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Comment expliquer que je puisse changer tout en demeurant le même?

Publié le 12/04/2005

Extrait du document

« Nous attribuons forcément à cette masse une parfaite identité, pourvu que les parties demeurent identiques de façon ininterrompue et invariable » (Hume, Traité de la nature humaine, Livre I, partie IV, section VI). -          Par ailleurs, si la modification de l'objet ne nous est pas perceptible, ou si nous la considérons en quelque sorte comme négligeable, nous continuerons à voir cet objet comme formant un tout. En quelque sorte, nous confondons l'identité avec le changement graduel, l'esprit n'étant pas heurté lorsque le changement est doux. Ainsi, « un enfant devient un homme, et il est tantôt gras, tantôt maigre, sans que change son identité » affirme Hume (Traité de la nature humaine, Livre I, partie IV, section VI). -          C'est de cette manière que le fonctionnement de l'esprit humain produit des connexions entre nos perceptions et permet la fiction d'un soi. « Nous faisons - écrit Hume - comme s'il y avait une existence continue des perceptions de nos sens, pour supprimer leur interruption, et tombons dans la notion d'âme, de moi et de substance, pour masquer la variation » (Traité de la nature humaine, Livre I, partie IV, section VI). Nous passons en quelque sorte de l'illusion d'une unité de certaines matières dans l'espace, à l'illusion d'une unité de la pensée dans le moi. -          Ce processus est accentué par le fait que nous mémorisons une image fixe de tout ce que nous rencontrons pour la première fois. Ainsi lorsque nous rencontrons quelqu'un, l'impression qu'il nous laisse se fige en nous, si bien que lorsque nous le reverrons, nous l'associerons toujours à cette image première, et notre esprit créera l'illusion de la fixité en rapportant l'individu à cette image et en faisant abstraction des différences. -          La raison première de l'idée d'identité se trouve donc dans la mémoire.

Analyse du sujet :

 

-          La question pose problème, car ce qui caractérise le changement, c’est le fait que quelque chose passe d’un état à un autre état, et que dans ce passage, l’état premier est supprimé pour laisser la place à l’état second. Il y a donc a priori stricte opposition entre le changement et le fait de demeurer le même.

-          Pourtant, en ce qui concerne l’être humain, chacun peut affirmer à la fois qu’il a changé, et en même temps qu’il est toujours lui-même. Même dans le cas où l’on dit de quelqu’un qu’il « sort de lui-même «, on espère toujours qu’il « redeviendra lui-même «, ce qui indique qu’on suppose toujours une individualité sous-jacente.

-          Cela implique de considérer que ce n’est pas la totalité de l’individu qui change, mais seulement une partie, comme s’il y avait un noyau central en lequel reposait l’individualité, et d’autres choses autour, plus superficielles, qui pourraient changer sans modifier ce noyau.

-          Ainsi par exemple, lorsque quelqu’un grandit, on constate bien que son corps change. Si l’on s’obstine à considérer qu’il est le même, c’est parce qu’on pense que son corps n’est qu’un aspect superficiel de lui-même, qu’il est presque négligeable en regard de ce noyau profond qui constitue son moi intime.

-          La question revient donc à se demander quelle est la nature de ce mystérieux noyau et comment il est possible qu’il résiste aux modifications qui lui sont périphériques.

-          Ce questionnement pourrait ensuite nous amener à nous interroger sur la pertinence de cette impression selon laquelle nous resterions le même.

 

 

Problématisation :

Le sentiment de disposer d’un moi profond que rien ne puisse altérer est si prégnant chez l’être humain qu’il est quasiment incontestable. Il n’en reste pas moins que dans un monde où le passage du temps semble condamner toute chose au changement, il est difficile de rendre compte de ce sentiment intime. Il n’y a guère d’autres solutions que de postuler chez tout être humain un moi immuable qui résiste aux altérations extérieures, mais comment considérer l’existence d’un tel moi si, par ailleurs, le corps peut changer jusqu’à disparaître totalement ?

« La substance pensante- C'est dans et par l'exercice du doute que Descartes va mettre en évidence le caractère irréductible et fondamental de la conscience.

Descartesentend reconstruire le monde de la connaissance en un moment culturel dedoute et de crise.

En quête du vrai, c'est-à-dire d'une certitude inébranlable,Descartes cherche à discerner ce qui est indubitable et se propose pour celade réévaluer les connaissances en leur principe même.- Il commence par considérer comme faux tout ce en quoi il pourrait imaginerle moindre doute.

Le doute est le commencement obligé de la philosophie. Non plus le doute sceptique, passif, sans issue, mais le doute actif, méthodique , c'est-à-dire l'examen critique destiné à faire table rase des superstitions, des dogmes, des préjugés.

Avant de rechercher la vérité, ilfaut d'abord purger l'esprit de nos préjugés installés par les nourrices, leséducateurs et les opinions douteuses attachées aux sens.

L'examen critique est un acte de liberté, il est l'affirmation de la possibilité dejuger par soi-même . - Dans l'expérience du doute, je me découvre moi-même comme ce qui résisteau néant, comme un subsistant, un reste, ce qui résiste en dernier appel, pardelà toutes les destructions que l'on peut tenter. - En effet, une fois que j'ai douté de tout, y compris de moi-même, apparaît une première certitude : je peux douter de tout, mais je ne peux douter de la condition inhérente à l'acte même de douter; il faut bien que moi qui me persuade que je rêve ou que je suis fou, moi qui veux douter, je pense et queje sois ou j'existe, justement pour pouvoir penser.

Au moment où je doue, je pense et au moment où je doute, je suis.- En clair, l'existence de la pensée est avérée par son activité même .

Mon inexistence est impensable au présent.

Si je n'existais pas, je ne pourrais pas penser, pas même mon inexistence : " Pour penser, il faut être; or jepense, donc je suis ".

Si Je suis, j'existe, et ceci, pour autant et aussi longtemps que je pense.

Même si toutes mesreprésentations sont fausses, elles ne cessent pas pour autant d'être mes représentations.

Même si je pense lefaux, je pense effectivement : le "je pense" conditionne le doute lui-même; il est hors de doute parce qu'il est hors du doute . - Descartes passe donc de la considération de la vérité ou de la fausseté des représentations à leur caractéristiquecommune d'être des représentations, c'est-à-dire des événements mentaux connus d'une conscience.

La conscience apparaît comme donc comme la condition nécessaire de toute représentation : il n'y a de représentation et de doute possibles que dans et pour une conscience.- A la question : " Mais qu'est-ce donc que je suis ? ", Descartes répond : " Une chose qui pense ".

Or, pourquoi lapensée, selon Descartes, relève-t-elle de la catégorie de la "chose", de la substance, avec le modèle matériel quecela comporte ? - La pensée est un attribut essentiel du "Je". Cet attribut essentiel, Descartes le nomme "substance", dans la mesure où il suffit à définir le moi.

Le "Je" est la substance pensante, c'est-à-dire l'âme ou l'esprit.

Cette conscienceest réalisée dans une chose, un être, doté d'une essence (la pensée) et d'une existence propres.

Il s'agit d'unesubstance, condition sine qua non de la conscience .

La substance est ce sans quoi rien ne peut ni être ni être conçu; la substance subsiste par sa propre nature.

L'attribut essentiel de la substance pensante est la pensée etses modes sont l'imagination, la sensation, le raisonnement, la volonté.- Le réel existe sous deux formes : la substance étendue (matière : corps, phénomènes physiques, monde) et la substance pensante (esprit ou âme, pensée ).

L'âme est pensée, c'est-à-dire conscience ; donc tout phénomène psychique est nécessairement conscient ; la conscience ou pensée est l'essence même de la vie psychique.

Ainsi uncomportement humain trouve-t-il sa source ou bien dans le corps (mécanisme corporel, involontaire) ou bien dansl'esprit (processus intentionnel, volontaire).

Comme la pensée est identifiée à la conscience, tout ce qui en moi échappe à la pensée, à la conscience, appartient au corps et s'explique, par conséquent, par desmécanismes physiologiques.- La pensée se définit par la conscience et n'existe comme pensée que pour autant qu'elle est consciente : " Par lemot de penser, j'entends tout ce qui se fait en nous de telle sorte que nous l'apercevons immédiatement par nous-mêmes ; c'est pourquoi non seulement entendre, vouloir, imaginer, mais aussi sentir est la même chose ici quepenser." (Descartes, Article 9 des Principes de la philosophie) , " Par le nom de pensée, je comprends tout ce qui est tellement en nous que nous en sommes immédiatement connaissants " ( Réponses aux secondes objections) . - Penser, c'est savoir que l'on pense , sinon on ne pense pas du tout.

Etre conscient ou penser, c'est simultanément et indissolublement, penser à quelque chose et savoir qu'on y pense.

Il faut noter aussi, pourcomprendre l'apparent paradoxe qui consiste à dire que sentir, c'est aussi penser, que c'est l'aperception immédiate qui permet de définir l'ensemble des actes de la pensée.

On pourrait renverser la formule et dire : on a affaire à la pensée ou à la conscience chaque fois qu'il y a aperception immédiate de quelque chose qui sepasse en moi .

Ainsi, digérer n'est pas penser, parce que si cela se passe en moi, je n'en ai aucune aperception immédiate.

Mais sentir, c'est bien penser parce que j'en ai une aperception immédiate.- Si nous avons des pensées inconscientes, c'est-à-dire des pensées que nous ne connaissons pas, commentpourrions-nous savoir que nous les avons ? Si quelque chose affecte notre esprit sans que nous le pensions, enignorant que c'est en notre esprit, ce n'est en rien de la pensée.

La pensée consciente est la pensée présente à l'esprit à l'instant où il pense .

Les autres pensées ne sont pas des pensées actuelles, mais des pensées passées,. »

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