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LE COMIQUE DE MOLIÈRE

Publié le 26/06/2011

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Je n'ai pas l'intention d'apporter ici les secrets du rire, ou du sourire de Molière. Les raisons qui nous font rire sont si profondes, si subtiles et si mouvantes qu'un philosophe illustre n'a pas dédaigné, après bien d'autres, de consacrer à leur recherche tout un livre. Et je crains que ce livre lui-même ne suffise pas à expliquer Molière. Mais à côté des secrets il y a dans le comique de Molière des choix et des habitudes très généraux et très certains qui suffisent à déterminer dans l'ensemble son originalité. Tout d'abord, Molière renonce à des procédés comiques dont ses prédécesseurs immédiats et ses contemporains usent et abusent sans vergogne. La raison et aussi bien e l'art de plaire « des classiques ne les élimineront ou ne les assagiront (sauf au théâtre de la Foire et chez les Italiens) que vers la fin du siècle. Il renonce, plus vite que les autres aux banalités de la farce ou de la comédie-farce, aux capitans et aux parasites. Les valets mêmes sont fort différents des Philipins ou des Jodelets. Le Briguelle du Festin de pierre de Dorimon ou le Philipin de celui de de Villiers ne sont, selon la tradition, que résignés et couards ; Briguelle, par surcroît, y ajoute la goinfrerie affamée du parasite ; il n'en est pas plus original.

« PHENICE.C'est un pot à pisser tout préparé pour vous. Les Visionnaires ne sont pas plus discrets.

Là encore nous avons un capitan et un « poète extravagant » qui estbien proche du pédant traditionnel ; il n'a rien à voir avec les extravagances précieuses, celles des contemporains,puisqu'il pindarise en style de Ronsard : Déjà de toute part j'entrevois les brigadesDe ces dieux chèvrepieds et des folles MénadesQui s'en vont célébrer le mystère OrgienEn l'honneur immortel du Père Bromien ;Je vois ce Cuisse-né, suivi du bon Silène... Quand il cesse de pindariser c'est pour s'évertuer au style galimatias qui ne ferait plus rire aujourd'hui dans leschansons d'une noce de village et où Théophile et bien d'autres pensaient, comme Desmarets, puiser un comiqueraffiné : Tant de rares trésors en un corps assemblésMe rendirent sans voix ; mes sens furent troublés ;De mille traits perçants je ressentis la touche :Le corail de ses yeux et l'azur de sa bouche,L'or bruni de son teint, l'argent de ses cheveux,L'ébène de ses dents digne de mille voeux,Ses regards sans arrêt, sans nulles étincelles,Ses beaux tétins longuets cachés sous les aisselles, etc...

Ni Filidan "amoureuse en idée", ni Melisse " amoureuse d'Alexandre le Grand " ne mettent plus de goût dans leursvisions.

Il est vraisemblable que Molière n'aurait pas songé à la Bélise des Femmes savantes si Desmarets n'avait pasplacé dans les Visionnaires son Hespérie " qui croit que chacun l'aime ".

Mais Bélise est persuadée que ceux quil'approchent s'éprennent de ses charmes sans oser déclarer leur flamme parce qu'ils la croient inaccessible ; sa"vision" nous semble déjà manquer quelque peu de vraisemblance ; ce n'est rien auprès de celle d'Hespérie : En sortant du logis je ne puis faire un pasQue mes yeux aussitôt ne causent un trépas.Pour moi je ne sais plus quel conseil je dois suivre ;Le monde va périr, si l'on me laisse vivre.Dieux, que je suis à craindre I Est-il rien sous les cieuxAu genre des humains plus fatal que mes yeux ?Quand je fus mise au jour la nature peu fine,Pensant faire un chef-d'oeuvre, avançait sa ruine. On compterait plutôt les feuilles des forêts,Les sablons de la mer, les épis de Cérès,Les fleurs dont au printemps la terre se couronne,Les glaçons de l'hiver, les raisins de l'automneEt les feux qui des nuits assistent le flambeauQue le nombre d'amants que j'ai mis au tombeau... Enfin, nul souci chez nos comiques de créer cette atmosphère qui contribue autant que le détail même de laplaisanterie à mettre le spectateur en humeur de rire.

Nous l'avons déjà montré en étudiant la peinture descaractères.

Tour à tour nous sommes jetés du pathétique de la tragédie à la grosse jovialité de la farce.

Ainsi, pourne prendre que cet exemple, dans le Parasite.

Nous n'y trouvons pas seulement et Fripesauces et le Capitan maisles désespoirs de Lisandre : O perfide Lucinde ! ô malheureux LisandreO cieux ! quelle injustice et quelle trahison !Lucinde se marie ! ha ! c'est trop discourir,C'est trop, c'est trop parler, il est temps de mourir.Il faut que je périsse,Il faut que tout mon sang marque son injustice ;De ce fer à ses yeux je veux m'assassiner.. »

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