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« Comment les choses estimées bonnes peuvent-elles nous tromper ? »

Publié le 07/09/2010

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Incipit : Juger les choses, les évaluer, en estimer la valeur, est une activité constante de la raison humaine. Comme telle lui est coextensive la possibilité de l'erreur. Se tromper dans le jugement des choses est en conséquence un topos de la philosophie, qu'il s'agisse de l'erreur due à des sens trompeurs  (Descartes), à un coeur corrompu (Saint Paul), ou encore et plus immédiatement, à l'erreur constituée par l'acte de jugement lui-même dans son application aux choses du monde (cf. les théories épicuriennes de la connaissance), voire enfin et fondamentalement, à l'erreur de la pistis fondée sur l'opinion des mortels par opposition à la vérité dévoilée par et dans un logos d'origine transcendante (Parménide). Examinons donc la structure constitutive de la possibilité d'une telle erreur.

« du résultat en acte dans l'objet produit en fonction des objectifs de production.

Au savoir-faire déterminé par desrègles prescriptives (transmissibles et susceptibles d'être apprises) s'ajoutent des règles constitutives non-élémentaires et déterminées contextuellement.

L'erreur consiste ici dans le défaut d'application.

La normation estpour ainsi dire interne aux choses en ceci que l'erreur se manifeste dans un désaveu pragmatique : l'échec estsimplement la non-réalisation du programme projeté.

Dans le premier sens de l'alternative formulée plus haut – sensexemplifié par l'analyse lecture foucauldienne ( Cours au Collège de France ) de la notion « technique de vie » (Platon, Alcibiade ) – le critère de discrimination de la « bonne technique » réside également dans l'effectivité finalisée (transformation pratique de la réalité du moi sujet).

Dans les deux cas, s'il peut y avoir erreur sur leschoses, c'est en ceci qu'elles n'ont pas tenu leur rôle de moyens en vue de la réalisation d'une fin.

Les chosesestimées bonnes pour… se sont avérées impuissantes à… Il y a impossibilité d'actualisation du projet par défautd'applicabilité de la norme aux choses.

Si les choses estimées bonnes nous trompent effectivement, c'est que nousnous sommes trompés sur elles. II.

L'erreur en morale La question de la morale, dans le cas de l'erreur, peut être traitée comme un dérivé de l'analyse de sa structureconditionnelle dans le cas de la technique.

Il y est en effet également question d'erreur de jugement porté sur leschoses par inadéquation de la norme épistémique à la réalité donnée.

Dès avec Platon, l'erreur morale estcaractérisée par son fondement dans l'irrationnalité.

C'est par le défaut de connaissance que l'erreur en morale estpossible ; et inversement, savoir ce qu'est la vérité des choses à juger comme fins en soi doit assurer l'impossibilitéde l'erreur, c'est-à-dire, dans le cas de l'activité morale, de la commission du mal (posture théorique qualifiéed'intellectualisme moral).

En bref, le mal ne peut jamais être le produit d'une volonté délibérée, on ne peut le vouloirpour soi, comme tel en tant que valeur ; il n'est que le résultat d'une erreur de jugement.

Ainsi se constituel'héritage de la tradition platonicienne dans le cadre du stoïcisme impérial latin : on y fait référence aux actions deMédée commises sous l'emprise de la folie, c'est-à-dire par erreur de jugement ( cf.

par exemple, Epictète, Lettre à Lucillus ).

Ici, la norme est strictement externe aux choses.

Car les choses en elles-mêmes sont simplement indifférentes à leur axiologisation (Nietzsche), elles sont pour ainsi dire ‘par-delà bien et mal' ; bien et mal n'étantque les projections de nos fictions mentales idéalisées sur une réalité au sens existentiel inchoatif (Spinoza endévalue la transcendance en qualifiant bien et mal de bon ou mauvais relativement aux fins immanentes à l'exercice propre d'un sujet déterminé, c'est-à-dire les réduit au statut de moyen pour… et traitable donc par le point I).

Lacondition de possibilité de l'erreur est ici chevillé à la transcendance supposée des valeurs morales.

Et si les chosespeuvent nous tromper, ce n'est plus simplement que nous nous trompons sur elles, sur leurs valeurs propres, maisplus radicalement que nous ignorons la valeur elle-même, (ignorer ce qu'est le bien, etc.), ou du moins que nousnous trompons sur ce qu'elle est.

Cela suppose donc l'existence de cette dernière.

Pour être trompé par, il faut doncen bref qu'il y ait valeur, et que celle-ci soit transcendante (car en cas de relativité généralisée, il va de soi quel'erreur morale n'aurait plus cours). * Conclusion Pour que les choses jugées puissent tromper le juge, il faut simplement que le juge se trompe sur elles (prêter uneintention aux choses relève en effet de l'absurdité) : l'erreur tient donc soit dans une ignorance de la normevéritable (point II), soit dans la mauvaise application de la norme connue (point I).. »

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