Devoir de Philosophie

Comment travaille l'historien ?

Publié le 09/02/2004

Extrait du document

Sa méthode ressemble donc à celle du scientifique : comme lui il crée les objets de son observation. C'est pourquoi Lucien Febvre écrit dans Combats pour l'histoire : «Décrire ce qu'on voit, passe encore ; voir ce qu'il faut décrire, voilà le difficile ». CITATIONS: « Qu'est-ce donc que l'histoire? Je proposerai de répondre : l'histoire est la connaissance du passé humain. » Henri-Irénée Marrou, De la connaissance historique, 1954.   « L'histoire que nous écrivons, l'histoire rétrospective (die Historie) est rendue possible par l'histoire qui s'est faite (die Geschichte). » Paul Ricoeur, Histoire et Vérité, 1955. « La véritable histoire objective d'un peuple commence lorsqu'elle devient aussi une histoire écrite. » Hegel, La Raison dans l'histoire, 1837 (posth.) « L'historien n'a pas à s'occuper des événements tels qu'ils se sont passés en réalité, mais seulement tels qu'on les suppose s'être passés : car c'est ainsi qu'ils ont produit leur effet.

Le travail de l'historien est un travail d'interprétation : il ne s'agit pas simplement pour lui de faire une chronologie, mais d'établir le sens et l'importance des événements ainsi que leurs relations. Selon Dilthey, nous expliquons la nature, c'est-à-dire que nous dégageons peu à peu les lois qui la régissent ; mais nous comprenons la vie de l'esprit. De même, l'historien ne doit pas expliquer les chaînes causales et établir des lois, mais comprendre un sens ; aussi l'objectivité historique n'a-t-elle rien à voir avec l'objectivité scientifique : étant une interprétation, l'histoire peut et doit toujours être réécrite. En ce sens, l'histoire est surtout la façon dont l'homme s'approprie un passé qui n'est pas seulement le sien.

« En quoi consiste aujourd'hui le travail de l'historien? Il s'agit moins de décrire ou de reconstituer des événements qued'explorer des registres différents du temps. De la surface aux profondeursDès la fin du XIXe siècle fut mise en cause toute histoire qui ne serait que récit des événements.

Ceux-ci neconstituent en effet que la surface des choses.

«Aucun accident particulier ne paraît digne d'étude.

Ce sont, surl'océan des choses humaines, des fluctuations de vagues qui s'effacent l'une l'autre», écrit par exemple LéonBourdeau dans l'Histoire et les Historiens (1888), essai critique sur l'histoire considérée comme science positive.Cette situation s'est profondément modifiée au cours du xx' siècle.

Avec Lucien Febvre et Marc Bloch est née ceque l'on appelle la « nouvelle histoire », celle de l'école regroupée autour de la revue des Annales.

À la vieille sciencedes surfaces, des événements et des grands hommes se substitue une histoire des profondeurs, de la longue duréeet de la vie des masses.

La critique du documentL'observation historique étant la plupart du temps indirecte, l'historien se trouve confronté à des documents quitémoignent des événements soit volontairement — les Mémoires des acteurs, l'historiographie...

—, soitinvolontairement — les documents administratifs, les traces archéologiques...

Marc Bloch, dans Apologie pourl'histoire ou le métier d'historien (1949), montre que l'historien doit partir de questions qu'il pose à ces documents,car « ceux-ci ne parlent que si on sait les interroger».

Il faut donc mettre en oeuvre des techniques érudites pourles rassembler, les classer par type, les déchiffrer et les authentifier.

Et comme les témoins ne doivent pasforcément être crus sur parole, l'historien doit adopter une méthode critique.

Celle-ci fait ses premiers pas au XVIIesiècle, lorsque l'on passe du commentaire et de l'interprétation à la critique, avec le moine Jean Mabillon (De rediplomatica, 1681), qui montre comment authentifier les chartes conservées dans les monastères, avec Descarteset son doute méthodique, avec Richard Simon et Spinoza (Traité théologico-politique, 1670), qui pratiquentl'exégèse de la Bible.

La critique apparaît comme une précaution contre l'erreur et le mensonge.

La logique de laméthode critique requiert un travail de comparaison.« Le témoignage renseigne souvent non tant sur ce qui est vu que sur ce que, de son temps, on estimait naturel devoir», note Lucien Febvre. La périodisationLa temporalité historique était autrefois pensée comme un long mouvement continu depuis les origines, en marchevers un but postulé explicitement ou non.

Avec les historiens de l'école des Annales, la question n'est plus de savoircomment des événements discontinus peuvent se relier, mais à quel niveau analyser le discontinu.

La périodisationn'est plus alors un donné, elle doit être construite.

Mieux: il n'y a plus une périodisation, mais plusieurs, selon destemporalités différentes (cycle de la production dans les travaux de Braudel, cycle de la population dans ceux de LeRoy Ladurie...). Deux positions du réelLa situation de l'historiographie fait apparaître l'interrogation sur le réel en deux positions bien différentes dans ladémarche scientifique: le réel en tant qu'il est connu (ce que l'historien étudie, comprend et «ressuscite» d'unesociété passée) et le réel en tant qu'il est impliqué par l'opération scientifique (la société présente, à laquelle seréfèrent la problématique de l'historien, ses procédures, ses modes de compréhension et finalement une pratique dusens).

D'une part, le réel est le résultat de l'analyse et, d'autre part, il est son postulat.

Ces deux formes de laréalité ne peuvent être ni éliminées ni ramenées l'une à l'autre.

«La science historique tient précisément dans leur.rapport.

Elle a pour objectif propre de le développer en un discours », affirme Michel de Certeau dans l'Écriture del'histoire (1975).. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles