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Pourquoi les hommes éprouvent-ils le besoin de commémorer leur passé ?

Publié le 10/03/2004

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Attention à ne pas confondre « commémorer son passé « et « se souvenir de son passé « : « commémorer «, c'est « rappeler par une cérémonie le souvenir d'une personne ou d'un événement « (Petit Robert). Les cérémonies dont s'accompagnent les commémorations marquent la dimension sociale de ces dernières : « commémorer «, c'est se souvenir avec les autres (les membres d'un groupe, d'une nation). On orientera donc sa réflexion sur les fonctions sociales de la commémoration, sur les rapports, dans une communauté, entre sa propre représentation de son passé et sa cohésion, son système de valeurs, de croyances, etc.

« Introduction Un constat : L'actualité nous apporte quotidiennement son lot de commémorations en tous genres : commémorationdes grands événements historiques, heureux ou tragiques : révolutions, déclarations de guerre, victoires, armistices,traités divers, mais aussi naissance et mort d'hommes plus ou moins illustres, de découvertes scientifiques, etc. Le problème se pose alors de savoir pourquoi les hommes éprouvent le besoin de commémorer ainsi leur passé.

Cescommémorations ont-elles un sens ? Quel-les fonctions remplissent-elles ? 1.

Fonctions sociales de la commémoration L'homme structure le temps (son passé), comme il structure l'espace.

Il le fait individuellement et il le faitsocialement, la structuration individuelle étant au reste dépendante de la structuration sociale.

Cette structurationa pour fin une appropriation et une certaine maîtrise du temps.

Les souvenirs, en fournissant des sortes de jalons,de repères et de fixation du temps, constituent un des moyens d'appropriation du passé.Les commémorations marquent l'appropriation collective du passé, en affirmant l'existence d'un passé commun danslequel se fondent les passés individuels.

Ainsi une des fonctions des commémorations est-elle d'assurer et deproclamer l'unité du groupe : à travers elles le groupe se rassemble et se reconnaît en tant que groupe (par exempleen tant que nation), c'est-à-dire non comme un amas d'individus atomisés, mais comme un corps unique, enracinédans un passé unique qui continue de nourrir un présent commun. LA MÉMOIRE presque tout à fait, tandis qu'autour de tels événements saillants quelquefois, beaucoup d'autres égalementsaillants se tassent, de même que les écriteaux et poteaux indicateurs se multiplient à mesure qu'on approche d'unbut d'excursion ? Ils ne lui servent pas seulement à diviser la durée, mais ils alimentent aussi sa pensée, au mêmetitre que des notions techniques, religieuses ou morales qu'elle ne localise pas dans son passé plutôt que dans sonprésent.

Les historiens se refusent de plus en plus à tirer des événements du passé des conclusions générales etdes leçons.

Mais la société qui porte des jugements sur les hommes de leur vivant, et le jour de leur mort, aussi bienque sur les faits, lorsqu'ils se produisent, enferme en réalité dans chacun de ses souvenirs importants non seulementun fragment de son expérience, mais encore comme un reflet de ses réflexions.

Puisqu'un fait passé est unenseignement, et un personnage disparu, un encouragement ou un avertissement, ce que nous appelons le cadre dela mémoire est aussi une chaîne d'idées et de jugements » (Les cadres sociaux de la mémoire, p.

381).La suite des commémorations apparaît alors comme une expression et en quelque façon une concrétisation de cettechaîne d'idées et de jugements. Des points d'appui pour les croyances sociales M.

Halbwachs observe en outre que les croyances sociales sont le plus souvent des souvenirs — ce qui estparticulièrement manifeste dans le cas des croyances religieuses : « La religion est une survivance.

Elle n'est que lacommémoration d'événements ou de personnages sacrés depuis longtemps terminés ou disparus.

Et il n'y a pas depratique religieuse qui, pour rester telle, ne doive s'accompagner, tout au moins chez l'officiant, et, si possible, chezles fidèles, de la croyance en des personnages divins ou sacrés, qui ont manifesté autrefois leur présence et exercéleur action en des lieux et à des époques définies, et dont les pratiques reproduisent les gestes, les paroles, lespensées, sous une forme plus ou moins' symbolique.

Ainsi toute représentation religieuse est à la fois générale etparticulière, abstraite et concrète, logique et historique.

Qu'on examine un article de foi, qui s'accompagne depreuves théologiques.

La théologie applique à des notions définies des méthodes de raisonnement rigoureuses.

Cetarticle de foi est donc une vérité rationnelle.

Qu'on le regarde d'un peu plus près : il suppose l'existence du Christ, laréalité de ses paroles, de sa vie, de sa mort, de sa résurrection.

Ce qui nous paraissait une vérité logique estdevenu, ou plutôt était dès le début, un souvenir » (id., p.

386). La fonction des commémorations est ainsi d'aviver les souvenirs (vrais ou faux) sur lesquels reposent les croyancessociales — religieuses ou profanes — et de redonner force ce faisant à leurs contenus. La pensée sociale est essentiellement une mémoire Ainsi peut-on dire que, « en résumé, les croyances sociales, quelle que soit leur origine, ont un double caractère.Ce sont des traditions ou des souvenirs collectifs, mais ce sont aussi des idées ou des conventions qui résultent dela connaissance du présent.

Purement conventionnelle (en ce sens), la pensée sociale serait purement logique : ellen'admettrait que ce qui convient dans les conditions actuelles ; elle réussirait à éteindre, chez tous les membres dugroupe, tous les souvenirs qui les retiendraient en arrière si peu que ce fût, et qui leur permettraient d'être à la foisen partie dans la société d'hier, en partie dans celle d'aujourd'hui ; purement traditionnelle, elle ne laisserait pénétreren elle aucune idée, même aucun fait qui serait en désaccord, si peu que ce fût, avec ses croyances anciennes.Ainsi, dans l'un et l'autre cas, la société n'admettrait aucun compromis entre la conscience des conditionsprésentes, et l'attachement à des croyances traditionnelles : elle se fonderait tout entière sur l'un, ou sur l'autre.Mais la pensée sociale n'est pas abstraite.

Même lorsqu'elles correspondent au présent, et qu'el-, les l'expriment, les. »

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