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LE COMIQUE DANS GARGANTUA

Publié le 26/09/2010

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gargantua

 

Rabelais est un des maitres du rire. On trouve chez lui tous les degrés du comique : les farces les plus lourdes, héritées du Moyen Age, la gauloiserie poussée jusqu'à la grossièreté, les jeux de mots, calembours et traits d'esprit, la caricature grotesque, la comédie d'intrigue, la parodie, et jusqu'à la comédie de caractère la plus fine. Il y a toutes les formes, tous les tons; il y en a pour le gros public, pour les étudiants et pour les érudits les plus cultivés, Et son éclat de rire énorme est un des gouffres de l'esprit " (Victor Hugo). Comme le dit si bien Victor Hugo, Rabelais a le pouvoir de faire rire ou sourire, sa gamme s'étendant du plus grossier au plus fin : du rire gras au léger plissement de lèvre. Les plaisanteries grossières ne manquent pas, au moment où souvent on ne les attend pas. Rabelais exploite toutes les possibilités que lui offre un domaine où le vocabulaire abonde. C'est un plaisir puéril d'employer des mots qui choquent, de rire non de ce que le mot évoque, mais du mot lui-même, parce qu'il est banni du langage dit de bonne compagnie. Avec Gargantua, il nous propose une œuvre offrant une nouvelle vision du rire et utilisant la diversité des différents types de comiques dans le but de centraliser l'homme et les principes humanistes. Pour Rabelais, le rire va libérer l'homme ; « Vivez joyeux « et produire une distance qui soit assez suffisante pour percevoir l'ambigüité du monde. Nous pouvons alors nous demander quelle est le rôle du comique dans Gargantua. Nous allons dans un premier temps étudier les différents procédés comiques utilisés par Rabelais pour ensuite voir le rôle du comique dans le récit des guerres picrocholines. Rabelais sait se diversifier dans les différents procédés comiques qu'il utilise. Il peut se montrer très grossier à de nombreuses reprises, utilisant beaucoup la scatologie. L'enfant Gargantua déploie une ingéniosité sans bornes à répertorier les torcheculs possibles, à les comparer, à les hiérarchiser, avec une gravité quasi scientifique. Mais le sujet essentiel de comique, qui prête à grossièretés en abondance, demeure le vin. Et on peut dénombrer beaucoup d'épisodes dans lesquels Gargantua ou sa jument inondent les environs d'urine. Toute l'animalité acquiert ainsi une place d'honneur dans le récit, sans compter les délires qu'on dirait souvent dus à l'ivresse. En dépit du burlesque, l'œuvre de Rabelais cache une réflexion et une satire sociale introduites, au milieu de ses plaisanteries, par de beaux développements rhétoriques, modèles de discours composés dans la meilleur tradition latine : les lettres de Grandgousier et encore plus la harangue d'Ulrich Gallet à Picrochole ou celle de Gargantua aux vaincus, tranchent nettement sur le reste du récit. La cohésion des arguments, leur ordonnance logique, la concision des formules viennent témoigner que le délire verbal d'autres passages est volontaire. D'ailleurs, l'auteur, dès le prologue, nous invite à ne pas s'arrêter sur l'image que renvoie son œuvre, comparant son roman aux boîtes de Silène. Il compare le lecteur à des chiens qui doivent « briser l'os et sucer la substantifique moelle «. Son vocabulaire s'adapte à la situation proposée : lors du récit de l'éducation Sorboniste Gargantua « chiait, pissait, rotait « alors qu'il « se purgeait de ses excréments naturels « lors de l'éducation de Ponacrates. Cela prouve bien que l'utilisation d'un vocabulaire grossier sert à la critique. Il utilise aussi beaucoup de jeux notamment pour les noms propres : ‘'Grandgousier'' vient de ‘'grand gosier'', ‘'

 

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