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commentaire littéraire candide

Publié le 27/10/2012

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COMMENTAIRE LITTERAIRE CANDIDE de Voltaire, « Le Nègre de Surinam «, chapitre XIX (1759) [INTRODUCTION EN 5 PARTIES] Le XVIII°siècle commence par la fin sombre du règne de Louis XIV, la France est en crise et des écrivains découvrent d'autres systèmes politiques plus ouverts lors des exils ou des voyages. La figure de « l'honnête homme « du XVII°siècle laisse place aux « philosophes des Lumières « qui vont remettre en question le système politique et religieux de leur époque. Les philosophes des Lumières prônent la raison et non les superstitions, la tolérance et non la tyrannie, la liberté et non l'oppression. Tels que les humanistes du XVI°siècle, ils croient en l'homme et au progrès. Voltaire est un philosophe, écrivain et dramaturge qui s'est exilé en Angleterre et donc a pu observer les bienfaits d'une monarchie constitutionnelle. Il a tenu une correspondance amicale avec Frédéric II qu'il considère comme un monarque «éclairé «. Voltaire est un homme et un écrivain engagé qui ose dénoncer avec une ironie mordante les injustices sociales (cf. L'Affaire Calas). Dans un conte philosophique intitulé Candide ou l'Optimisme et écrit en 1759, Voltaire choisit le regard naïf et étonné du personnage éponyme pour exprimer sa vision du monde. Dans cet extrait tiré du chapitre XIX « Le Nègre de Surinam «, Candide accompagné de Cacambo part d'un endroit idyllique, L'Eldorado et arrive à Surinam où il rencontre un esclave noir dans un triste état. Le témoignage de ce « nègre « s'avère une illustration des malheurs dus à l'esclavage et Candide, passant de la surprise au désespoir finira par ne plus croire en la philosophie de l'Optimisme. Dans quelle mesure cet extrait de Candide de Voltaire par le biais de l'argumentation indirecte, peut-il constituer un véritable réquisitoire contre l'esclavage ? Dans un premier temps, nous remarquerons que le témoignage de l'esclave incite le lecteur à réfléchir sur l'Homme et le monde [I] puis dans un deuxième temps nous considèrerons cet extrait comme un réquisitoire de la part de Voltaire, philosophe des Lumières [II]. [I. Un questionnement sur l'Homme et le monde à travers la figure de l'esclave] Tout cet extrait de Candide dont l'auteur est un philosophe des Lumières, tourne autour de la figure de l'esclave afin d'inciter le lecteur à s'interroger sur l'Homme et le monde. [a) la description explicite de l'horreur de l'esclavagisme] Nous avons tout d'abord une description explicite de l'horreur de l'esclavagisme. D'ailleurs le choix de Voltaire d'utiliser un conte philosophique, une fiction afin de dénoncer l'esclavagisme n'est pas anodin. Il s'agit d'éviter la censure et de diffuser le message de façon subtile aux lecteurs de son temps. La description commence au moment de la rencontre entre Candide, Cacambo et le nègre : « En approchant de la ville, ils rencontrèren...

« question de Candide («   eh mon Dieu...

  », mais surtout les larmes qui permettent de clore l’extrait   : profondément touch é, Candide   fait de cet esclave, «   son   » n ègre, c’est­ à­dire un ami, il lui donne une valeur (et non un prix), il en fait un  élément de sa prise de   conscience des injustices du monde   : le n ègre n’est plus un objet simplement utile  à cultiver les propri étés des riches europ éens.  Nous   avons  également une absence de haine chez l’esclave qui d émontre les injustices sociales. L’absence de haine, de r évolte de la part de   ce «   n ègre   » maltrait é est d û à l’influence des discours religieux   et  à la cr édulit é de ses parents (sa m ère en particulier) qui per çoit   cette injustice comme une normalit é. Tout converge dans l’id ée que l’esclave est un  être soumis   : le n ègre de Surinam est «   é tendu par   terre   » (l.1), puis d éclare  à Candide «   J’attends mon ma ître   » (l.4­5). Quand il cite les propos de sa m ère, ceux­ci d évoilent la relation   inf ériorit é / sup ériorit é entre les noirs et les blancs   : «   tu as l’honneur d’ être esclave de nos seigneurs les Blancs   » (l.13)   : les deux   substantifs  appos és  «   seigneurs  les Blancs   » connotent  la soumission des  n ègres  par rapport  aux «   Blancs   » consid érés  comme  des   ê tres puissants.  Les mutilations, comme l’explique la victime ont deux origines   : l’accident et la r épression. Pour  éviter la gangr ène,   le ma ître ampute la main accident ée, en guise de ch âtiment pour s’ être enfui, c’est la jambe qui est coup ée. La phrase du n ègre «   je me   suis trouv ée dans les deux cas   » (l.9­10) symbolise la r ésignation de cet homme   : elle ne contient aucune intention de se plaindre. Ses   paroles sont en effet marqu ées par un respect du blanc instinctif (il r épond un «   oui monsieur   »  à Candide plein de politesse) mais   surtout par une grande fatalit é. On note l’anonymat d’un syst ème f éroce qui agit (le «   on   » ind éfini dans «   on nous donne, on nous   coupe   » ne fait que constater la brutalit é en la r épétant car le verbe couper est utilis é 2 fois).  [Transition] Si ce texte d écrit et t émoigne de la barbarie des esclavagistes, la voix de Voltaire se dissimule dans cette fiction pour   d énoncer de mani ère virulente non seulement l’horreur de l’esclavage mais aussi ceux qui c èdent face  à cette abomination.  [II.

Le réquisitoire d’un philosophe des Lumières] En tant que philosophe des Lumi ères, Voltaire s’insurge contre toutes formes d’oppression et pr ône le droit pour tout   homme au bonheur et  à la libert é. Le t émoignage de l’esclave devient un moyen pour Voltaire d’ écrire implicitement un r équisitoire.  [a) la voix de l’auteur derrière les paroles de l’esclave : ironie] En effet  la  voix  de  l’auteur   se  cache   certainement  derri ère   les  propos  de  l’esclave   par  le biais de  l’humour  voire  de   l’ironie. Deux niveaux de langage s’entrem êlent en effet   : le langage courant et le langage soutenu et ce, dans la parole de l’esclave.

  Nous savons tr ès bien que les «   n ègres   »  étant consid érés comme inf érieurs et soumis aux Blancs, ne pouvaient acc éder  à une certaine   é ducation.  Or, le discours  que tient l’esclave para ît bien argumentatif   : nous pouvons relever  la pr ésence  de connecteurs logiques   «   Cependant   » (l.10), «   Or   » (l.19). Ces connecteurs logiques appartiennent au registre de langue soutenu tout comme le vocabulaire   riche utilis é par le n ègre   : «   le fameux n égociant   » (l.5), «   g énéalogistes   » (l.17), «   pr êcheurs   » (l.17). De plus la progression de son   discours   argumentatif   fonctionne   à  partir   d’un   raisonnement   inductif   :   il   passe   sans   cesse   de   l’exemple   au   constat.

  D’abord   il   explique les tortures inflig ées aux esclaves pour constater ensuite de mani ère ironique   : «   C’est  à ce prix que vous mangez du sucre en   Europe   » (l.10). De plus il rapporte les propos de la m ère «   et tu fais par l à la fortune de ton p ère et ta m ère.

  » (l.13­14) pour en   relever tout le paradoxe ensuite   à  travers le constat suivant : «   H élas   ! je ne sais pas si j’ai fait leur fortune, mais ils n’ont pas fait la   mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous.

  » (l.14­15). Les discours religieux sont   tourn és également en d érision et leur hypocrisie est d énonc ée   quand le n ègre explique   : «   les f étiches hollandais qui m’ont converti me   disent   tous   les   dimanches   que   nous   sommes   tous   enfants   d’Adam,   blancs   et   noirs.

  »   (l.15­17)   Ces   discours   religieux   affirment   l’existence de l’ égalit é entre les hommes, or cette r ègle n’est pas respect ée par la soci été comme le constate encore juste apr ès le n ègre   :   «   Je ne suis pas g énéalogiste, mais si ces pr êcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germain. Or vous m’avouerez qu’on   ne peut pas en user avec ses parents d’une mani ère plus horrible   » (l.17­19).  Le champ lexical de la religion («   mon dieu   », «   b énis   »,   «   seigneur   », «   Adam   », «   f étiches   ») permet de mettre en lumi ère les contradictions entre les fondements de la religion et le traitement   des noirs.

 Ainsi l’expression «   f étiches   hollandais» pour d ésigner le culte chr étien met sur le m ême plan la religion africaine et la   religion des europ éens et permet  à Voltaire de d énoncer sans le montrer la responsabilit é de l’Eglise catholique vis­ à­vis de la traite   n égrière.

  Les   pr êtres   tiennent   un   discours   hypocrite   avec   les   esclaves   en   leurs   disant   que   tous   les   hommes   viennent   d’Adam.

  Pourtant,   ils  ne   subissent   pas   tous   les  m êmes   traitements.

    N’oublions   pas   que  la  censure   s’exerce   sur   le  moindre   des  écrits   des   philosophes   ! L’expression  «   tous  les  dimanches   » insiste sur  la r épétition donc  sur l’ évang élisation forc ée.

L’ironie utilis é dans ce   texte   est   pr ésent   jusqu’au   choix   des   patronymes   par   Voltaire   à   commencer   par   le   nom   du   n égociant   «   M.

  Vanderdendur   »   :   les   consonances hollandaises font ressortir la brutalit é de cet  être mais aussi les deux «   qualit és   » du ma ître   : Vanderdendur est celui qui   vend   et   celui   qui   a   la   dent   dure   (le   n égoce   et   la  maltraitance).

  D’autres   traces   d’ironie   sont   visibles.

  L’adjectif   «   fameux   »   (qui   signifie   r éput é ) est  également ironique (il n’est pas r éput é  pour son humanit é mais il l’est pour son inhumanit é). Le cale çon «   de   toile   »  évoque pour le lecteur du XVIIIe si ècle le fait que la toile servait  à emballer la marchandise   ! [Contre les doctrinaires de l’Optimisme]  En outre cet extrait par le biais de l’argumentation indirecte permet d’aller  à. »

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