Devoir de Philosophie

Comment penser la diversité des religions ?

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

Les premières croyances religieuses permettent alors d?assurer la cohésion de la communauté. Comme le dit Bergson, « la religion est une réaction défensive de la nature contre le pouvoir dissolvant de l?intelligence ». Par exemple, si l?homme peut prendre conscience de sa mortalité, la construction de fables et de récits eschatologiques (qui lui assurent la vie dans l?au-delà, par exemple) lui permet de conjurer cette angoisse. La fonction de la religion est donc de perpétuer la vie, malgré l?interruption qu?annonce l?intelligence. La diversité des religions n?apparaît plus que comme une variation sur un même thème : quelle que soit la forme qu?emprunte la religion, quelle que soit sa diversité, elle est réductible à une fonction unique.   III ? Religion et vérité   Afin de penser la diversité des religions, nous avons eu recours à l?unité d?un concept ou à l?invariance d?une fonction : « comment penser la diversité des religions ? » Nous répondons : en ayant recours à l?unité de structure qui commande l?apparition particulière de telle ou telle religion. Cependant, en faisant cela, nous réduisons hâtivement notre problème à sa portion congrue. Nous pensons la diversité pour autant que nous en déterminons l?unité sous-jacente, mais qu?en est-il de cette diversité en tant que diversité ? Si nous ne considérons plus le phénomène religieux comme structure (concept, fonction), mais comme exigence de sens, qu?en est-il de la diversité ?

« Afin de penser la diversité des religions, nous avons eu recours à l'unité d'un concept ou à l'invariance d'une fonction : « comment penser la diversité des religions ? » Nous répondons : en ayant recours à l'unité de structurequi commande l'apparition particulière de telle ou telle religion.

Cependant, en faisant cela, nous réduisonshâtivement notre problème à sa portion congrue.

Nous pensons la diversité pour autant que nous en déterminonsl'unité sous-jacente, mais qu'en est-il de cette diversité en tant que diversité ? Si nous ne considérons plus lephénomène religieux comme structure (concept, fonction), mais comme exigence de sens, qu'en est-il de ladiversité ? Autrement dit, si l'on s'intéresse aux religions dans leur rapport à la vérité, la diversité en tant quediversité n'est-elle pas un obstacle ? Nous rencontrons ici l'intolérance religieuse : le message d'une religion estincompatible avec celui d'une autre ; leurs vérités sont exclusives.

Comment penser alors cette diversité desreligions, qui est diversité des vérités ? La vérité est-elle une ou multiple ? Pouvons-nous nous contenter d'un appelà la tolérance au nom d'un relativisme de la vérité : à chaque religion sa vérité et qu'elle laisse les autres en paix. Ainsi, la commune structure des religions ne nous permet pas d'abandonner leur diversité en matière de sens. Peut-on penser sur ce point que les religions soient complémentaires et que leurs sens particuliers s'intègrent en unsens global ? Pascal, dans les Pensées , procèdent de cette manière, mais au profit du christianisme : les systèmes métaphysiques et religieux antérieurs sont tenus pour des préfigurations de la vérité chrétienne, seule une et totale.Toutefois, comment fonder cette primauté de la vérité chrétienne hors du christianisme ? L'enjeu demeure alors depenser la vérité dans son unité principielle et dans la diversité de ses manifestations. Dans Histoire et vérité , Paul Ricœur montre comment, en matière de philosophie, les divers systèmes concourent à ce que l'on pourrait appeler une vérité commune, celle-ci se trouvant désengagée de l'évolutionhistorique de la philosophie elle-même.

Or, en matière de religion, la vérité demeure conçue comme une, éternelle etabsolue.

Ainsi, dans le christianisme, la vérité est révélée une fois pour toutes et soustraite à l'injure du temps.L'opposition des religions, c'est-à-dire leur irréductible prétention singulière à une vérité absolue, repose alors surune conception de la vérité unilatérale.

Le dogmatisme religieux s'enferme dans sa certitude et décrète faux ouhérétique tout ce qui lui est extérieur.

Ici, l'unité de structure du religieux n'est pas apte à résorber l'écart entrereligions et implique de repenser les concepts de sens et de vérité. Conclusion : Ainsi, face à la profusion des religions, il est possible de penser la diversité en ayant recours à un concept de religion faisant droit à l'essence même du phénomène religieux, au-delà de ses incarnations particulières.

Dans lemême ordre d'esprit, concevoir la religion sur le mode d'une fonction vitale permet de l'envisager dans une unité destructure.

Cependant, cette unité « des profondeurs » laissent en suspens la question de l'opposition « de surface »entre les religions, comme discours qui prétendent au vrai.

Nous avons vu ici que le concept de vérité propre auxreligions empêchait les reconnaissances mutuelles, hormis une tolérance de fait, puisque la vérité religieuse étantpar définition totale et absolue, tout discours autre implique une rupture, donc un déni.

Le problème reste donc bienl'impossibilité, pour la religion, de penser la diversité.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles