectivisme qui nait selon lui avec Galilée et la mathématisation de la nature, sa modélisation qui rompt délibérément avec tout référent sensible. Csq : focalisation sur étude des faits entraine un aveuglement vis à vis de l’instance subjectives elle-même, désintérêt des scientifiques pour leur propre subjectivité, défaut de subjectivité ds leur recherche. TR : alternative apparaît lors de mmts critiques, points névralgiques entre Classicisme et Modernité. Face à cette alternative il faut prendre parti, s’est joué ds l’histoire à travers… II/ APPROCHE PHILOSOPHIQUE DE LA QUERELLE ENTRE LES ANCIENS ET LES MODERNES A/ Problématisation : La querelle est avant tout un débat théorique et critique sur le rapport entre l’art et la littérature. Distinction entre : - La poétique, surtout inspirée par celle d’Aristote : théorie de la littérature, principalement du théâtre. Pas de diff littérature, th, et peinture. - ==> règles des trois unités, traitements de sujets nobles, mythologiques, etc. - Théorie de l’art : théorie des arts visuels (sculpture, peinture, architecture). ==> Aspect théorique. Par extension, elle devient un désaccord entre les partisans : - de l’imitation (relecture des anciens, fidélité des classiques aux et aux modèles théories antiques) - de la création (création de nouvelles formes propres à l‘art qui en renaissant doit se transformer). ==> Aspect méthodologique et philosophique. ==> Nsc du discours philosophique sur l’art et de la théorie des arts. B/ Querelle amenée en plusieurs moments : - Moyen-âge à renaissance On connaît peu Platon (Timée + quelques bribes). Les philosophes arabes connaissent le Sophiste, les Lois, le Timée, La République + Plotin amènent entre 8ème et 11ème (miracle arabe). ==> Soutien. Scolastique incorpore de plus en plus de textes aristotéliciens. Mais véritable diffusion commence au XVe avec traductions du Banquet. Puis fin XVe, traduction de la Poétique en latin par Girogio Valla, humaniste, 1503 : 1ère impression du texte grec. A partir de ce moment, publications de plus en plus massives, on écrit des poétiques dans la lignée d’Aristote ou en la critiquant ouvertement : d’où querelle. ==> prise de cns, première rencontre avec textes anciens, imitation (ms dc pas depuis toujours). - Renaissance en Italie 1ère manifestation de la Querelle. La Renaissance : on redécouvre les anciens et leurs textes, on cherche à imiter les modèles antiques. L’humanisme comme école de pensée prône la relecture des textes antiques, l’imitation des anciens pour créer les formes de la Renaissance. Cet humanisme se scinde en deux courants : - les scolastiques : les partisans de la Poétique aristotélicienne, pour qui tableau est une histoire, suivant en cela Leon Battista Alberti, dans De Pictura, le cadre est une fenêtre sur l’histoire. On s’appuie sur Aristote : théâtre = tableau. - Les antiscolastiques : ceux qui la critiquent, pour qui le tableau n’est pas une narration, la poétique est incohérente, ils se réclament aussi de Platon : la poésie ne doit pas être une imitation, on insiste sur la fureur poétique (Ion). Elle dure 10 ans, les modernes gagnent. Autonomisation du discours théorique sur l’art : discours sur la peinture se distingue de la rhétorique, du discours sur la littérature et la poésie. - XVIIe français : radicalisation - Contexte : Les jésuites italiens animent l’art de la contre-Réforme (art baroque), l’image devient importante, massivement utilisée, à vertu pédagogique, il faut la lire, la décrypter, l’interpréter (la Réforme au contraire a rejeté l’ostentatoire, l’icône, l’idole). Ils se rapportent à Aristote qui paradoxalement parle du théâtre et non de peinture (même si la comparaison tableau/théâtre est évoquée dans le livre aristotélicien). - En France, on suit d’abord ces traditions italiennes. Les classiques se sont emparés des lieux de pouvoirs artistiques (l’Académie, a cour). Mais l’absolutisme sous Louis XIV commence à contaminer les consciences de l’époque, notamment celles des artistes qui s’imaginent les plus grands, incomparables comme leur roi. Les premiers modernes ne se sentent pas inférieurs aux étrangers, ni aux antiques. Cette position anti-aristotélicienne et anti-italienne prône la tabula rasa. Les artistes sont libres, sans pères à qui se rattacher, le sujet est auto-fondé (Descartes). C’est un commencement absolu, une naissance. De 1653 à 1674, quelques querelles finissent par distinguer les deux camps. / Les différentes étapes de la querelle. Première étape : les années 1650’s à 1670’s, les querelles annonciatrices - Les Anciens invoquent le génie des écrivains antiques, d'Homère et de Virgile, pour expliquer qu'ils doivent rester des modèles dans la pratique des arts. EX : Boileau, dans son Art poétique (1674) préconisait le respect des modèles grecs et latins et le recours à la mythologie, le respect des règles du théâtre classique, la référence à Aristote. La perfection a déjà été atteinte, il faut désormais l’imiter. - les Modernes (Perrault, Quinault, Saint-Évremond, Fontenelle, Houdar de La Motte), suivant l'exemple de Descartes et de Pascal, critiquent l'Antiquité en raison du progrès des techniques et des sciences, et en raison de l'ennui que les auteurs anciens peuvent provoquer auprès d'un public mondain et féminin : selon eux on ne peut considérer les Modernes comme inférieurs à leurs ancêtres. L’art est une création incessante de formes. Les débats portent sur l ‘épopée, héroïque le merveilleux : le christianisme fournit-il de nvx mythes ? La querelle s'élargit à la question de l'emploi du français au lieu du latin dans les inscriptions.
 Rappel : pour Descartes, le français permet de mieux réfléchir (Discours de la méthode, premier livre rédigé en français, alors que les Regulae étaient encore en latin). 1677 : première victoire des modernes lorsque après le débat sur l’affaire des inscriptions, il est décidé que les monuments du règne seraient gravés en français (et non plus en latin). Les deux partis sont alors constitués : d’un côté, les doctes (clergé académie) qui prônent le respect des règles imitées de l’antiquité (par exemple celle de la bienséance) dans un humanisme moral tourné vers un rigueur et l’éternité de l’œuvre. De l’autre, des poètes galants, ou des esprits nouveaux, critique de la génération des classiques de la cour, s’appuyant sur les goûts du public parisien. Deuxième étape : 27 janvier1687 : Charles Perrault, en l’honneur de la guérison du roi prononce un poème à l’Académie, le Siècle de Louis le Grand critique les Anciens, fait l'éloge des contemporains, proclame le siècle de Louis XIV supérieur à celui d'Auguste La docte Antiquité dans toute sa durée À l’égal de nos jours ne fut point éclairée. (Charles Perrault. Le siècle de Louis le Grand) Boileau s'indigna et attaqua, soutenu par La Bruyère. La polémique enfle en 1688, avec la publication des quatre volumes du Parallèle des Anciens et des Modernes : dialogue entre trois personnage : le Président (ancien), le Chevalier (moderne radical) et l’Abbé (moderne nuancé) qui aboutit à la gloire des modernes. Il y attaque les Anciens en comparant dans un dialogue fictif les réalisations des Anciens avec les réalisations modernes dans presque tous les aspects de la vie humaine. La polémique tournait essentiellement autour de deux modèles esthétiques opposés : - le principe de l’imitation orienté vers l’Antiquité comme idéal de beauté absolu - le principe du génie de l’imagination qui puise son inspiration en lui-même, l’innovation est une idée neuve, née de l’arrogance française. La belle Antiquité fut toujours vénérable; Mais je ne crus jamais qu’elle fût adorable. Je voy les Anciens sans plier les genoux, Ils sont grands, il est vray, mais hommes comme nous ; Et l’on peut comparer sans craindre d’estre injuste, Le Siecle de Louis au beau Siecle d’Auguste. (Charles Perrault. Parallèle des anciens et des modernes en ce qui regarde les arts et les sciences) La réaction du public de l’époque pourrait donner à penser que Perrault et son parti remportèrent la victoire dans cette polémique, mais il n’y eut pas de victoire nette (le siècle de Louis XIV brille par les œuvres de ceux qui ont dépassé les « anciens « au-delà de leurs œuvres, en s’appuyant sur le génie propre de la langue et du siècle). - 20 ans plus tard… La querelle d’Homère Vingt ans plus tard, la querelle reprit, à propos de la traduction d'Homère en prose par Mme Dacier, que La Motte adapta en vers, supprimant ce qu'il appellait des longueurs pour adapter l'Iliade aux goûts modernes + préface. Dans l’optique des partisans des Anciens, tout a été dit et les Modernes sont de médiocres copistes. C’est pourquoi le dessein de La Motte, d’adapter l’Iliade au goût du jour, soulève l’indignation de Mme Anne Dacier. Houdar de La Motte se défend et oppose aux textes originaux sa propre originalité :

 J’ai mis en vers l’Iliade, tout imparfaite que je l’ai jugée ; et il semble d’abord que je mérite un reproche opposé à celui que craignent ordinairement les traducteurs qui entreprennent de copier les originaux qu’ils jugent parfaits et inimitables. (…) J’ai suivi dans l’Iliade ce qui m’a paru devoir en être conservé, et j’ai pris la liberté de changer ce que j’y ai cru désagréable. Je suis traducteur en beaucoup d’endroits, et original en beaucoup d’autres. Dans le discours de La Motte, original tient donc de deux sens étroitement liés : comme substantif au pluriel il tend à désigner les ‘premiers’ textes tandis que comme adjectif au singulier, le terme renvoie aux apports et retouches des littérateurs français. Selon les partisans des Anciens qui ne jurent que par la fidélité aux originaux, il serait inconcevable de faire preuve d’originalité si ce n’est par une imitation toujours plus fidèles des originaux. Les Modernes bouleversent ces données en s’appropriant le concept d’originalité, à savoir en traitant leur propre production comme de nouvelles sources de référence. Signalant peut-être le désir d’être les Anciens des générations futures, les Modernes déplacent le centre d’originalité de l’Antiquité au XVIIe siècle français. Cette polémique s’acheva de même en 1716 avec une réconciliation personnelle des principaux acteurs. Même avec l’épuisement du conflit, les répercussions de la querelle des Anciens et des Modernes ont continué de se faire sentir au cours du siècle des Lumières pour se poursuivre jusqu’à la querelle suscitée par le romantisme. Autonomisation du discours théorique sur l’art : discours sur la peinture se distingue de la rhétorique, du discours sur la littérature et la poésie. Bien plus que le faux problème de la supériorité, cette querelle posait la question du progrès et de la naissance d'idées nouvelles, soutenues par une nouvelle esthétique. III/ ÉCHAPPER À L’ALTERNATIVE, LES LIMITES DU MODÈLE À DEUX ENTRÉES.

A/ Le dépassement par le choix : la victoire de la modernité sur le classicisme (soit celle de Lessing sur Winckelmann) avec le délitement de l’ut pictura poesis. Avènement définitif de la modernité à l’issue de la querelle allemande à l’époque des Lumières. a/ Winckelmann fervent défenseur de l’ut pictura poesis. Ut Pictura poesis (la poésie comme la peinture) Horace, Ars poetica = le dogme en faveur de l’imitation des anciens et du respect de la poétique. Ut pictura poesis est devenue un principe rigide à la Renaissance et dans l'académisme français des 17è et 18è siècles. Selon ce principe, la poésie est descriptive et la peinture allégorique. Un tableau n'est acceptable que s'il suit fidèlement un texte. La peinture doit décrire l'action humaine idéale, imiter la nature d'après des modèles parfaits. Plus le sujet est digne, plus le peintre est digne. On aboutit à une hiérarchie des sujets, à des contraintes croissantes d'exactitude historique ou mythologiques. Fondateur de l’histoire de l’art. Nvelle conception de l’Histoire : les grands et l’Idéal sont dans le passé = la société athénienne. La Renaissance (au sens de nvlle nsc, nvllesx valeurs) est une fiction. Si je peux écrire une histoire de l’art, c’est que son histoire est terminée. Tragique de l’irréversibilité du temps, il faut lutter de toute ses forces contre l’oubli. Valorisation de l’ordre et de l’harmonie, de l’imitation des idéaux, du beau grec. Prob : s’appuie sur connaissances fausses de l’Antiquité = les sculptures retrouvées sont souvent des copies romaines et non des originaux grecs. Affirmation de la supériorité du dessin sur la couleur = or statues étaient à l’époque peintes. b/ La contestation par Lessing (1763) ouvre la voie à l'art moderne Lessing prend le contre-pied de ce principe. Il va jusqu'à nier la fonction expressive et didactique de la peinture et affirmer une véritable frontière entre les arts (peinture et litté). A propos du Laocoon, rejette la représentation du cri dans la peinture. Pour Lessing, dans le Laocoon, le prêtre étranglé ne crie pas, ne peut pas crier, car ce serait de la douleur, et on ne pourrait avoir que répugnance pour cela. Lessing interdit la bouche ouverte, incompatible selon lui avec le beau (pourtant c’est expressif). Selon Lessing (contredit de façon magistrale par Goethe sur le Laocoon), une image ne représente qu'un unique instant VS peinture = une histoire (moderne = fugace). Quand on est devant un cri, on ne peut pas être devant du temps. Renoncement à la figure, au pathos. B/ Comprendre la modernité comme changement de paradigme. Plus une période ds le temps mais une façon de vivre le temps. Déjà, le romantisme se dit moderne (Stendal : le romantisme est un modernisme radical). Mais c’est surtout Baudelaire qui annonce nouveau sens: « La modernité, c'est le fugitif, le transitoire, le contingent, la moitié de l'art, dont l'autre moitié est l'éternel et l'immuable. « (Le Peintre de la vie moderne, "La modernité"). Est classique, ce qui est révolu, ce qui s’attache aux idéalités mort, à ce qui recherche l’éternité. Est moderne, ce qui est pris dans une dynamique, ce qui est mouvant, fugace, présent ici et maintenant, ce qui est historique. Changement de paradigme : mouvante, la modernité est un système de valeurs en constant renouvellement. L’avènement des mass media, de la culture et de la production de masse radicalise le terme. Modernité devient une morale du changement, une esthétique du changement pour le changement et perd toute valeur substantielle de progrès. Risque (dénoncé par Baudrillard) :les idéaux modernes lui échappent et se retournent contre elle. Après avoir été une dynamique de progrès, elle devient un activisme quotidien, un impératif du changement. Elle entre dans un changement cyclique qui fait d’ailleurs ressurgir les formes du passé mais réutilisées, transformées. Dans ce système, ancien et moderne se confondent, s’équivalent et s’alternent : on voit poindre l’idée de la postmodernité. C/ Sortir de la modernité grâce à la post-modernité. Le terme est d’ailleurs un terme d’art et d’architecture, pour rompre avec l’école moderne. Aujourd’hui, dans l’ère du « tout a déjà été dit, été fait « : remake, reprise, interprétation, adaptation sont les maîtres mots de l’esthétique contemporaine. ==> réutilisation et réinvention : on reprend pour faire du neuf. Ex : Picasso révolutionnaire s’inspire des peintres primitifs. Brouillage des pistes ac usage abusif des deux termes évoqué au début.

 

« contemporain semble cependant l'avoir dépassé. Quelques écoles platoniciennes : Jean de Salisbury, rapportant la citation de Fulbert de Chartres, la développe etla commente dans son "Metalogicon III" : "Nous sommes comme des nains juchés sur des épaules de géants.

Nousvoyons ainsi davantage et plus loin qu'eux, non parce que notre vue est plus aigüe ou notre taille plus haute, maisparce qu'ils nous portent en l'air et nous élèvent de toute leur hauteur gigantesque.")= image reprise dans le Gulliver de Swift, allégorie de la querelle. I/ LA QUESTION DU MOMENT CRITIQUE : LES REVOLUTIONS DE LA MODERNITE. La modernité n'est pas une révolution, mais elle s'appuie sur elle.

On va l'envisager ici plutôt un concept techno-scientifique : l'ère de la productivité et du rationalisme provoque une modification des conditions de vie. A/ Les origines de la modernité selon Arendt (NB : se poser la q° de l'origine de la modernité revient à se poser cellede l'origine du classicisme en tant que tel puisque ces deux notions se définissent négativement l'une // l'autre).Pour Arendt (Condition de l'homme moderne), deux modernités :- celle de la science : correspond à mécanique classique (débute avec Newton, considérée comme classique depuisles découvertes d'Einstein sur la relativité qui conduit à l'élaboration de la physique quantique)- celle de la politique histoire occidentale depuis fin XVe, sur laquelle on ne va pas revenir. Les origines de l'époque moderne sont des découvertes, des commencements :- 1492, découverte du nouveau monde.

Nouvelle conscience de l'universelle.

Nouveau monde est l'espoir d'un mondenouveau.

Relativisme (puis scepticisme).- 1517, les 95 thèses contre les Indulgences par Martin Luther.

Valorise l'importance de découvrir vérité par soi-même et en soi-même (lecture personnelle des textes sacrés, prières intérieures, « l'essence de l'homme tout entier» en chacun des chrétiens…).

// subjectivisme cartésien, découverte de l'ego comme condition de connaissance.- 1609, invention du téléscope par Galilée.

Symbole de la rationalisation, du primat de la raison scientifique :nouvelle vision de l'espace et du monde.

L'expérimentation permet une théorie mathématisée.

Il découvre aussi quela lune n'est pas d'une matière différentes, il y a d'autres planètes.==> Le monde est « désenchanté» (Marcel Gauchet), enlevé à sa perfection. B/ La Rationalisation épistémologique (moderne) : la rupture avec la tradition (classique) A la Renaissance : deux mouvements :a.

Valorisation de l'Antiquité, qui se fonde sur l'idée de décadence des peuples, et le respect de l'antiquité.Argument (Herder) : la civilisation rationaliste et mécaniste est rongée par le doute (doute méthodique deDescartes) et le scepticisme (Montaigne).

Déclin du XVIIIe : le triomphe sur la vie.

Pour légitimer tradition, deuxattitudes :- conservatisme : refus du renouvellement de la société (jusqu'à la moitié du XIXe, le conservatisme est vu commepositif, après valorisation du changement et du progrès).- Traditionalisme : éviter toute rupture avec le passé, siège de la vérité, il faut préserver les anciennes valeurs quiont fait la pérennité d'un peuple, elles sont l'expression spontanée des besoins d'un peuple.

Va avec un espritd'obéissance (coutue : faire ce qui a tjrs été fait, faire comme les parents).Tr : décadence est mouvement inéluctable de la civilisation (Platon, La République : les régiment sont tous voués àla corruption, le vice vient de l'intérieur = seule l'éducation peut éviter cela).

On peut retourner cet argument : unecivilisation vieillit, n'est pas immuable.

Si on ne la renouvelle pas, elle devient une somme de contraintes, inadaptéeà son temps.

Décadence est l'indice d'une recréation de la société.

Il faut oublier pour retrouver la création denouvelles valeurs et de nouvelles représentations.b.

Destruction des anciennes valeursOn mesure effets des découvertes sur conscience.

Modernité se veut au plus près du temps historique, tournéevers l'avenir.

Les découvertes nouvelles ne sont pas des redécouvertes (ex : Aristote par Thomas d'Aquin), maisbien des manifestations de la nouveauté.L'autorité des Anciens n'est plus sacrée, elle doit se soumettre au principe de raison.Les apports du rationalisme scientifique :- les sciences vident l'univers de leur contenu poétique- naissance du capitalisme et d'un nouvel ordre socio-économique causé par la mathématisation des relationshumaines.- la liberté des individus est exaltée au détriment de la superstition et du dogme religieux. C/ La critique de la modernité selon Husserl. Parle de crise des sciences européennes.

==> ne se comprend que si l'on opère une distinction entre deuxscientificité : d'une part science comme rigueur méthodologique ==> pas en crise, de l'autre science telle quel'entend Husserl : réduction de la science à la seule cns des faits.

En fait reproche à la sc son objectivisme qui naitselon lui avec Galilée et la mathématisation de la nature, sa modélisation qui rompt délibérément avec tout référentsensible.Csq : focalisation sur étude des faits entraine un aveuglement vis à vis de l'instance subjectives elle-même,désintérêt des scientifiques pour leur propre subjectivité, défaut de subjectivité ds leur recherche.. »

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