commentaire littéraire candide
Publié le 27/10/2012
Extrait du document
«
question de Candide (« eh mon Dieu...
», mais surtout les larmes qui permettent de clore l’extrait : profondément touch é, Candide
fait de cet esclave, « son » n
ègre, c’est àdire un ami, il lui donne une valeur (et non un prix), il en fait un élément de sa prise de
conscience des injustices du monde : le n
ègre n’est plus un objet simplement utile à cultiver les propri étés des riches europ éens. Nous
avons
également une absence de haine chez l’esclave qui d émontre les injustices sociales. L’absence de haine, de r évolte de la part de
ce « n
ègre » maltrait é est d û à l’influence des discours religieux et à la cr édulit é de ses parents (sa m ère en particulier) qui per çoit
cette injustice comme une normalit
é. Tout converge dans l’id ée que l’esclave est un être soumis : le n ègre de Surinam est « é tendu par
terre » (l.1), puis d
éclare à Candide « J’attends mon ma ître » (l.45). Quand il cite les propos de sa m ère, ceuxci d évoilent la relation
inf
ériorit é / sup ériorit é entre les noirs et les blancs : « tu as l’honneur d’ être esclave de nos seigneurs les Blancs » (l.13) : les deux
substantifs appos
és « seigneurs les Blancs » connotent la soumission des n ègres par rapport aux « Blancs » consid érés comme des
ê
tres puissants. Les mutilations, comme l’explique la victime ont deux origines : l’accident et la r épression. Pour éviter la gangr ène,
le ma
ître ampute la main accident ée, en guise de ch âtiment pour s’ être enfui, c’est la jambe qui est coup ée. La phrase du n ègre « je me
suis trouv
ée dans les deux cas » (l.910) symbolise la r ésignation de cet homme : elle ne contient aucune intention de se plaindre. Ses
paroles sont en effet marqu
ées par un respect du blanc instinctif (il r épond un « oui monsieur » à Candide plein de politesse) mais
surtout par une grande fatalit
é. On note l’anonymat d’un syst ème f éroce qui agit (le « on » ind éfini dans « on nous donne, on nous
coupe » ne fait que constater la brutalit
é en la r épétant car le verbe couper est utilis é 2 fois).
[Transition]
Si ce texte d
écrit et t émoigne de la barbarie des esclavagistes, la voix de Voltaire se dissimule dans cette fiction pour
d
énoncer de mani ère virulente non seulement l’horreur de l’esclavage mais aussi ceux qui c èdent face à cette abomination.
[II.
Le réquisitoire d’un philosophe des Lumières]
En tant que philosophe des Lumi
ères, Voltaire s’insurge contre toutes formes d’oppression et pr ône le droit pour tout
homme au bonheur et
à la libert é. Le t émoignage de l’esclave devient un moyen pour Voltaire d’ écrire implicitement un r équisitoire.
[a) la voix de l’auteur derrière les paroles de l’esclave : ironie]
En effet la voix de l’auteur se cache certainement derri
ère les propos de l’esclave par le biais de l’humour voire de
l’ironie. Deux niveaux de langage s’entrem
êlent en effet : le langage courant et le langage soutenu et ce, dans la parole de l’esclave.
Nous savons tr
ès bien que les « n ègres » étant consid érés comme inf érieurs et soumis aux Blancs, ne pouvaient acc éder à une certaine
é
ducation. Or, le discours que tient l’esclave para ît bien argumentatif : nous pouvons relever la pr ésence de connecteurs logiques
« Cependant » (l.10), « Or » (l.19). Ces connecteurs logiques appartiennent au registre de langue soutenu tout comme le vocabulaire
riche utilis
é par le n ègre : « le fameux n égociant » (l.5), « g énéalogistes » (l.17), « pr êcheurs » (l.17). De plus la progression de son
discours argumentatif fonctionne
à partir d’un raisonnement inductif : il passe sans cesse de l’exemple au constat.
D’abord il
explique les tortures inflig
ées aux esclaves pour constater ensuite de mani ère ironique : « C’est à ce prix que vous mangez du sucre en
Europe » (l.10). De plus il rapporte les propos de la m
ère « et tu fais par l à la fortune de ton p ère et ta m ère.
» (l.1314) pour en
relever tout le paradoxe ensuite à
travers le constat suivant : « H élas ! je ne sais pas si j’ai fait leur fortune, mais ils n’ont pas fait la
mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous.
» (l.1415). Les discours religieux sont
tourn
és également en d érision et leur hypocrisie est d énonc ée quand le n ègre explique : « les f étiches hollandais qui m’ont converti me
disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d’Adam, blancs et noirs.
» (l.1517) Ces discours religieux affirment
l’existence de l’
égalit é entre les hommes, or cette r ègle n’est pas respect ée par la soci été comme le constate encore juste apr ès le n ègre :
« Je ne suis pas g
énéalogiste, mais si ces pr êcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germain. Or vous m’avouerez qu’on
ne peut pas en user avec ses parents d’une mani
ère plus horrible » (l.1719). Le champ lexical de la religion (« mon dieu », « b énis »,
« seigneur », « Adam », « f
étiches ») permet de mettre en lumi ère les contradictions entre les fondements de la religion et le traitement
des noirs.
Ainsi l’expression « f
étiches hollandais» pour d ésigner le culte chr étien met sur le m ême plan la religion africaine et la
religion des europ
éens et permet à Voltaire de d énoncer sans le montrer la responsabilit é de l’Eglise catholique vis àvis de la traite
n
égrière.
Les pr êtres tiennent un discours hypocrite avec les esclaves en leurs disant que tous les hommes viennent d’Adam.
Pourtant, ils ne subissent pas tous les m
êmes traitements.
N’oublions pas que la censure s’exerce sur le moindre des écrits des
philosophes ! L’expression « tous les dimanches » insiste sur la r
épétition donc sur l’ évang élisation forc ée.
L’ironie utilis é dans ce
texte est pr
ésent jusqu’au choix des patronymes par Voltaire à commencer par le nom du n égociant « M.
Vanderdendur » : les
consonances hollandaises font ressortir la brutalit
é de cet être mais aussi les deux « qualit és » du ma ître : Vanderdendur est celui qui
vend et celui qui a la dent dure (le n
égoce et la maltraitance).
D’autres traces d’ironie sont visibles.
L’adjectif « fameux » (qui
signifie r
éput é ) est également ironique (il n’est pas r éput é pour son humanit é mais il l’est pour son inhumanit é). Le cale çon « de
toile »
évoque pour le lecteur du XVIIIe si ècle le fait que la toile servait à emballer la marchandise !
[Contre les doctrinaires de l’Optimisme]
En outre cet extrait par le biais de l’argumentation indirecte permet d’aller
à.
»
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