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Comment la conscience habite-t-elle son corps ?

Publié le 25/01/2004

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conscience
C'est bien les processus biologiques (ou physico-chimiques, comme diraient les neurologues aujourd'hui) qui déterminent ce que je pense et ce que je ressens. Ainsi, je ne suis, en réalité, qu'un corps. [On doit donc dire: «J'ai un corps». Avant de sentir le corps, la conscience se saisit elle-même. Elle est donc distincte du corps. Ce qui, en moi, dit «je suis» ne se confond pas avec mon corps. On doit donc dire «j'ai un corps».] Je ne suis pas mon corps Pour Descartes, la conscience, bien qu'étroitement unie au corps, est radicalement distincte de lui. «Je ne suis pas seulement logé dans mon corps, ainsi qu'un pilote en son navire, mais, outre cela, (...) je suis conjoint très étroitement, et tellement confondu et mêlé, que je compose comme un seul tout avec lui» (Méditations métaphysiques).
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« La conscience est abstraiteLorsque je pense «je suis», ma conscience se saisit elle-même comme conscience, en faisant abstraction demon corps .

La conscience du corps ne vient qu'ensuite.

Le corps n'est donc qu'un des objets parmi d'autres qui peuvent occuper la conscience; il est donc juste de dire «j'ai un corps », comme on dit «j'ai les yeux bleus» ou «j'ai les cheveux châtains». Mon moi ne dépend pas de mon corps Il est de nombreux moments dans la vie où l'on n'a pas du tout conscience de son corps .

La conscience peut même parfois se dissocier du corps .

On peut sentir que l'on est bien portant alors que l'on est malade, que l'on est laid alors que l'on est beau, que l'on a vingt ans alors qu'on en a soixante, que l'on est une femme alorsqu'on a un corps d'homme.

Notre sentiment d'être ne dépend donc pas de notre corps . Mystérieusement, la conscience est incarnée, la conscience et le corps ne font qu'un.

Le dualisme cartésien, qui nefait que reprendre le dualisme chrétien du corps et de l'âme, est donc peut-être à l'origine du mépris dans lequel notre culture tient le corps.

Celui-ci tend en effet à être considéré comme un objet parfois encombrant, qui résiste, par ses pulsions, ses besoins, son vieillissement, à la conscience, laquelle secroit spontanément toute-puissante et immortelle.

Or, il est illusoire d'imaginer que la conscience puisse êtreabstraite, coupée du corps, comme «maître et possesseur» de ce dernier.

Une telle conscience ne peut être qu'aliénée, séparée de sa substance.

L'un des buts de la psychanalyse est peut-être de réconcilier la conscience etle corps, le moi (ou le surmoi) et l'inconscient, afin de permettre à l'individu de vivre dans la plénitude.

Cela demandesouvent une réadaptation du moi au corps et qu'on apprenne pour cela à se considérer comme un corps, et non seulement comme un esprit. Dans la trente et unième des « Nouvelles conférences d'introduction à la psychanalyse » (1932), intitulé « La décomposition de la personnalité psychique », Freud décrit le but du traitement psychanalytique par cette formule : « Là où « çà » était, « je » dois devenir », où le « ça » représente l'inconscient.

Il est remarquable que la traduction de la phrase allemande ait prêté à controverses. Pour comprendre l'enjeu de cette phrase, il faut garder à l'esprit que la psychanalyse, avant d'être une discipline, voire une science, est avant toutune thérapie, une façon de guérir des patients. Dans notre texte, Freud affirme « C'est que l'être humain tombe malade en raison du conflit entre les revendications de la vie pulsionnelle et larésistance qui s'élève en lui contre elles ».

La maladie provient d'un conflit entre les normes « éthiques, esthétiques et sociales » et des désirs qui « semblent remonter d'un véritable enfer ». Or ces désirs censurés ne sont pas plus conscients que la censure elle-même. Le malade subit donc un combat interne dont il n'a ni la maîtrise, ni laconnaissance : « La psychanalyse entreprend d'élucider ces cas morbides inquiétants, elle organise de longues et minutieuses recherches, elle se forgedes notions de secours et des constructions scientifiques et, finalement peutdire au moi : « il n'y a rien d'étranger qui se soit introduit en toi, c'est une part de ta propre vie psychique qui s'est soustraite à ta conscience et à la maîtrise de ton vouloir. » En quoi consiste alors le traitement ? A traduire l'inconscient en conscient : « On ne prête pas assez attention dans cette affaire à un point essentiel, à savoir que le conflit pathogène des névrosés n'est pascomparable à une lutte normale que des tendances psychiques se livrent sur le même terrain [...] Il y a lutte entredes forces dont quelques-unes ont atteint la phase du [...] conscient, tandis que les autres n'ont pas dépassé lalimite de l'inconscient.

C'est pourquoi le conflit ne peut aboutir que lorsque les deux se retrouvent sur le mêmeterrain.

Et je crois que la seule tâche de la thérapeutique consiste à rendre cette rencontre possible. » (« Introduction à la psychanalyse »). Le but de la cure est donc de faire que le patient, au lieu de subir un conflit dont il n'a pas la maîtrise, puisse prendre conscience de celui-ci.

Un conflit qui existe mais n'est pas posé ne peut être résolu.

Seule la claireconscience des désirs qui agitent le patient, et des choix qu'il doit faire entre ses désirs et ses normes, peut amenerà la guérison.

Supprimer le refoulement conduit à remplacer une censure dont je n'ai pas conscience, par un. »

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