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Comment une philosophie ancienne peut-elle être actuelle ?

Publié le 12/01/2004

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  I.                    Une philosophie ancienne ne peut être actuelle, car elle appartient à une époque révolue et se fonde sur des critères obsolètes   a.       Qu'entendons-nous par philosophie ancienne ? A première vue, il semble contradictoire de dire qu'une philosophie peut être en même temps ancienne et actuelle. En effet, si nous disons qu'une philosophie est ancienne, nous disons qu'elle appartient à une époque révolue parce qu'elle est devenue obsolète, parce qu'elle ne permet plus de comprendre adéquatement le monde. Deux évènements peuvent rendre caduque une philosophie, que l'on commencera par entendre comme une somme de discours cohérents entre eux visant à une compréhension du monde et des hommes : le premier est une remise en cause du discours philosophique lui-même, dont les contradictions, une fois démontrées, peuvent le rendre obsolète ; le second est une remise en cause des présupposés de cette philosophie, par exemple des conceptions scientifiques qui la sous tendent, et qu'elle-même contribuait à confirmer. b.      Une philosophie ancienne et actuelle en même temps : une contradiction dans les termes A la lumière de cette définition de la « philosophie ancienne », nous pouvons dire qu'une philosophie ancienne ne peut être à proprement parler à la fois ancienne et actuelle. En effet, si l'on admet qu'une philosophie ancienne est une philosophie qui engage une conception scientifique du monde obsolète, car infirmée par l'avancée des découvertes scientifiques, ce n'est pas en tant que philosophie, c'est-à-dire, en tant qu'ensemble de discours cohérents entre eux, qu'elle pourra être dite actuelle. Prenons un exemple : celui de la philosophie Aristotélicienne.
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« philosophie sans laquelle on ne le comprend pas complètement, sans lequel il n'aurait pu se constituer.

C'est donc pourautant que la philosophie contemporaine est aussi actuelle, c'est-à-dire qu'elle nous permet de répondre adéquatement auxquestions posées par le monde dans lequel nous vivons, et pour autant que la philosophie ancienne permet de comprendrela philosophie contemporaine, que la philosophie ancienne est aussi actuelle.

Ce qui peut se dire ainsi : l'actualité de laphilosophie ancienne est médiatisée par l'actualité de la philosophie contemporaine. b.

Un exemple : Hilary Putnam, Descartes et les sceptiques Hilary Putnam est un philosophe américain, auteur de « Raison, vérité, histoire » (1984).

Dans ce livre, elle fait l'expérience de pensée suivante : imaginons que notre cerveau se trouve dans une solution nutritive qui l'alimente.

Tout ce qui est perçu,pensé, imaginé, souvenu, n'est plus l'effet du monde, mais le résultat des impulsions électriques venues de ce savant fou.Alors le problème est le suivant : peut-on avoir la certitude que nous ne sommes pas ce cerveau dans une cuve ? Cetteexpérience de pensée est une réactualisation de la fiction du rêve, dans le cadre du doute hyperbolique mis en scène parDescartes dans les Méditations Métaphysiques .

Ce même argument du rêve était déjà utilisé par les sceptiques.

Dans la mesure où nous ne pouvons comprendre tous les enjeux de l'expérience de pensée mise en scène par Hilary Putnam, sansconnaître l'hypotexte philosophique sur lequel elle s'appuie, nous dirons qu'une philosophie ancienne peut être actuelle,puisqu'elle sert à la compréhension de la philosophie contemporaine. III.

Une philosophie ancienne ne peut être en tant que telle actuelle : mais des pans d'undiscours ancien peuvent avoir conservé leur actualité a.

Philosophie ancienne et discours philosophique Toute notre argumentation reposera ici sur l'idée qu'une philosophie ancienne ne peut être en elle-même actuelle, c'est-à-dire en tant que système de discours cohérent, mais que certains pans du discours philosophique renvoyé au domaine del'ancienneté par une infirmation peuvent avoir conservé toute leur actualité.

Nous envisageons donc ici l'actualité du discoursphilosophique ancien en lui-même, et non comme actualité médiatisée (ainsi que nous l'avons fait dans la précédentepartie). b.

Actualité du discours aristotélicien Reprenons l'exemple d'Aristote : certes, la philosophie aristotélicienne ne peut êtredite actuelle dans son ensemble.

Mais une partie de ses thèses peuvent encore êtreconsidérées comme actuelles.

Si nous considérons le concept d'hylémorphisme(c'est-à-dire, de l'union d'une âme et d'un corps en fonction d'une correspondancede l'une et de l'autre) nous dirons qu'il a conservé toute son actualité, en tant qu'iloffre un modèle pour concevoir l'un des plus grands problèmes métaphysiques :l'influence de l'esprit sur le corps. Conclusion : Au terme de ce parcours, nous pouvons dire qu'une philosophie, commephilosophie, c'est-à-dire en tant que doctrine cohérente, ne peut être à la foisancienne et actuelle, puisque son ancienneté même implique qu'elle a cesséd'appartenir au domaine des préoccupations présentes légitimes.

Cependant, ellepeut conserver un degré d'actualité, médiatisé par le fait qu'elle permet de mieuxcomprendre une philosophie elle-même contemporaine et actuelle.

Enfin, des pansentiers d'une philosophie ancienne peuvent demeurer actuels, en fournissant desconcepts ou des outils de compréhension qui n'ont rien perdu de leur utilité ou deleur puissance heuristique.. »

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