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Commentaire de texte Correspondances : Fleurs du Mal - « Spleen et Idéal » (Baudelaire)

Publié le 17/06/2011

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baudelaire

Ce sonnet est le premier des quarante trois sonnets que comporte le recueil des Fleurs du Mal, paru en 1857. C’est donc une forme à laquelle le poète aime s’adonner. Il appartient également à la première des cinq parties de cet ensemble intitulé « Spleen et Idéal «. Son titre, « Correspondance «, n’a rien d’original à une époque où les romantiques avaient mis en évidence l’existence d’un langage de la Nature, passant par des symboles, dénommés « correspondances « et où bien des penseurs et des écrivains la correspondances entre les sens, l’imagination et les autres facultés intellectuelles. Pourtant, quelle révélation distincte et originale nous transmet ici Baudelaire ? Il nous révèle d’abord que la Nature parle à l’homme en une langue mystérieuse. Puis, que cette langue se fonde sur la relation entre tous les éléments de l’univers. La mission du poète, dit il peut être de nous initier. Le premier quatrain commence par une affirmation en manière de présent de vérité générale: « la Nature est un temple «. La Nature est donc un lieu de culte qui parle. La Nature est une entité sacrée. Cette particularité est soulignée grâce à la majuscule qui la transforma en une sorte d’allégorie et grâce à la désignation « temple «. D’autres aspects concordent à cette sacralisation : les « piliers « évoquent une cathédrale ; des éléments appelés « symboles « la peuplent, avec ce nom au pluriel qui rappellent les symboles propres aux religions. La mention de « l’unité « de cet ensemble suggère que la Nature a un ordre et un sens. L’adjectif « ténébreuse « comporte une connotation religieuse tandis que le vocable clarté, antithétique de « nuit « et des ténèbres évoquées, est souvent associée à la notion de vérité supérieure d’origine divine. Enfin, le rythme même des vers donnent une impression de grandeur comme celui des vers 5 à 7, lié aux enjambements de la phrase du deuxième quatrain qui placent en rejet les compléments « comme «, « dans, et l’apposition « vaste «, ce qui produit un effet également solennel. Or, cette entité parle. En effet, le Nature est animée, donc vivante ; des « vivants piliers/laissent sortir des confuses paroles «. Cette vie est accentuée par la place de la locution verbale « laisse[r] sortir «, mise en valeur, qui confère une action aux éléments naturels ici personnifiés. Elle se traduit par l’émission de la langue et de « paroles « qui s’entendent à travers des symboles et des « échos «. Le premier terme, au pluriel indique une quantité de signes visibles rapportant à des réalités invisibles, alors que les « échos « ont à voir avec des sons qui se répercutent après avoir été émis, des appels répétés. Ainsi, Baudelaire souligne que cette langue est omniprésente mais n’est pas directement accessible, d’où la présence de l’adjectif « confuses « et de sa reprise lexicale avec le verbe « se confondent «. Les assonances en voyelle « on « dans le deuxième quatrain font entendre ces paroles en écho, en une sorte d’harmonie initiative, mais en marquant la difficile intelligibilité. Face à cette Nature transcendante, la stature de l’homme est présentée comme réduite. En effet, il y a une minuscule à « homme « en opposition au N majuscule de « Nature «. Il est objet et non sujet de l’action aux vers 3 et 4. Ainsi, le verbe « observent « au vers 4, et mis en valeur par son rejet. Ici, les « symboles « sont acteurs et l’être humain subit. De plus, l’emploi du verbe « passer « pour le caractériser semble symboliser son caractère éphémère. Enfin, « l’homme « se voit attribuer le singulier, tout comme « l’esprit « au vers 14, alors que les éléments issus de la Nature sont présentés au pluriel. Par opposition à lui, la Nature s’affirme comme une « unité « qui réunit une multitude de composants comme des « piliers «, des « échos «, des « forêts «, des « parfums «, des « couleurs «, et des « sons « Cette relation apparait donc, telle que la dessine le poète, comme une opposition. Pourtant, à la fin du deuxième quatrain, une communication apparait : « les parfums, les couleurs et les sons se répondent «, indiquée par la force du verbe « se réponde[nt] «. Comment cette communication peut elle touchée l’homme ? Le premier tercet reprend sous l’aspect d’une affirmation et de la vérité générale l’idée des « parfums « mais cette fois de telle manière et avec de telles images qu’ils apparaissent liés à l’expérience humaine : c’est la comparaison « comme des chairs d’enfants « ou leur personnification en des parfums « corrompus, riches et triomphants «, qui les rend semblables aux femmes et aux hommes qui les portent. Baudelaire, par des métaphores alliant le concret et l’abstrait comme celle des « piliers « ou des « forets « met à la hauteur de la perception humaine la grandeur sacrée de la Nature. Ces métaphores permettent en effet d’imaginer la Nature telle qu’elle parait au poète. Par les termes « forets de symbole « le poète fait comprendre que le monde visible est rempli de signes perspectibles qui doivent faire accéder l’imagination humaine à la connaissance de l’invisible. Il a recours à de nombreux champs lexicaux comme celui du regard avec le verbe « observer = «, le groupe nominal « regards familiers « où l’adjectif qualificatif exprime la connaissance que la Nature a de l’humain. Baudelaire utilise également la synesthésie, c'est-à-dire le mélange des sens avec l’adjectif « frais « au vers 9 qui exprime à la fois le toucher, la vue et l’odorat. Baudelaire ne se contente pas de nous faire sentir l analogie entre les éléments naturels et nos sensations. Il en crée une en exploitant les ressources musicale du sonnet, de l’alexandrin et des mots eux même. Au début, en effet, il y a des allitérations en « k «, « d « et « t « ainsi que des assonances avec les sons « a «, « o «, « on « ou « eu «. Cela permet de souligner la langue confuse de la Nature. Dans les tercets, il utilise une allitération en « r «, des assonances en « ai «, qui s’opposent à celle en « om «. Le poète traduit ainsi la diversité des parfums .Le rythme du vers 11 est ralenti par la ponctuation et les deux coupes, pour donner une impression d’intensité, de volupté. C’est donc par la force de sa création que Baudelaire nous rend sensible aux correspondances et nous éveille à ce langage, présenté comme mystérieux. L’enjeu de ce poème semble être de nous faire comprendre le bien fondé de cette conviction : la Nature communique avec l’homme d’une manière cachée, mais réelle et essentielle. Avec le présent de vérité générale, les quatrains semblent exposer cette conviction comme une sorte de théorie. Mais ils l’exposent sans l’intervention directe du poète : sa présence est implicite. Ensuite, les tercets en présentent la mise en application, l’illustration à la portée de l’être humain. Le titre même, avec l’absence de déterminant, nous indiquait déjà que Baudelaire ne prétendait pas reformuler une théorie mais en proposer des exemples. Il s’agit en fait de nous faire découvrir l’art qu’il déploie et l’existence d’une autre réalité que celle de notre quotidien. Baudelaire révèle que la mission du poète est celle d’un nouvel Orphée. Comme Orphée, le poète joue et révèle la musique de l’univers en décelant la capacité des mots et des choses à nous transporter ailleurs, d’où le terme « transport « au vers 14, qui évoque un mouvement intérieur et puissant, déclenché par une forte sensation. Mais, d’après la tournure de ce vers, ce n’est plus la poète qui chante mais les parfums, personnifiés par le verbe « chantent «. Elles communiquent au poème leur musique. Le poète s’efface alors derrière la puissance qu’il vient de créer. Au ver 11, le poète désigne les parfums « corrompus comme ceux qui mènent aux « choses infinies «. Cela apporte une révélation extraordinaire : celle que le mal désigné indirectement, permet de dépasser les bornes du réel et d’atteindre l’infini. Il délivre une conviction paradoxale : ce n’est pas l’innocence mais le Mal qui mène sur la voie de l’infini. Il nous fait comprendre que le réel et la condition humaine sont les champs d’expérience du Bien et du Mal, tandis que la Beauté, idéal cher au poète, nait de l’expérience du Mal. D’une théorie, Baudelaire fait un art poétique fondateur. Il affirme le rôle capital du poète et sa conception du monde. Ce faisant, il se distingue radicalement des poètes romantiques dont il semble, au départ, reprendre la théorie. En effet, par l’expression « les couleurs étaient aussi lumière et mélodie «, Honoré de Balzac montre qu’il défend, lui aussi cette théorie de correspondances.   

baudelaire

« du verbe « se réponde[nt] ».

Comment cette communication peut elle touchée l’homme ? Le premier tercet reprendsous l’aspect d’une affirmation et de la vérité générale l’idée des « parfums » mais cette fois de telle manière etavec de telles images qu’ils apparaissent liés à l’expérience humaine : c’est la comparaison « comme des chairsd’enfants » ou leur personnification en des parfums « corrompus, riches et triomphants », qui les rend semblablesaux femmes et aux hommes qui les portent.Baudelaire, par des métaphores alliant le concret et l’abstrait comme celle des « piliers » ou des « forets » met à lahauteur de la perception humaine la grandeur sacrée de la Nature.

Ces métaphores permettent en effet d’imaginer laNature telle qu’elle parait au poète.

Par les termes « forets de symbole » le poète fait comprendre que le mondevisible est rempli de signes perspectibles qui doivent faire accéder l’imagination humaine à la connaissance del’invisible.

Il a recours à de nombreux champs lexicaux comme celui du regard avec le verbe « observer = », legroupe nominal « regards familiers » où l’adjectif qualificatif exprime la connaissance que la Nature a de l’humain.Baudelaire utilise également la synesthésie, c'est-à-dire le mélange des sens avec l’adjectif « frais » au vers 9 quiexprime à la fois le toucher, la vue et l’odorat.Baudelaire ne se contente pas de nous faire sentir l analogie entre les éléments naturels et nos sensations.

Il encrée une en exploitant les ressources musicale du sonnet, de l’alexandrin et des mots eux même.

Au début, en effet,il y a des allitérations en « k », « d » et « t » ainsi que des assonances avec les sons « a », « o », « on » ou « eu ».Cela permet de souligner la langue confuse de la Nature.

Dans les tercets, il utilise une allitération en « r », desassonances en « ai », qui s’opposent à celle en « om ».

Le poète traduit ainsi la diversité des parfums .Le rythme duvers 11 est ralenti par la ponctuation et les deux coupes, pour donner une impression d’intensité, de volupté.C’est donc par la force de sa création que Baudelaire nous rend sensible aux correspondances et nous éveille à celangage, présenté comme mystérieux.

L’enjeu de ce poème semble être de nous faire comprendre le bien fondé decette conviction : la Nature communique avec l’homme d’une manière cachée, mais réelle et essentielle.Avec le présent de vérité générale, les quatrains semblent exposer cette conviction comme une sorte de théorie.Mais ils l’exposent sans l’intervention directe du poète : sa présence est implicite.

Ensuite, les tercets en présententla mise en application, l’illustration à la portée de l’être humain.

Le titre même, avec l’absence de déterminant, nousindiquait déjà que Baudelaire ne prétendait pas reformuler une théorie mais en proposer des exemples.

Il s’agit enfait de nous faire découvrir l’art qu’il déploie et l’existence d’une autre réalité que celle de notre quotidien.

Baudelairerévèle que la mission du poète est celle d’un nouvel Orphée.Comme Orphée, le poète joue et révèle la musique de l’univers en décelant la capacité des mots et des choses ànous transporter ailleurs, d’où le terme « transport » au vers 14, qui évoque un mouvement intérieur et puissant,déclenché par une forte sensation.

Mais, d’après la tournure de ce vers, ce n’est plus la poète qui chante mais lesparfums, personnifiés par le verbe « chantent ».

Elles communiquent au poème leur musique.

Le poète s’efface alorsderrière la puissance qu’il vient de créer.Au ver 11, le poète désigne les parfums « corrompus comme ceux qui mènent aux « choses infinies ».

Cela apporteune révélation extraordinaire : celle que le mal désigné indirectement, permet de dépasser les bornes du réel etd’atteindre l’infini.

Il délivre une conviction paradoxale : ce n’est pas l’innocence mais le Mal qui mène sur la voie del’infini.

Il nous fait comprendre que le réel et la condition humaine sont les champs d’expérience du Bien et du Mal,tandis que la Beauté, idéal cher au poète, nait de l’expérience du Mal.D’une théorie, Baudelaire fait un art poétique fondateur.

Il affirme le rôle capital du poète et sa conception dumonde.

Ce faisant, il se distingue radicalement des poètes romantiques dont il semble, au départ, reprendre lathéorie.

En effet, par l’expression « les couleurs étaient aussi lumière et mélodie », Honoré de Balzac montre qu’ildéfend, lui aussi cette théorie de correspondances.. »

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