Devoir de Philosophie

Comment désirer avec bonheur ?

Publié le 02/02/2004

Extrait du document

. C'est dire aussi combien les hommes résistent à l'idée d'un bonheur où notre imagination serait restreinte par l'exigence rationnelle et où les désirs et les plaisirs seraient réduits au profit d'un amour de la Raison. Ils préfèrent voir le bonheur comme un état de contentement durable dans lequel l'homme accomplit ce qu'il vise et satisfait ses désirs. L'idée du stoïcien Cléanthe selon laquelle « on est riche en étant pauvre en désir » semble contredire l'aspiration profonde de l'homme à inventer son existence et à rechercher le plaisir. Calliclès, défenseur du plaisir et du désir, développe cet argument : s'il fallait dire heureux l'homme sans désir, « il faudrait appeler heureux les pierres et les morts 8 ». La vie heureuse est alors celle où on démultiplie infiniment les désirs : démultiplier les désirs, c'est démultiplier le plaisir ; ne plus désirer, c'est ne plus connaître le manque, c'est s'assoupir dans un repos synonyme de mort. Le bonheur n'est en ce sens que l'accumulation de toute la jouissance possible. Y a-t-il un objet qui satisfasse le désir ? Si on ne peut s'accommoder de la démesure de Calliclès (elle promeut un désir illimité qui risque de tyranniser le sujet - et ses proches - voire de l'épuiser dans une recherche infinie de satisfactions), on doit cependant se demander en quoi peut consister le bonheur. Réduire les désirs semble inhumain ; les déployer à l'infini semble réduire l'homme à son corps et à ses plaisirs sensuels, et le rapprocher de l'animalité... Désirer Dieu ?

« La véritable liberté n'est pas dans l'acceptation de ce qui est. Il est difficile d'admettre que tout ce qui arrive a un caractère nécessaire.

Comme le montre Hegel, le stoïcien est,au fond, l'esclave qui se libère du maître en le niant et, avec lui, le monde extérieur.

Épictète n'est-il pas lui-mêmeun ancien esclave, disgracieux et boiteux, qui a trouvé dans la philosophie la libération véritable et le moyen derivaliser avec les dieux? En même temps ne dévoile-t-il pas au maître le secret de la liberté qui consiste à sedominer soi-même, au lieu de dominer l'esclave ? Mais cette synthèse, souligne Hegel, reste abstraite : elle nerésout la contradiction qu'en idée.

Faute de pouvoir changer l'ordre du monde, le stoïcien se réfugie dans « la pureuniversalité de la pensée ».

Sa liberté n'est qu'une liberté négative contre le monde et les hommes.

C'est aussi uneliberté abstraite, car le stoïcien pense mais n'agit pas.

Il s'oppose au monde, se retire dans la pensée mais ne luttepas contre ce monde, contre le maître, pour se faire reconnaître comme libre, en risquant sa vie.

C'est un hommelibre mais abstrait, car il n'est libre que par et dans la pensée, plus précisément dans sa pensée.

La véritable libertén'est-elle pas volonté de transformer ce qui est? Problématique Faut-il, pour être heureux, laisser libre cours à nos désirs, ou au contraire les limiter ? Explication Le fatalisme stoïcien Selon le stoïcisme, la Raison ( Logos ) gouverne l'univers ( cosmos ) : elle pénètre toutes choses en les liant en un tout harmonieux et parfait.

La Raison gouverne également les vies humaines, soumises comme toute chose au destin: tout arrive selon une loi rationnelle et divine et, plus encore, tout se reproduit de manière cyclique (tout s'est déjàproduit et se reproduira à l'identique : éternel retour). Réduire nos désirs pour les satisfaire Si tout est déterminé par avance, que peut faire l'homme et quelle est sa place dans cet ordre totalementnécessaire ? Il doit exercer la seule liberté qui soit véritablement la sienne, la seule chose qui dépend vraiment de luiet qu'il peut réussir à tout coup : l'exercice de son jugement .

Il doit être rationnel au sein de cette rationalité divine, harmonieux au sein de cette harmonie, et s'écarter de tout ce qui peut produire de l'irrationalité et de ladisharmonie.

C'est pourquoi il doit mettre en oeuvre une discipline des désirs et réduire tous ceux qui l'affolent, l'inquiètent, le dominent.

Plus précisément, il doit retrancher du désir tout ce qui peut le mettre en échec et lerendre malheureux.

Or, cela exige de faire la distinction entre ce qui dépend de nous et ce qui n'en dépend pas . Tout ce qui échappe à notre volonté relève de la nécessité, du destin : le désirer serait s'exposer au malheur. Apprendre à juger Cette discipline des désirs est donc une éducation du jugement .

Il s'agit de congédier l' imagination qui nous fait nous représenter le bonheur avec de la richesse, de la gloire, etc., pour promouvoir en nous la raison qui, seule, peut savoir que ces événements appartiennent à la fortune, au destin, et nous inquiètent inutilement.

L'homme nepeut trouver le bonheur que s'il désire ce qu'il peut absolument obtenir : l'excellence de son jugement, la vertu, maiségalement tout ce que la nécessité divine lui accorde à chaque instant, c'est-à-dire la réalité présente.

Nietzschenommera cette attitude stoïcienne à l'égard des événements du monde l' Amor Fati 7, l'amour du destin. Débat et enjeu Le bonheur, est-ce peu désirer ? Les stoïciens ont élaboré une figure de la perfection : celle du sage .

Or, d'après eux, il n'y a guère de sage qu'une fois tous les 500 ans, et encore, cela n'est pas sûr ! C'est dire que l'idéal ascétique n'est pas aisément accessible...C'est dire aussi combien les hommes résistent à l'idée d'un bonheur où notre imagination serait restreinte parl'exigence rationnelle et où les désirs et les plaisirs seraient réduits au profit d'un amour de la Raison.

Ils préfèrentvoir le bonheur comme un état de contentement durable dans lequel l'homme accomplit ce qu'il vise et satisfait sesdésirs.

L'idée du stoïcien Cléanthe selon laquelle « on est riche en étant pauvre en désir » semble contredirel'aspiration profonde de l'homme à inventer son existence et à rechercher le plaisir.

Calliclès, défenseur du plaisir etdu désir, développe cet argument : s'il fallait dire heureux l'homme sans désir, « il faudrait appeler heureux lespierres et les morts 8 ».

La vie heureuse est alors celle où on démultiplie infiniment les désirs : démultiplier les désirs, c'est démultiplier le plaisir ; ne plus désirer, c'est ne plus connaître le manque, c'est s'assoupir dans un repossynonyme de mort.

Le bonheur n'est en ce sens que l'accumulation de toute la jouissance possible. Y a-t-il un objet qui satisfasse le désir ?. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles