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Comment caractériser la Liberté ?

Publié le 11/06/2009

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— I — Il y a d'abord deux grandes manières d'envisager la liberté, celle de la philosophie de l'Histoire et celle de la psychologie rationnelle. 1 — Les philosophies de l'Histoire. Nous avons vu que pour Hegel, la liberté est au point d'achèvement du développement historique. L'esclave de l'Antiquité, disait Hegel, n'était pas une personne humaine libre, parce qu'il n'avait pas conscience de son être-esclave. La liberté se crée en se conquérant à travers l'Histoire et en s' « incarnant « dans des constitutions politiques. Les hommes n'ont pas à « apprendre qu'ils sont libres «. ils ont a gagner leur liberté. Cette thèse a pris une autre ampleur chez Marx. Pour lui, l'achèvement de l'Histoire est dans la libération complète de l'individu de tout ce qui l'opprime et l'empêche d'être lui-même (« aliénation « de l'homme dans le monde actuel). La conscience de classe elle-même (qui est une limitation) disparaîtra dans la société communiste. L'homme vraiment libre sera le citoyen de cette cité à venir. — Dans ces philosophies qui posent l'existence d'une Loi immanente à l'Histoire et orientent son déroulement, on ne précise pas la pari de liberté des hommes pendant que l'Histoire se déroule. Sont-ils, comme le laisse entendre Hegel, les instruments aveugles du génie de l'Histoire « ? Auquel cas leurs volitions et leurs intentions sont bien ridiculement insignifiantes lorsqu'on considère cette Réalité énorme qu'est l'Histoire. L'évolution historique se fait-elle, comme le laisse entendre Karl Marx, d'une manière nécessaire par le jeu des forces économiques soumises elles aussi à un déterminisme strict ?

« Ce schéma montre comment laliberté est un itinéraire entre deuxadhésions : une adhésion passiveaux impulsions du moi dans l'instant,une adhésion active à des idéauxhumains et humanitaires.

D'un côtéun abandon, un sommeil de lavolonté ; de l'autre une volonté depromouvoir les valeurs, de lesdéfendre et de les réaliser.Au sommet, la neutralisation desdéterminations du moi et lajouissance de l'horizon infinidécouvert en l'absence de toutengagement.

Pour passer desdéterminations du moi à cettedisponibilité n: la liberté de refuser,liberté d'indifférence.

Pour passer dela disponibilité à la promotion desvaleurs : la liberté du choix etl'engagement.

Mais la liberté n'est-elle pas dans le « passage » ? 1 — La liberté comme bon plaisir et caprice.

C'est le moi qui jouit de l'absence de toute contrainte extérieure et qui,enivré par l'instant, veut satisfaire toutes ses pulsions, confond volonté et désirs.Effusion de liberté puisqu'aucune limitation n'est reconnue ; illusion de liberté puisque l'action est tout entièredéterminée sur le plan psychologique.

Le moi » se complaît en lui-même.

La conscience de soi aboutit au narcissismeet à l'égocentrisme.

De ce niveau relèvent les conceptions néo-épicuriennes du « Carpe diem - Cueille le jour quipasse » (Horace) ou du « Je me goûte » (Montaigne) et de certains personnages d'André Gide qui, par refus desacrifier quelque chose de soi, s'acceptent intégralement et complaisamment. 2 — La liberté d'indifférence.

C'est le plus bas degré de la liberté selon Descartes (4e Méditation métaphysique).

Elleconsiste dans le pouvoir de la volonté, c'est-à-dire dans la possibilité de refuser les sollicitations du moi dansl'instant, de « mettre entre parenthèses » les impulsions aussi bien que les préjugés ou la précipitation ; bref elle estl'apprentissage de la maîtrise de soi. 3 — L'indifférence a été considérée par certains philosophes modernes (Albert Camus dans le Mythe de Sisyphe)comme l'être-libre par excellence.

Les valeurs ne sont pas encore visibles à l'horizon : le seraient-elles d'ailleurs quela liberté, toute à la satisfaction de son exercice pur, les refuserait aussi.A — La disponibilité.

C'est l'indifférence moins le refus systématique de croire ou de s'engager.

L'être libre est «ouvert » à tous les possibles, il découvre l'infini des valeurs et la multitude des sollicitations du moi.

Il « essaie »l'action sans accepter de principes.

C'est « l'acte gratuit » (A.

Gide.

« Les Caves du Vatican ») ou la griserie de laLiberté-pour-rien (J.-P.

Sartre.

« Les Mouches »).B — Le libre-arbitre constitue la 3e facette du point culminant de l'itinéraire.

La possibilité du choix se présente etles valeurs sollicitent le « Je ».

L'être libre sent sa puissance de choix et cherche dans la connaissance, les lumièresqui vont le guider. 4 — La liberté comme choix.

En s'arrêtant à ce stade, la liberté s'éprouve comme puissance de création des valeurs,c'est-à-dire qu'elle définit pour son compte ce qu'elle appelle Beau, Vrai ou Juste, ce qui vaut à son avis la peinequ'on s'y consacre et qu'on le proclame.

Le sujet vit sa puissance créatrice mais se révolte contre les valeursuniverselles.

C'est « l'isolé » selon Polin (« La création des valeurs ») et c'est le niveau de la création esthétique. 5 — La re-création des Valeurs.

L'être libre s'engage complètement en découvrant personnellement des idéauxuniversels.

Une foi anime son action quotidienne.

Il consacre sa vie à la Cause qui représente ces valeurs.

Sapersonnalité a trouvé une âme.

La liberté semble s'être de nouveau retirée de son comportement, car son action estdominée par les idéaux qu'il défend et les principes qu'il a admis, et ils le déterminent catégoriquement.

Etcependant il est libre, même dans les actes les plus humbles de la vie de tous les jours.— On ne trouve donc pas la liberté en analysant les actes accomplis, car la liberté est chose d' « esprit ».

Un mêmeacte peut être contraint ou libre selon l' « esprit » dans lequel on l'a fait.

Si l'on devait chercher, à travers l'itinérairede la liberté, quels en sont les « moteurs », on en trouverait trois, qui ont d'ailleurs été considérés comme recélant« le tout de la liberté » :— L'acte réflexif ou acte du « Je » (Jean Laporte « la conscience de la liberté ») qui fonde le discernement et laresponsabilité, et qui aurait surtout sa place au début du mouvement d'indifférence. 2 — L'intelligence à laquelle les rationalistes (Spinoza par exemple) ramènent l'essentiel du mouvement général delibération (les progrès de la liberté sont parallèles aux progrès de la connaissance), et qui aurait son point crucial auniveau du libre-arbitre d'après Descartes.. »

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