Comment Baudelaire ouvre-t-il la poésie à la modernité ?

« Malgré le fait que Baudelaire soit très moderne dans sa manière d’écrire et de vivre, il rejette certaines idées de lamodernité.

Par exemple, il considère le progrès comme une chose aberrante, le compare avec l’enfer et ladécadence.

Le progrès nous fait croire que tout va aller de mieux en mieux mais lui ne voit pas cela de cette façon.Il n’a pas cette vision positive, il atteste qu’il faut avoir une vision responsable de ce que nous sommes, c’est-à-diredes êtres liés aux vices.

Baudelaire déteste particulièrement la manifestation du progrès qu’est la photographie.

L’artn’a pas pour mission de reproduire la nature mais c’est plutôt une transformation de la nature.

La photographie estle contraire de l’imagination et Baudelaire affirme que la vraie réalité est celle que notre imagination est capable deconstruire.Enfin, dans Le spleen de Paris, Baudelaire s’est mis à écrire en prose.

Même si ce texte s’éloigne de la poésie par laforme, il l’est toujours autant dans ses propos métaphoriques et imagés.

Cela est très moderne, car il est trèsdifficile de ne pas faire des vers pour un poète de cette époque.

Il manifeste que les vers ne sont pas essentiels àla poésie, qu’elle peut être belle aussi en prose.

Il découpe son texte : il fait des paragraphes qui ressemblent à desstrophes.

Ce livre n’a pas de récit, pas d’histoire et de narratif.

C’est de la pure poésie.

Pour ce faire, Baudelaire alliedes choses incompatibles entre elles.

Il créé un rapport entre la musique et la poésie.

La poésie est considéréecomme la musique de la langue à cette époque.

La rime est incontournable.

De plus, dans les poèmes de ce livre, ildélaisse le «je lyrique» pour laisser place au «nous inclusif».

Cela le témoigne bien dans le poème «Le confiteor del’artiste» : «Et maintenant la profondeur du ciel me consterne, sa limpidité m'exaspère.

L'insensibilité de la mer,l'immuabilité du spectacle me révoltent...

Ah! faut-il éternellement souffrir, ou fuir éternellement le beau? Nature,enchanteresse sans pitié, rivale toujours victorieuse, laisse-moi! Cesse de tenter mes désirs et mon orgueil!».

Il estévident ici que Baudelaire ne parle pas seulement de lui mais plutôt au nom de tous les artistes.

Cela est une autrepreuve que la poésie de Baudelaire est moderne : elle est très différente du lyrisme standard des romantiques.Baudelaire est aussi le précurseur du symbolisme dans la littérature avec Les Fleurs du mal.

C’est un style qui va au-delà des mots, qui est difficile à saisir, car son but est de traduire cet insaisissable.

Le sens des mots n’est pas cequi compte le plus, mais bien d’assembler des sons qui construisent des images qui se font et se défont.

Lesymbolisme touche autant à la littérature qu’à la musique et la peinture.Pour conclure, Baudelaire a ouvert la poésie à la modernité de plusieurs manières.

D’une part, il l’a fait endéveloppant des thèmes nouveaux.

Ces poèmes reflétaient des scènes de la vie courante avec un fond urbain, soitla ville de Paris.

Il a délaissé les sentiments et les émotions du romantisme pour laisser place au moment présent, àl’immédiat, au caractère éphémère des choses.

Il était lui-même un personnage très moderne dans sa manière d’agirtout en refusant cette modernité.

Il va déconstruire tout ce qui le précédait pour faire les choses à sa manière.

Ilavait le portrait typique du sujet moderne qui ne comprend pas l’essence de son existence.

D’autre part, il l’a fait enpubliant un recueil de poésie écrit uniquement en prose.

Cela a été très déconcertant pour le public, car on neretrouvait pas les critères habituels de la poésie de cette époque et de la poésie qui avait été fait auparavant.

Paraprès, plusieurs écrivains ont écrit des poèmes en prose et même aujourd’hui, les vers sont souvent délaissés pourla prose ou bien s’il y a des vers, ils sont écrits de manière libres.

Toutefois, même en écrivant de la prose, il agardé les aspects métaphoriques et imagés de sa poésie.

Enfin, c’est en étant innovateur et en défiant les normesde la poésie que Baudelaire a permis à celle-ci de s’ouvrir à la modernité et d’être différente à tout jamais. --------------------------------------------[ 1 ].

Charles BAUDELAIRE, Les fleurs du mal, Saint-Armand, Gallimard, 2009, p.

133.[ 2 ].

Ibid., p.

134.[ 3 ].

Ibid, p.

52.[ 4 ].

Charles BAUDELAIRE, Le spleen de Paris, Paris, GF- Flammarion, 1987, p.

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