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Comment définir l'art ?

Publié le 14/07/2004

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C'est alors que se pose le problème du jugement de goût. S'il est de goût, repose sur la sensibilité et non de connaissance, s'il ne repose pas sur la raison qui pense les belles qualités de l'objet, n'est-il pas seulement subjectif? Peut-on échapper au relativisme esthétique: rien n'est beau puisque ce qui est beau ne l'est que pour celui qui énonce ce jugement? A chacun sa vérité esthétique! Cependant lorsqu'on dit : « j'aime les navets «, on n'attend pas de réponse. Ce que l'on dit est purement informatif. L'autre peut répondre par un « moi aussi «. A une information succède une autre. De cet échange ne résultera pas un approfondissement de la connaissance du navet. Par contre, lorsqu'on dit: « c'est beau «, on attend une réponse, on désire partager l'émotion, la communiquer. Spontanément nous savons que le ressenti n'est pas de même nature, que le premier nous enferme en nous-mêmes alors que le second peut être l'occasion d'un partage source parfois de joies très profondes.

 Les différents sens du mot art : 1.     étymologie : « ars « (latin) ® talent, savoir-faire. 2.     sens courant ® savoir-faire (exemple : l’art de séduire) 3.     sens ancien ® ensemble de procédés appliquant un savoir et permettant de produire un résultat (synonyme de technique). 4.     sens moderne (depuis le 18ème siècle) ® les arts aus ens de beaux-arts ; activités ayant pour objet propre le beau, l’absence d’utilité pratique, la production désintéressée, visant à l’expression d’un idéal esthétique. En ce sens, si les arts (la peinture, la sculpture, la danse, etc.) exigent une technique, un savoir-faire, les oeuvres créées ne recherchent pas l’utilité mais la beauté. 

« neuf degrés qui vont de la vie philosophique (premier degré) à la vie tyrannique (dernier degré).

L'artiste imitateuroccupe la 6e place, l'artisan et le laboureur la 7c, le sophiste la 8e.Pourquoi ? Pourquoi un tel voisinage du sophiste et de l'artiste ? Une telle condamnation de l'art ? 1) Parce que l'artiste comme le sophiste possède un savoir-faire qui est un savoir-tromper. a) Poètes et peintres n'enfantent que des fictions.

Les poètes, Homère, Hésiode, ne sont que « faiseurs de contes», en outre contes dangereux car ils véhiculent une fausse image des Dieux et des Héros.

Par exemple, les Dieuxsont jaloux, se font la guerre et les pires vilenies.

Or, « la bonté n'appartient-elle pas à ce qui est divinité? »(Rep.379).

D'autre part, représenter les Dieux à l'image de l'homme, ne pas en faire des modèles de vertu, n'est-cepas encourager le mal? Les peintres et sculpteurs, quant à eux, illustrent les fictions inventées par les premier.

etcréditent le mensonge.b) Pour plaire ces fictions doivent avoir l'apparence du vrai.

Le savoir-faire de l'artiste est donc bien semblable àcelui du sophiste puisqu'il permet de produire l'illusion du vrai, de présenter comme vrai ce qui ne l'est pas et n'en aque l'apparence en utilisant les séductions du sensible (flatterie, plaisirs des sens ...

).

Par exemple le bon peintreest celui qui est capable de représenter dans un espace à deux dimensions un objet qui, lui, occupe un espace àtrois dimensions.

Plus l'image produite par le peintre semble vraie, plus elle est en fait infidèle à son modèle tel qu'ilest.

L'exactitude de l'art repose sur la déformation du réel sensible (cf.

les règles de 1a perspective). 2) Parce que l'art n'est qu'imitation. L'imitation de quoi ? Des apparences sensibles, de la réalité telle qu'elle se manifeste à nous par l'intermédiaire denos sens.

C'est dans la juste mesure où le poète ne s'élève pas au dessus des apparences sensibles qu'il représenteles Dieux à l'image des hommes.

L'art conforte les hommes dans leur erreur première : ce qui est, est ce quiapparaît.

L'art n'est qu'illustration de l'opinion, représentation de la représentation subjective. 3) Parce que l'art n'est qu'imitation d'une imitation, un simulacre. Dans La « République » (X 597b-598c - cf.

texte), Platon montre que le peintre est « l'auteur d'une productionéloignée de la nature de trois degrés ».

En effet, il y a trois degrés de réalité. • La première, celle qui est vraiment et pleinement, est la réalité intelligible ou Idée.

Pour Platon les Idées ne sontpas des produits de notre intelligence, constitutives de cette dernière (rationalisme) ou formées au contact del'expérience (empirisme).

Elles existent indépendamment de notre pensée.

L'Etre est l'intelligible ou monde des Idées.Cette thèse rend compte et de la connaissance, la réalité est intelligible, objet d'une connaissance, et de l'ordre dumonde.

C'est parce que le monde est en lui-même intelligible que nous pouvons le connaître.• La seconde, ensemble des êtres naturels ou artificiels, est seconde, sa réalité est moindre, dans la mesure où elleest imitation de la première.

Les êtres naturels doivent leur existence à un Démiurge qui a façonné la matière encontemplant le monde des Idées (« Timée » ).

De même le bon artisan fabrique son objet en se réglant sur son Idée.Ces êtres ont moins de réalité que les Idées puisqu'ils se contentent de les imiter.• La troisième, la plus éloignée de la réalité telle qu'elle est en elle-même, est celle produite par le peintre puisqu'ilimite ce qui est déjà une imitation.

Elle est donc un presque rien, n'a pas plus de réalité que notre reflet dans lemiroir.

Elle est le reflet d'une apparence.

En fait, il n'y a rien à voir.Au nom de la vérité Platon critique l'art.

Les fondements de cette critique sont: la définition de l'art commeimitation, reproduction de la réalité sensible et à la définition de la réalité sensible comme apparence, apparencetrompeuse, apparence du vrai.

Non seulement l'artiste ne produit que des apparences et en accentue la puissancetrompeuse, mais encore il nous attache à ce monde des apparences en produisant des apparences qui plaisent,excitent les sens et l'imagination.

L'art, effet du désir sensible et des passions, les accroît en retour.

L'hommeraisonnable n'y a pas sa place.

L'art, ennemi de la vérité est ennemi de la morale.

On trouve ici la premièrecondamnation morale de l'art et par suite la première justification théorique de la censure artistique dont relèveencore la condamnation des « Fleurs du mal » au milieu du XXe.

Rousseau au XVIIIe, sur ce point fort différent desphilosophes des Lumières, reprendra le flambeau de cette critique.

L'art n'élève pas l'âme, bien au contraire.Apparence, il joue le jeu des apparences.

Tout d'abord parce qu'il est, dans la société bourgeoise - société de lacomparaison, du faire-valoir, de l'hypocrisie, de la compétition -, indissociable d'une mise en scène sociale.

On va authéâtre pour exhiber sa toilette et autres signes extérieurs de richesse, pour se comparer, médire, recueillir lespotins...

Ensuite parce qu'il nous plonge dans un monde fictif où nous pouvons à bon compte nous illusionner surnous-mêmes.

Par exemple nous versons de chaudes larmes en assistant an spectacle des malheurs d'autrui et nousrestons froids et impassibles lorsque nous avons l'occasion de lui porter secours.

Mais cependant nous avons pucroire à notre bonté naturelle.

Pour Platon comme pour Rousseau l'art est un divertissement qui nous divertit, nousdétourne de nous mêmes.Bien que Platon ne définisse pas l'art par la beauté, il est tout de même possible de nuancer son propos, à partir dela prise en compte de sa conception de la beauté.

Si l'art n'est que simulacre, la beauté existe en elle-même, elleest une Idée et précisément une des plus belles.

Qu'est-ce qu'un beau cheval ? N'est-ce pas un cheval conforme àl'Idée du cheval ou archétype, à l'idée de ce que doit être un cheval sensible pour être pleinement un Cheval.

Uncheval est plus ou moins beau et son degré de beauté est proportionnel à sa conformité au modèle idéal ou Idée.Est beau ce qui est ce qu'il doit être, laid ce qui ne l'est pas.

Est beau ce qui est parfait.

Comme la perfection n'estpas de ce monde, comme le cheval dans le pré ne sera jamais la copie exacte et sans défaut du modèle maistoujours une imitation imparfaite, la beauté la plus grande, réelle, est celle des Idées.

Est beau ce qui existepleinement et ce qui existe pleinement ce sont les Idées.

La beauté est la perfection ou plénitude de l'Etre.

La. »

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